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En tant que réalité vraie, immuable et universelle, une forme est toujours indépendante de la pensée : elle peut être l'objet d'un savoir, mais elle existe de toute nécessité en dehors de nous, sans quoi elle ne serait que subjective, c'est-à-dire relative à un sujet, et donc changeante, particulière et dépendante de nos opinions. On ne saurait donc qualifier la pensée de Platon d'idéalisme.
 
Une forme détermine des choses sensibles, c'est-à-dire que, si une chose est belle, c'est par la forme du Beau qui est présente d'une certain façon dans le sensible, ou qui s'ajoute aux choses pour les déterminer. Cette conception du lien entre forme et choses sensibles introduit un rapport de causalité et de ressemblance appelé ''participation''. La participation d'une chose sensible à une forme signifie que la chose sensible reçoit une qualité d'une forme : cette dernière est donc la cause de la présence de la qualité dans la chose et cette présence rend le sensible ressemblant à la forme. Ce problème est abordé plus en détails dans la section ''Participation''.
 
Les qualités déterminées dans le sensible par les formes peuvent-être morales (beau, bien), définir un vivant (homme, cheval) ou être de nature mathématique (grandeur).
 
La première chose que l'on peut remarquer, à propos de cette théorie, est sans doute que la signification du mot ''forme'' ne nous donne pas de manière très claire une idée de ce qu'est une réalité de ce genre. Platon n'en a de fait pas donné de définition, mais présente sa théorie comme une hypothèse. C'est en la considérant comme telle que l'on en aperçoit l'intérêt. Tout d'abord, l'immuabilité garantit la stabilité de la connaissance, alors que le monde sensible, qui est un flux perpétuel, ne nous permet que de former des opinions, dont rien ne nous dit de manière assurée qu'elles puissent être vraies ou fausses. Ensuite, l'universalité permet de rassembler sous un seul terme les ressemblances que présentent les choses. Sur ces bases, il devient possible de produire un discours vrai, dans la mesure où ce discours traduit la connaissance par l'âme, et, plus précisément, par l'intellect, de ces réalités que l'on appelle de ce fait des ''réalités intelligibles''. La théorie des formes, comme ontologie (c'est-à-dire en répondant à la question de savoir ce qui est) permet donc de définir le savoir et d'expliquer comment nous connaissons, c'est-à-dire qu'elle constitue également une épistémologie : la connaissance naît en effet du contact de l'âme avec la réalité intelligible qu'est la forme. L'aspect affectif de cette connaissance est l'''amour'' (voir cette section).
 
Enfin, pour ce qui regarde la morale, l'existence d'une forme telle que le bien présente de manière évidente un caractère normatif : il y a en effet des normes immuables et éternelles, et ses normes, opposées à la tradition et au conventionnalisme, doivent gouverner les conduites humaines individuelles et collectives. Cette fondation éthique est également politique, puisque la justice d'une cité dépend de la forme du juste. Mais puisqu'il faut connaître cette forme pour être juste et pour pouvoir gouverner une cité selon la justice, alors ce sont ceux dont l'âme est parvenue à la contemplation des réalités intelligibles, c'est-à-dire les philosophes, qui doivent gouverner.