« Étymologie de la langue française » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Ligne 44 :
* qu'elles se sont déroulées sur de nombreuses générations. En comptant qu'une génération "vaut" 25 ans, près de 50 générations se sont succédées entre le sac de Rome en 410 et le Cid de Corneille ou nous constatons que nous prononçons pas exactement comme notre grand-mère (génération G - 2)
* que, jusqu'au XXème siècle, il n'existait ni radio ni télévision et donc aucune norme nationale "palpable" en matière de prononciation. C'est la radio qui a facilité une prononciation homogène. Pendant la première guerre mondiale des agrégés d'allemand, faits prisonniers, furent fusillés pour avoir refusé de servir d'interprètes entre des officiers allemands du sud et du nord de l'Allemagne qui ne se comprenaient pas très bien. Dans les années 1950 et 1960, en Angleterre, il existait des offres d'emploi qui exigeaient des candidats qu'ils eussent l'accent BBC (la radio nationale officielle britannique)
* que la conjonction de ces deux phénomènes fait qu'encore au XVII et XVIIIème siècles, à la Cour le son ''oi'' se prononçait ''ouè'' (d'où le rouè pour le roi, le bouè pour le bois) et que l'on en prononçait aucune lettre finale (le cer pour le cerf, nourri pour nourrir) alors que le peuple parisien prononçait roi, bois, cerf. A la Cour comme à la ville on roulait les ''r''. Encore à l'époque de Victor Hugo, lorsque l'on déclamait ''le bruit sourd des canons roulants vers Austerlitz'' l'auditoire entendait un véritable grondement.
* que jusque dans les années 1950, la sonorisation était rare et imparfaite ce qui imposait de parler en articulant, en découpant bien les syllabes sans "manger" les finales rétablies en partie au début du XIXème siècle. Imaginez un cours sans micro dans un amphithéâtre de la Sorbonne, un sermon sans micro à Notre Dame de Paris, une plaidoirie sans micro dans la grande salle d'audience d'un tribunal aujourd'hui classé monument historique, un discours dans l'hémicycle du Sénat. Dès générations de professeurs, de prêtres, d'avocats ou d'hommes politiques ont pourtant dû le faire. Pour le commun des mortels se faire entendre dans une foire où tout le monde criait ne devait pas être facile, pas plus que dans la salle de garde d'un château (essayez par exemple au Palais des Papes en Avignon un jour d'affluence : elle correspond à la salle d'accueil).
* qu'il y a toujours eu des modes qui laissent des traces. Au XVIème siècle, il était de bon ton de prononcer'' z'' le ''r'' compris entre deux voyelles. Paris se prononçait ''Pazi'', ''oratoire'' se prononçait ''ozatoire'' d'où les noms de ville en Ozoir ou Osoir lorsque la commune comptait une chapelle. Sous Napoléon 1er et peut être parce que Joséphone de Beauharnais éprouvait des difficultés à les prononcer, il devient à la mode d'élider les ''r'' d'où les ''inc'oyables'' et les ''mé'veilleuses''. Entre les deux, les Précieuses, qui n'étaient loin d'être nécessairement ridicules - ont fait la chasse à tous les gestes disgracieux ; on leur doit les mousses inventées par leurs cuisiniers à qui elles avaient demandé des plats qui n'exigeassent pas des mouvements musculaires trop marqués lors de la mastication. Cette volonté a sûrement exerce une influence sur leur prononciation