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== Rejet de la notion de sujet ==
 
L'obscurité de la notion de sujet est étonnante : c'est nous le sujet - croyons-nous - et nous ne sommes pourtant pas capables d'en produire une description claire et évidente. Ce peut-il que cette déficience soit l'expression d'une illusion ? Nous ne parvenons pas à élucider complètement la notion de sujet parce que le sujet n'existe pas véritablement et que sa notion n'est qu'un mot, un mot qui ne se réfère à rien de réel. Examinons cette dernière thèsehypothèse.
 
Le point de départ est que le sujet n'existe pas, et que nous n'avons fait jusqu'ici que tenter de construire une notion. Nous commencerons par examiner ce que peut vouloir dire la phrase ''le sujet n'existe pas'' dans tous les domaines qui intéressent la philosophie et nous l'illustrerons ensuite pour bien faire comprendre de quoi il retourne dans ce problème.
 
En premier lieu, si le sujet n'existe pas, il serait alors absurde de conserver les notions morales qui s'y rattachent : en tant que l'individu est un sujet, nous avons ditsupposé qu'il est libre, capable de répondre de ses actes et doté d'une dignité inhérente et inaliénable. Mais s' il n'y a pas de sujet ; alors l'individu n'est donc pas un sujet.
 
L'individu, l'être humain en général, n'est donc ni libre, ni responsable de ses actes et il ne possède aucune dignité au sens où la notion de sujet permettait de lui en attribuer de manière essentielle toutes ces qualités. Considérons les conséquences de cette réfutation '''anti-humaniste''' du sujet.
 
*Si le sujet n'existe pas, l'homme n'est pas libre : cela signifie qu'il n'est pas la cause de ses actes et de ses pensées :
**la volonté, en tant que faculté de se déterminer soi-même d'après des principes rationnelles, est donc également une notion dénuée de sens. L'homme n'a pas de volonté même s'il peut avoir des volitions (cf Spinoza).
**la pensée n'appartient pas à un sujet. L'homme ne pense pas en vertu d'une faculté, et il n'est pas forcément libre de penser ce qu'il pense mais il subit ses pensées.
*Si le sujet n'existe pas, il n'est pas responsable de ses actes : l'individu ne peut donc avoir aucun mérite ni ne peut être blâmé. L'homme n'est pas alors essentiellement un être moral.
*Si le sujet n'existe pas, il n'y a pas de dignité humaine : l'existence humaine n'a donc pas de "valeur en soi". Elle n'a pas de valeur morale ou juridique qui lui soit naturellement et surtout inconditionnellement attachée.
 
Pour faciliter la compréhension des conséquences d'un rejet de la notion de sujet, nous donnerons maintenant quelques exemples :
 
L'individu n'est pas libre. Il faut donc qu'il soit déterminé par quelques autres causes que ce que l'on nomme sa volonté. Mais nous ne voyons pas alors d'autre causalité que celle des lois de la nature. Ainsi, tout homme est-il un être essentiellement déterminé par la nature. Il n'y a pas de transcendance humaine. Il faut donc que l'être humain ne soit qu'un être biologique et vivant en société, être que l'on peut intégralement étudier par les sciences ([[w:physiologie|physiologie]], [[w:neurophysiologie|neurophysiologie]], [[w:théorie de l'évolution|théorie de l'évolution]], [[w:sociologie|sociologie]], etc.). Il n'y a pas d'autre explication disponible du phénomène humain qu'une explication "naturaliste" ou "déterministe".
 
L'individu n'est pas reponsableresponsable. Ses crimes ne peuvent lui être justement imputés comme s'il en était le véritable auteur. Tout homme est innocent de ses crimes. Mais aussi, en un sens contraire, personne n'est vraiment responsable de ses talents, de sa réussite, etc.
 
L'individu n'a pas de dignité. Sa valeur morale est alors imaginaire et il n'a pas de droit naturel. Par exemple, les droits de l'homme sont des droits qui ne portent sur rien d'autre qu'une fiction de l'homme. L'esclavage n'est condamnable ni moralement ni juridiquement (pour ce qui concerne le droit naturel), et la torture ne l'est pas plus. La soumission des femmes, par une société ou une religion, n'est pas plusdavantage répréhensible. Pas plus que l'homme, la femme n'a de valeur spécifique, et l'usage de la force pour asservir les femmes à un ordre contraignant, quel qu'il soit, n'est qu'un simple fait naturel.
 
Mais les conséquences de cette pensée ne s'arrêtent pas là. Si la notion de sujet est vide ou inintelligible, elle n'en existe pas moins en tant que pensée. Mais c'est une pensée qui ne réfère à rien d'extérieur. D'où vient alors cette idée ?