« Grec ancien/La médecine » : différence entre les versions

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[[Image:AchillesMedicine Patroclusaryballos BerlinLouvre F2278CA1989-2183.jpg|thumb|right|280px300px|[[Achille]]Médecin pansanttraitant [[Patrocle]]un patient, [[Kylix (vase)|kylixaryballe]] à figures rouges du peintrePeintre de Sôsiasla Clinique, v. [[-500480|5004!0]]-[[-470|470 av. J.-C.]], Staatliche[[musée Museendu de [[BerlinLouvre]]]]
 
Probablement inspirée par la [[Médecine en Égypte antique|médecine égyptienne]], la '''[[médecine]]''' en '''[[Grèce antique]]''' est censée remonter à l'[[Homère|époque homérique]]. Elle ne prend toutefois son véritable essor qu'au {{Ve siècle av. J.-C.}} avec [[Hippocrate]].
 
== Médecine et [[épopée]] ==
[[Image:Achilles Patroclus Berlin F2278.jpg|thumb|left|220px|[[Achille]] pansant [[Patrocle]], [[Kylix (vase)|kylix]] à figures rouges du peintre de Sôsias, v. [[-500|500 av. J.-C.]], Staatliche Museen de [[Berlin]]]]
 
''[[L'Iliade]]'' cite pour médecins les guerriers achéens [[Machaon (mythologie)|Machaon]] et [[Podalire]], deux fils d'[[Asclépios]], dieu de la médecine, ainsi que le dieu [[Péan]], médecin des dieux. Le premier est chargé notamment de soigner [[Ménélas]]<ref>{{HomIli|compact}} (IV, 188-219).</ref>, atteint d'une [[flèche (arme)|flèche]]. Il commence par examiner ({{grec ancien|ἰδεῖν}} / ''ideĩn'', littéralement « voir ») le malade puis retire la flèche, déshabille le blessé, suce le sang de la plaie et applique des médicaments ({{grec ancien|φάρμακα}} / ''phármaka'') sur lesquels nous n'avons pas de précision, si ce n'est qu'ils ont été offerts par le [[centaure]] [[Chiron (mythologie)|Chiron]] à Asclépios, lequel les a transmis à Machaon. Pour expliquer la part plus grande accordée à celui-ci par rapport à son frère, les [[scholie]]s exégétiques du vers 193 estiment qu'Homère voit en Machaon un [[chirurgie]]n, son frère étant simple médecin<ref>G.S. Kirk, ''The Iliad: a Commentary'', Cambridge University Press, 1985, p. 251, note aux vers 193-194.</ref> : son nom viendrait de {{grec ancien|μάχαιρα}}, « couteau ». Péan soigne de même [[Hadès]]<ref>''L'Iliade'' (V, 400-401).</ref>, atteint d'une flèche lancée par [[Héraclès]] : il répand sur la plaie des médicaments (''pharmaka'') dont on précise cette fois qu'ils sont [[analgésique]]s ({{grec ancien|ὀδυνήφατα}} / ''odynếphata'').
 
''[[L'Odyssée]]'' connaît pour sa part des médecins de profession : le porcher [[Eumée]] cite le médecin ({{grec ancien|ἰατήρ}} / ''iatếr'', littéralement « celui qui soigne ») comme faisant partie des « artisans qui rendent service à tous<ref>{{HomOdy|compact}} (XVII, 383-385).</ref> », à l'instar du couvreur ou de l'[[aède]], mais aussi du [[devin]]. Ailleurs<ref>''L'Odyssée'' (IV, 231-232).</ref>, le poète rend hommage à la [[Médecine en Égypte antique|science médecinale des Égyptiens]], qu'il qualifie de « fils de Péan ».
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== Médecine et religion ==
 
[[Image:NAMA-Asklepios Epidaure.jpg|thumb|leftright|180px|[[Asclépios]] appuyé sur son [[caducée]], statue découverte à l'Asklépieion d'[[Épidaure]], [[Musée national archéologique d'Athènes]]]]
 
Le titre de médecin ne faisant l'objet d'aucun contrôle, n'importe qui peut se faire passer pour tel. Il existe donc nombre de guérisseurs dont les remèdes reposent sur des pratiques [[Magie (surnaturel)|magiques]] ou [[religion grecque antique|religieuses]].
 
De manière générale, les cultes guérisseurs ont pour caractéristique d'être situés hors des villes : développés de manière tardive, ils s'implantent à la marge<ref>Jean-Marie André et Françoise Baslez, ''Voyager dans l'Antiquité'', Fayard, 1993 {{ISBN|2-213-03097-9}}, p.&nbsp;22-23.</ref>. Ainsi, Asclépios est d'abord vénéré à [[Trikka]], en [[Thessalie]], puis en pleine campagne près d'Épidaure. À [[Corinthe]] comme à [[Athènes antique|Athènes]], [[Délos]] ou [[Cos]], le dieu s'installe à l'écart de l'agglomération. La visite au sanctuaire nécessite donc une excursion. Autre caractéristique, les sanctuaires sont souvent liés à une source ou une rivière dont les eaux possèdent des vertus bienfaisantes.
 
La plupart du temps, le dieu guérisseur agit par « incubation » : c'est le cas d'[[Asclépios]] à [[Épidaure]] ou [[Athènes]], ou d'[[Amphiaraos]] à [[Oropos]] et [[Thèbes (Grèce)|Thèbes]]. Le rituel commence pour le malade par un bain de purification, suivi par un sacrifice relativement modeste et donc accessible à tous. À Épidaure, le patient doit également entonner un [[péan]] en l'honneur d'[[Apollon]] et d'Asclépios. Ensuite, le pélerin s'endort sous le portique sacré ({{grec ancien|ἅϐατον}} / ''ábaton'') — au moins à Oropos, Pergame et Épidaure, chaque sexe possède son propre portique<ref>Brigitte Le Guen-Pollet, ''La Vie religieuse dans le monde grec du {{Ve}} au {{sav|III|e}}'', Presses Universitaires du Mirail, 1991, n° 40, p. 132.</ref>. Les plus chanceux bénificientbénéficient pendant leur sommeil d'une apparition du dieu ; en touchant la partie malade du corps, celui-ci la guérit. Le dieu peut également se contenter de dicter au patient une liste de médicaments que celui-ci s'empressera de se procurer une fois réveillé. Les stèles retrouvées à Épidaure, sortes d'[[ex-voto]], montrent qu'Asclépios guérit toutes sortes de maladies : il traite les [[ulcère]]s tout autant qu'il rend la vue aux [[cécité|aveugles]]. Le traitement n'est pas gratuit : ainsi, à Oropos, le malade doit jeter une pièce d'or ou d'argent dans la source sacrée<ref>''Inscriptiones Græcæ'', IV, 1, 2{{e}} édition, 121, 33-41. Cité par André et Baslez, ''Voyager dans l'Antiquité'', Fayard, 1993, p.&nbsp;268.</ref>.
 
Les stèles retrouvées à Épidaure, sortes d'[[ex-voto]], montrent qu'Asclépios guérit toutes sortes de maladies : il traite les [[ulcère]]s et guérit la [[maladie de la pierre]] tout autant qu'il rend la vue aux [[cécité|aveugles]]. « Il y en aurait eu bien plus », commente [[Diogène]] au sujet d'une autre divinité guérisseuse, « si elles avaient été offertes par ceux qui n'ont ''pas'' été sauvés<ref>[[Diogène Laërce]] (VI, 59). Cité par E.&nbsp;R. Dodds, ''Les Grecs et l'irrationnel'', Flammarion, coll. « Champs », Paris, 1977 (1{{re}} édition 1959) {{ISBN|2-08-081028-6}}</ref>, p.&nbsp;118. » Sans doute les patients non guéris attribuaient-ils cet échec au caractère insondable de la volonté du dieu.
[[Image:Votive relief Asklepios BM809.jpg|thumb|right|180px|Relief votif dédié à [[Asclépios]] et [[Hygie]] en remerciement de la guérison d'une jambe, v.&nbsp;[[100]]-[[200]] ap. J.-C., [[British Museum]]]]
 
Le traitement n'est pas gratuit : ainsi, à Oropos, le sanctuaire réclame une {{grec ancien|ἐπαρχή}} / ''eparkhế'' ou taxe de consultation à tout visiteur désirant se faire soigner. Une fois son dû acquitté — une drachme béotienne au début du {{IVe siècle av. J.-C.}}, ce dernier reçoit une lamelle de plomb avec l'inscription : « sancutuaire d'Amphiaraos — santé »<ref>Le Guen-Pollet, ''op. cit.'', n° 76, p. 207.</ref> —, qui lui sert de ticket d'entrée. Un néocore (sacristain) surveille que les patients ne resquillent pas.
Certaines des « ordonnances » dictées par le dieu ont été conservées et permettent de mieux comprendre les guérisons attestées par les ex-voto. D'abord, il faut souligner que le rituel mêle savamment suggestion et mise en scène. Ensuite, le dieu ordonne généralement des remèdes simples (cataplasmes, tisanes) et prodigue des conseils d'hygiène de vie : nécessité de faire de l'exercice (sport et promenade), régulation du régime alimentaire. Enfin, le volet religieux à proprement parler est généralement assorti d'une véritable [[thermalisme|cure thermale]], comprenant bains et frictions<ref>''Ibid.'', p. 267-281.</ref>.
 
[[Image:Votive relief Asklepios BM809.jpg|thumb|rightleft|180px170px|Relief votif dédié à [[Asclépios]] et [[Hygie]] en remerciement de la guérison d'une jambe, v.&nbsp;[[100]]-[[200]] ap. J.-C., [[British Museum]]]]
Les [[maladie mentale|troubles mentaux]] sont également guéris par des pratiques [[catharsis|cathartiques]]. Ainsi, le [[chœur (théâtre)|chœur]] dans l’''[[Hippolyte porte-couronne]]'' d'[[Euripide]]<ref>''Hippolyte porte-couronne'' (v.&nbsp;141-150).</ref> distingue trois types d'« égarement ». L'un est de type ''panique'' (associé à [[Pan (mythologie)|Pan]]), l'autre de type ''lunatique'' (associé à [[Hécate]], déesse lunaire), le dernière enfin est associé à [[Cybèle]] et aux [[Corybantes]]. [[Hippocrate]] lui-même reprend ce type de considérations, avec un effort supplémentaire de typologie, dans ''Du mal sacré''<ref>''Du mal sacré'' (I, 6, 360.13).</ref>. La cure consiste généralement en une danse rituelle au son d'une musique dans le mode [[phrygie]]n.
 
Certaines des « ordonnances » dictées par le dieu ont été conservées et permettent de mieux comprendre les guérisons attestées par les ex-voto. D'abord, il faut souligner que le rituel mêle savamment suggestion et mise en scène. Ensuite, le dieu ordonne généralement des remèdes simples (cataplasmes, tisanes) et prodigue des conseils d'hygiène de vie : nécessité de faire de l'exercice (sport et promenade), régulation du régime alimentaire. Enfin, le volet religieux à proprement parler est généralement assorti d'une véritable [[thermalisme|cure thermale]], comprenant bains et frictions<ref>André et Baslez, ''Ibidop. cit.'', p. &nbsp;267-281.</ref>. À Oropos, où aucun témoignage de guérison ne nous est parvenu, les instruments médicaux découverts témoignent de la pratique de la chirurgie<ref>Le Guen-Pollet, ''op. cit.'', n° 40, p. 132.</ref>.
 
Les [[maladie mentale|troubles mentaux]] sont également guéris par des pratiques [[catharsis|cathartiques]]. Ainsi, le [[chœur (théâtre)|chœur]] dans l’''[[Hippolyte porte-couronne]]'' d'[[Euripide]]<ref>''Hippolyte porte-couronne''{{EurHip|compact}} (v.&nbsp;141-150).</ref> distingue trois types d'« égarement ». L'un est de type ''panique'' (associé à [[Pan (mythologie)|Pan]]), l'autre de type ''lunatique'' (associé à [[Hécate]], déesse lunaire), le dernière enfin est associé à [[Cybèle]] et aux [[Corybantes]]. [[Hippocrate]] lui-même reprend ce type de considérations, avec un effort supplémentaire de typologie, dans ''Du mal sacré''<ref>''Du mal sacré'' (I, 6, 360.13).</ref>. La cure consiste généralement en une danse rituelle au son d'une musique dans le mode [[phrygie]]n.
 
En l'espèce, ce n'est pas le rituel qui est adapté à la maladie mais l'inverse : si le malade réagit aux rituels de tel dieu, c'est bien que son mal était envoyé par ce dieu. En l'absence de réaction, on passe au dieu suivant. [[Aristophane]], dans ''[[les Guêpes]]''<ref>''Les Guêpes'' (v.&nbsp;118-124).</ref>, illustre bien l'indifférence des Grecs à la nature du traitement : l'important, c'est qu'il soit eficace. Ainsi, le jeune Bdélycléon essaie de traiter son père successivement par une cure hippocratique (bains et purge), un passage par les Corybantes (traitement par l'[[hypnose]]) puis par une nuit dans le sanctuaire d'Épidaure.
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un ensemble de traités, le « Corpus hippocratique », bien que vraisemblablement il n'ait écrit aucun d'entre eux. Portant sur des sujets variés comme la [[gynécologie]] ou la [[chirurgie]], ils s'étagent en effet de la fin du {{s-|V|e}} jusqu'à l'[[époque hellénistique]] : on estime généralement qu'il s'agit d'une bibliothèque d'école de médecine.
 
L'enseignement qui en ressort apporte trois innovations qui marqueront durablement la médecine occidentale. Premièrement, il écarte les considérations religieuses. Ainsi, l'auteur de ''Sur la maladie sacrée'' entreprend de montrer que l'[[épilepsie]], appelée alors « maladie sacrée », n'est pas « plus divine ou plus sacrée que n'importe quelle autre maladie<ref>Cité par Geoffrey E. R. LLoyd, ''Les débuts de la science grecque, de Thalès à Aristote'', La Découverte, 1990 (1{{re}} édition 1974), ch. 5, p. 69.</ref>. » Sa preuve est simple : la maladie ne s'en prend qu'aux « flegmatiques » (cf. ci-dessous la théorie des humeurs) ; or si la maladie était véritablement une visitation divine, tous devraient pouvoir en être atteints. Si le traité ''Du régime'' reconnaît l'importance des rêves, c'est pour les considérer — en partie — comme des symptômes liés à l'état physiologique du patient : si ce dernier fait des cauchemars à répétition, cela peut témoigner d'un désordre mental. Toutefois, le corpus hippocratique n'est pas totalement exempt de considérations irrationnelles : dans le même traité, l'auteur considère que le rêve est la manifestation symbolique d'un diagnostic que l'âme, pendant le sommeil, pose sur le corps qu'elle habite. Ainsi fait-il se rejoindre [[oniromancie]] et médecine<ref>Dodds, ''op. cit.'', p. 124-125 et 136.</ref>.
 
La médecine hippocratique est donc fondée, de manière générale, sur l'observation et le raisonnement. Les ''Épidémiques'' comprennent ainsi des séries d'observations quotidiennes effectuées par le médecin sur son patient : il commence par décrire précisément les symptômes puis observe jour après jour l'état général (calme, agitation) en veille et pendant le sommeil. Son examen porte aussi sur l'état de la langue, l'urine et les selles. Un effort de rationnalisation est fait : on distingue fièvre tierce ou quarte suivant le rythme observé dans les poussées de fièvre.
 
Deuxièmement, l'enseignement hippocratique tente de se donner un cadre théorique. Le plus connu est la théorie des [[humeur]]s ([[bile|bile jaune]], bile noire ou [[atrabile]], phlegme ou [[lymphe]] et [[sang]]), dont le déséquilibre cause maladie physique mais aussi trouble psychique. On sait que d'autres attribuent la cause des maladies aux déséquilibres entre le chaud et le froid, le sec et l'humide dans le corps. Cependant, d'autres auteurs comme ceux de ''Sur l'ancienne médecine'' ou ''Sur la nature de l'homme'' mettent en garde contre toute tentation de simplification excessive : pour eux, le médecin doit avant tout agir et réfléchir de manière empirique.
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Outre la recherche des grandes causes des maladies, les médecins hippocratiques s'intéressent à des problèmes de nature plutôt théorique, comme la [[croissance biologique]] (comment l'alimentation aboutit-elle à une croissance du corps) et la [[reproduction (biologie)|reproduction]] (comment la semence peut-elle donner naissance à un être complet ?). Sur un plan plus pratique, ils étudient le fonctionnement du corps humain, faisant ainsi considérablement progresser l'[[anatomie]]. Pour ce faire, ils se fondent surtout sur des connaissances cliniques : ainsi, la connaissance des os et des tendons se fonde probablement sur l'étude des [[entorse]]s et autres [[luxation]]s. Les médecins recourent également, dès cette époque, à la [[dissection]], mais la pratique reste très marginale.
 
Enfin, l'enseignement hippocratique repose sur une véritable [[déontologie]] médicale, dontexprimée dans le [[sermenttraité d'Hippocrate]]'Sur estl'ancienne lemédecine'', meilleurles exemple''Aphorismes'' etdu quiCorpus peutet sesurtout résumerle parcélèbre l'adage '[[latinSerment d'Hippocrate]] ''primum non nocere'' (« avant tout, ne pas nuire »).:
 
<blockquote>
« Je ne donnerai jamais de poison à personne, même si l'on m'en demande ; je ne donnerai jamais à une femme de drogues propres à la faire avorter ; en quelque maison que j'entre, j'y viendrai pour le salut des malades, m'abstenant de toute injustice et de tout méfait volontaire, spécialement de toute séduction des femmes et des garçons aussi bien esclaves que libres<ref>Cité par Robert Flacelière, ''La Vie quotidienne en Grèce au temps de Périclès'', Hachette, 1988 (1{{re}} édition 1959) {{ISBN|2-01-005966-2}}, p. 176.</ref>. »
</blockquote>
 
=== La médecine hellénistique ===
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Afin de mieux connaître l'anatomie interne, Hérophile et son contemporain [[Érasistrate]] pratiquent même la [[vivisection]]. D'après le téoignage du médecin romain [[Celse]]<ref>''Sur la médecine'', introduction, § 23 et suivants.</ref>, tous deux examinent la conformation des organes de criminels encore vivants, mis à leur disposition par le roi. Malgré ces progrès, la science anatomique reste limitée puisque Hérophile, semble-t-il, soutient que les [[nerf optique|nerfs optiques]] sont creux.
 
''(à compléter)''
 
=== Galien ===
[[Image:Galenoghippokrates.jpg|thumb|left|280px|Fresque médiévale représentant Galien et Hippocrate, [[Anagni]]]]
 
à [[Pergame]] en [[Asie-129|129 mineureav. J.-C.]], Galien estsuit undes médecinétudes grecde dumédecine {{IIeà siècle}}Smyrne, ap.Corinthe J.-Cet Alexandrie. quiPendant s'estquatre installéou àcinq Rome.ans, Devenuil médecinexerce desauprès de [[gladiateur]]s àet l'âge de 28 ans, il a euacquiert une expérience pratique des traumatismes profonds. SesAprès dissectionsun surbref lesséjour animauxà ontRome, prolongéil sonacquiert savoirune entelle anatomierenommée guidéqu'il est appelé par un[[Marc-Aurèle]] et [[finalismeLucius Verus]] influencécomme parchirurgien des armées. Il devient ensuite médecin personnel de [[PlatonCommode (empereur)|Commode]] et jouit de la faveur impériale jusqu'à la fin de sa carrière.
 
La tradition attribue à Galien un grand nombre de traités, dont seul un petit nombre a survécu. Au travers de ces derniers, il démontre une solide connaissance des travaux de ses prédecesseurs (Hippocrate, Hérophile, Érasistrate, [[Asclépiade]]) mais aussi de [[Platon]] et d'[[Aristote]]. Dans ''Que le meilleur médecin est aussi philosophe'', il souligne la nécessité pour le médecin d'avoir une solide formation de [[logique]] et de biologie théorique. Il s'élève également contre la cupidité de ses collègues, dont la vocation médicale est motivée par l'appât du gain.
Sa thèse sur la circulation du sang fera longtemps autorité. Pour lui, le sang se forme dans le foie après digestion des aliments. Les artères contiennent du sang et non de l'air comme le pensait au {{IVe siècle av. J.-C.}} l'anatomiste [[Érasistrate]]. Le sang artériel, chargé des esprits vitaux, subit un mouvement rythmé qui correspond au [[pouls]]. Galien complète la théorie humorale d'Hippocrate. Il privilégie le cerveau et non le cœur.
 
Ses dissections sur les animaux ont prolongé son savoir en anatomie guidé par un [[finalisme]] influencé par [[Platon]]. Sa thèse sur la circulation du sang fera longtemps autorité. Pour lui, le sang se forme dans le foie après digestion des aliments. Les artères contiennent du sang et non de l'air comme le pensait au {{IVe siècle av. J.-C.}} l'anatomiste [[Érasistrate]]. Le sang artériel, chargé des esprits vitaux, subit un mouvement rythmé qui correspond au [[pouls]]. Galien complète la théorie humorale d'Hippocrate. Il privilégie le cerveau et non le cœur.
 
== Professions médicales ==
 
=== Médecins ===
[[Image:Stamp ointments BM GR1879.9-16.1.jpg|thumb|right|230px|Timbre en pierre pour marquer des ''kollyria'', modèle inscrit en latin mais comparable aux timbres grecs, [[Ier siècle|I{{er}}]]-{{IIIe siècle}} ap. J.-C., [[British Museum]]]]
 
[[Image:Medicine aryballos Louvre CA1989-2183.jpg|thumb|right|320px|Médecin traitant un patient, [[aryballe]] à figures rouges du Peintre de la Clinique, v.&nbsp;[[-480|4!0]]-[[-470|470 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]]]]
 
Les traités qui composent le Corpus hippocratique ne sont pas toujours rédigés par ce que nous appelerions un médecin. [[Aristote]]<ref>''Politique'', III, 11, 11.</ref> reconnaît ainsi trois catégories de personnes habilitées à parler de médecine : le praticien ({{grec ancien|δημιουργός}} / ''dêmiourgós''), le professeur de médecine ou médecin savant ({{grec ancien|ἀρχιτεκτονικός}} / ''arkhitektonikós'') et l'homme cultivé qui a étudié la médecine au cours de son cursus général. Les [[sophisme|sophistes]] prétendent également pouvoir enseigner, entre autres disciplines, la médecine.
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Si les médecins sont souvent des hommes libres, il arrive que des [[esclavage en Grèce antique|esclaves]] apprennent la médecine, soit au contact de leur maître, lui-même médecin, soit sur demande de leur maître qui souhaite bénéficier d'un médecin privé.
 
La formation des médecins se fait la plupart du temps par apprentissage. Les disciples apprennent l'art du [[diagnostic (médecine)|diagnostic]] et du prognostic auprès de leur maître, de même que les actes médicaux : [[saignée]]s, lavements par [[clystère]]s, pose de ventouses mais aussi [[chirurgie|actes chirurgicaux]] comme la [[trépanation]]. D'autres choisissent un cursus plus théorique : ils voyagent dans tout le bassin méditerranéen, fréquentant les différentes écoles de médecine. Ceux qui complètent leur cursus par l'étude des pratiques magiques ne sont pas rares. Ainsi, au {{Ier siècle}} ap. J.-C., le médecin Thessalos, après avoir après la médecine dialectique, se rend-t-il à Diospolis ([[Thèbes (Égypte)|Thèbes]]) pour apprendre les vertus des plantes. Cet apprentissage passe pour lui par l'astrologie et par une consultation d'Asclépios, par l'intermédiaire d'un prêtre égyptien<ref>''Catalogum Astrologorum Græcorum'', VIII, 3, p.&nbsp;113 et suiv. Cité par André Bernand, ''Sorciers grecs'', Hachette, coll. « Pluriel », 1991, p.&nbsp;267.</ref>…
 
Contrairement à l'Égypte, la Grèce ne connaît guère que le médecin généraliste. Ainsi,; ni la chirurgie etni la [[gynécologie]] ne sont pas des spécialités<ref>Anne-Marie Buttin, ''La Grèce classique'', Belles Lettres, coll. « Guide des civilisations », p. 224-225.</ref>. Les écoles de Cos et de Cnide ont tout de même laissé respectivement des traités dans ces deux disciplines. On a cependant connaissance d'[[ophtalmologie|ophtalmologistes]], soignant à bases de [[collyre]]s{{grec ancien|κολλὐρια}} / ''kollúria'', etc'est-à-dire des emplâtres solides, moulés en forme de bâtonnets. Il existe également des dentistes, capables de plomber les [[carie dentaire|dents cariées]]. IlEnfin, existeles égalementarmées comportent des médecins militaires<ref>{{XénAna}}, III, 4, 30.</ref> spécialisés dans le pansage des blessés, et des médecins du sport.
 
==== Médecins publics ====
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[[Image:Decree Stasicypros CdM.jpg|thumb|left|320px|Décret du roi d'[[Idalion]] en faveur du médecin Onasilos et de ses frères, portant règlement d'honoraires pour les soins prodigués aux blessés après le siège de la ville par les [[Mèdes]] ([[-478|478]]-[[-470|470 av. J.-C.]]), [[Cabinet des médailles (BNF)|Cabinet des médailles]]]]
 
Les médecins peuvent exercer à titre privé. Dans ce cas, ils sont généralement itinérants, ce qui leur pose problème pour faire reconnaître d'emblée leurs compétences dans leur ville d'arrivée. Il existe également être médecins publics, payés par la [[polis|cité]] elle-même. Ainsi d'un médecin réputé du début du {{Ve}} siècle, [[Démokédès de Crotone]]<ref>{{HérEnq}}, III, 129-133.</ref> : il fait carrière d'abord à [[Égine (île)|Égine]], puis à [[Athènes antique|Athènes]] et [[Samos]], avant d'être capturé par les [[Perses]] et d'entrer au service du roi [[Darius Ier|Darius I{{er}}]], qu'il guérit d'une affection au pied. En relatant cet épisode de la vie du Grand Roi, Hérodote affirme, pour la première fois dans la littérature grecque, la supériorité de la médecine grecque sur la médecine égyptienne. À Égine, ilDémokédès gagne un [[talent (unité)|talent]] par an dès la seconde année, et à Athènes, cent [[mine (unité)|mine]]s. Une plaque de bronze de la même époque (cf. illustration) nous apprend également qu'un dénommé Onasilos et ses frères sont embauchés par [[Idalion]], à [[Chypre]], pour être médecins publics.
 
Dans la cité [[attique]], la procédure nous est bien connue : il revient à l'Ecclésia d'examiner les titres de chaque candidat et de sélectionner le plus capable. Le médecin recruté se voit ensuite mettre à disposition un local servant aux consultations. Les médicaments prescrits sont remboursés par l'État grâce à un impôt spécial, le {{grec ancien|ἰατρικόν}} / ''iatrikón''. De manière générale cependant, il s'agit moins de mettre en place un système de soins gratuits, à l'instar des [[Sécurité sociale|Sécurités sociales]] modernes, que de disposer d'un médecin toujours à portée de main, dans des cités où l'état sanitaire est souvent précaire (cf. la « peste » d'Athènes de [[-430|430]]-[[-429|429 av. J.-C.]]), l'[[tremblement de terre|activité sismique]] souvent présente et où les conflits armés sont fréquents.
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* Louis Bourgey, ''Observation et expérience chez les médecins de la collection hippocratique'', Vrin, coll. « Bibliothèque d’Histoire de la Philosophie », Paris, 2005 (1{{re}} édition 1953) {{ISBN|2-7116-0083-1}}</small> ;
* {{en}} Louis Cohn-Haft, ''The Public Physicians of Ancient Greece'', Northampton, Massachusets, 1956 ;
* E.&nbsp;R.&nbsp;Dodds, ''Les Grecs et l'irrationnel'', Flammarion, coll. « Champs », Paris, 1977 (1{{re}} édition 1959) {{ISBN|2-08-081028-6}} ;
* Robert Flacelière, ''La Vie quotidienne en Grèce au temps de Périclès'', Hachette, 1988 (1{{re}} édition 1959) {{ISBN|2-01-005966-2}} ;
* {{en}} W.&nbsp;H.&nbsp;S.&nbsp;Jones, ''Philosophy and Medicine in Ancient Greece'', Johns Hopkins Press, Baltimore, 1946 ;
* Geoffrey E. R. Lloyd :