« Étymologie de la langue française » : différence entre les versions

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De même si labeur ne désigne plus aujourd'hui qu'un travail pénible et long, il avait autrefois un sens plus large. Le secteur de l'imprimerie insiste sur ce caractère de pénibilité en distinguant les travaux de labeur (impression d'ouvrages ou d'imprimés en un grand nombre d'exemplaires pour les Administrations) et les travaux dits 'de ville', en petites séries et sans difficultés majeures également appelés bibelots voir bilboquets pour souligner leur 'légèreté'.
 
Laborieux a caractérisé le travail (très fatiguant) deux siècles avant de qualifier le travailleur susceptible de fournir l'effort correspondant. Le premier sens est encore présent dans l'expression familière 'c'est laborieux !'. Un style laborieux est un stylstyle embarasséembarrassé au travers duquel on sent que l'auteur a éprouvé des difficultés pour exposer ses idées.
 
Elaboré est la résultante du travail (mot à mot : ce qui sort du travail : ex labore en latin). L'idée contenue dans cet 'ex' est celle d'un processus lent, réfléchi, non immédiat que l'on retrouve dans des expressions comme 'une coiffure compliquée' ou 'une cuisine élaborée' qui peut utiliser une sauce 'élaborée' qui, elle, n'est pas nécessairement compliquée à faire mais emploie des substances qui vont mettre du temps à se mélanger intimement.
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Travil est une métaphore. Palus est le poteau ou le pieu en latin. Pour entraver les animaux, les maréchaux - ferrants avaient imaginé un dispositif constitué de tris pieux montés en faisceau ou tripalium (= trois pieux). La souffrance des animaux (le fer est porté au rouge avant d'être rivé sur le sabaot et les maréchaux - ferrands marquaient aussi le bétail par une brûlure au fer rouge) fait que, par comparaison, on a aussi parlé de travail au sens de supplice ou de torture pour les hommes. Le sens de douleur importante est encore présent dans "le travail de l'accouchement". Il en est de même de l'expression "ça me travaille" en parlant d'un problème ou d'une situation qui revient sans cesse à l'esprit. Par analogie on dit aussi que l'on travaille quelque chose lorsqu'on la malaxe comme l'argile en poterie ou la pâte en cuisine.
 
Travail fait au pluriel travaux comme cheval fait chevaux alors que chacal fait chacauxchacals. A l'origine, travail (ou cheval) faisait travails (chvalschevals) au pluriel comme tous les autres mots de la langue française. Cependant les copistes, pour gagner du temps, utilisaient des ligatures, c'est à dire, pour simplifier, des signes destinés à remplacer des syllabes ou des groupes de lettres. unUn de ces signes qui correspondait à "ls" ressemblait à un x. Mal compris il entraina le pluriel travax, chevax. Phonétiquement la syllabe "ax" est instable et passe à "aux" d'où les travaux et les chevaux. Lorsqu'au XVIème siècle on se rendit compte de l'erreur on se garda de l'appliquer aux noms des "nouveaux" animaux que l'on découvrait comme le chacal entré en France et en français vers 1646.
 
En grec, le travail se dit ergon que l'on retrouve dans