« Photographie/Netteté des images/Pouvoir séparateur des objectifs » : différence entre les versions

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Les objectifs modernes ont eux aussi des comportements variés, tout comme les anciens ... Naturellement, l'aptitude à donner des ima­ges nettes n'est qu'une qualité optique parmi d'autres. Ainsi, par exemple, un objectif donnant des images très "piquées" mais fortement distordues sera inutilisable en photo d'architecture.
 
 
== Limites des tests de pouvoir séparateur ==
 
La première limite des tests décrits précédemment réside dans le fait que les courbes ne caractérisent pas seulement l'objectif testé, mais plutôt l'ensemble constitué par cet objectif, le boîtier qui le porte, l'émulsion, les produits de traitement utilisés, éventuellement l'opérateur, sans oublier le contraste de la mire, qui est un élément fondamental. Il s'agit là d'un point particulièrement important : le film Kodak Eastman Positive, par exemple, permet d'atteindre un pouvoir séparateur de 200 traits par mm à partir d'une mire éclairée par transparence dont les traits blancs sont 1000 fois plus lumineux que les noirs mais si le rapport des luminances des traits tombe à 1,6, le pouvoir séparateur de cette émulsion n'atteint plus que 100 traits par mm. Pour le Kodachrome II jadis utilisé pour tester les objectifs des caméras Super-8, avec les mêmes contrastes de mire, les valeurs étaient respectivement de 95 et 30 traits par mm. Ce résultat est immédiatement transposable au cas des capteurs numériques.
 
Si le pouvoir séparateur du film ou du capteur est inférieur à celui de l'objectif testé, les mesures n'auront aucune valeur ! Si les deux pouvoirs séparateurs sont voisins, il est clair que l'on testera le film en même temps que l'objectif. Les normes en vigueur préconisent l'emploi de mires très contrastées favorisant l'obtention de valeurs élevées pour le pouvoir séparateur. Il est donc normal qu'en opérant avec les moyens du bord (mire en papier punaisée au mur …) on obtienne des résultats moins flatteurs.
 
Dans un lot d'objectifs en principe identiques, les résultats des mesures peuvent être très différents d'un exemplaire à l'autre. Si le test est fait sur un seul exemplaire, l'honnêteté intellectuelle la plus élémentaire conduit à fournir son numéro de série. Si l'on souhaite une valeur vraiment représentative du lot, il faut tester un nombre suffisant d'exemplaires pour que l'exploitation statistique des résultats soit fiable. S'il s'agit de super-téléobjectifs coûtant chacun le prix d'une petite voiture, on y regardera évidemment à deux fois !
 
C'est pourquoi '''les « tests de pouvoir séparateur » publiés par certaines revues n'ont en général aucune valeur !!!!''' Il s'agit le plus souvent de résultats de seconde main plus ou moins habilement exploités. D'ailleurs ces revues ne disposent d'aucun moyen de mesure digne de ce nom et se gardent bien de fournir des références opératoires précises et a fortiori des valeurs numériques ...
 
Indépendamment de ces problèmes d'éthique, les tests de pouvoir séparateur présentent un grave défaut : ils ne prennent pas vraiment en compte la façon dont l'œil perçoit les images. Un objectif doté d'un pouvoir séparateur élevé pourra très bien donner des images "molles", un autre fournira au contraire des images "vigoureuses" malgré un pouvoir séparateur plus modeste ... Pour comprendre ce phénomène qui n'est paradoxal qu'en apparence, il suffit de considérer les trois images suivantes :
 
 
{| cellpadding="5"
|-
| [[Image:Lignes 1.png|100px]]
| Voici une portion de mire constituée de traits nets alternativement noirs et blancs,
|-
| [[Image:Lignes 2.jpg|100px]]
| puis une première image un peu floue de cette portion de mire donnée par un objectif X,
|-
| [[Image:Lignes 3.jpg|100px]]
| et une seconde image apparemment très dégradée donnée par un objectif Y.
|-
|}
 
 
Ce n'est pas le nombre des lignes visibles qui différencie visuellement les deux images, mais la façon dont l'objectif a traduit le contraste de la mire. La première, observée avec quelques mètres de recul, paraîtra nette, tandis que la seconde, au contraire, paraîtra floue. Elle ne l'est en fait pas plus que la première ! L'impression de netteté est due au moins autant aux micro-contrastes locaux qu'à la restitution précise des fins détails. Une photo très peu contrastée paraît grisâtre et donne une impression de flou qui n'est pas forcément justifiée.
 
'''Il ne faut jamais confondre le contraste et la netteté !'''
 
C'est pour toutes ces raisons que les opticiens ont développé d'autres méthodes de test, hélas fort complexes et fort coûteuses, pour mieux évaluer les véritables performances des objectifs.