« Étymologie de la langue française » : différence entre les versions

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= INTRODUCTION ET PLAN =
== Les origines du vocabulaire ==
L'essentiel du vocabulaire des langues indo-européennes provient de racines indo-européennes au travers du latin, du germanique ou du grec pour l'Occident, du slave pour l'Est et du nordique pour la Suède et la Norvège.
 
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Enfin quelques mots constituent des créations tout à fait conscientes et circonstanciées (ordinateur, bikini, monokini).
 
== L'évolution et la disparition des mots ==
Les mots évoluent
* de façon interne par préfixation (courir --> accourir) ou dérivation
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Ces disparitions sont lentes. L'adjectif ''débonnaire'' reste un témoin de la fauconnerie. Sans pratiquer l'équitation on comprend encore ce que signifie ''avoir des œillères.''
 
= Le plan =
L'exposé suit l'enchaînement ébauché ci-dessus (origines - extension - évolution et disparition du vocabulaire)puis l'illustre par le commentaire étymologique d'un message réellement envoyé (et quasiment pas retouché).
 
 
= Les origines du vocabulaire =
== Les mots originaires du latin ==
=== Remarques préliminaires sur l'évolution de la prononciation ===
 
Il convient de souligner l'importance du facteur phonétique dans l'évolution des mots. Par exemple ''oie'' vient du latin populaire ''auca'' dérivé du latin classique ''avis''(= oiseau) que l'on retrouve dans ''aviculture'' (= élevage des oiseaux) ou ''grippe aviaire'' (= transmise par des oiseaux).
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* que, plus généralement, les sons des langues européennes s'articulent en un système qui permet de distinguer des labiales, des dentales, des palatines et que le passage de l'une à l'autre est assez simple ce qui explique, par exemple, qu'au ''qu'' latin corresponde ''v'' ou ''f'' dans les langues plus nordiques comme quatre / quattro (italien) et vier (allemand), voor (flamand) et four (anglais) ou encore qui /chi (italien qui se prononce qui) et who (anglais), Wer (allemand); de même, on trouve une correspondance entre le d et le t (dent au Sud contre tooth au Nord - dies (le jour) contre tag (même sens) au nord.
 
=== Les doublets ===
Au fil des temps les mots latins avaient évolué en français phonétiquement et sémantiquement. Par exemple captivum (= captif) avait donné chétif avec le sens que nous lui connaissons, un captif étant souvent chétif du fait des mauvaises conditions de sa détention.
 
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* '''poison''' et '''potion''' du latin ''potare'' (= boire) d'où l'eau potable.
 
=== Les fusions ===
On notera aussi les fusions dans lesquelles deux mots fusionnent en un seul
* gendarmes (initialement gens d'armes)
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* alarme (initialement all 'arme = aux armes). L'italien actuel conserve les deux l (allarme)
 
== Les emprunts ==
=== Les emprunts au francique ===
Les mercenaires avaient déjà introduit quelques termes dès les années 250 après J.C. comme les renforts agricoles mais se sont surtout les Grandes Invasions qui ont introduit le vocabulaire de la guerre et du droit salique, très différent du droit romain. Par la suite, les vainqueurs ont adoptés la langue de l'Ex-Empire romain comme les Romains avaient eux mêmes adopté la civilisation des Grecs qu'ils avaient dominés militairement (l'élite romaine parlait grec naturellement à tel point que lorsqu'il fur poignardé, Jules César s'exprima en grec en reconnaissant son fils parmi les conspirateurs ; il ne dit pas tu quoque fili mas kai su texnon (toi aussi mon fils). Parmi les mots franciques citons :
 
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En italien, la formule est 'Che casino' où casino a le même sens qu'en français mais y est perçu comme un lieu de débordement et surtout très bruyant.
 
=== Les emprunts à l'arabe ===
Même après l'effondrement de l'Empire romain, l'Occident n'a jamais cessé d'entretenir des relations entre, d'une party, Byzance et, d'autre part, les pays d'Afrique du Nord et du Proche Orient, essentiellement à partir de la Provence, du Languedoc et de l'Italie. Les Croisades ont accentué ces contacts. Inversement l'invasion de la péninsule Ibérique par les Arabes n'a pas laissé de trace majeures dans le reste de l'Europe, le franchissement des Pyrénées étant, somme toute, plus difficile que la traversée de la Méditerrannée selon des voies bien connues. Citons :
* '''alcool''' qui signifie en arabe distillat, poudre [emprunt en 1586]
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Un cas intéressant est l'emprunt du mot ''sifr'' qui signifie vide et a été transcrit à la fois par chiffre et par zéro (la notation arabe des chiffres utilisant un blanc pour le zéro).
 
=== Les emprunts à l'italien ===
Les royales épouses et les nobles dames venues d'Italie au XVIème siècle et au début du suivant ont apporté la civilisation du Quattrocento dans leurs bagages : vocabulaire des cours ducales et princières et du commerce qui avait permis les développements économiques lombard et toscan :
* '''courtisan'''
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A la période romantique s'ajouteront des mots allemands comme lied (= chant)
 
=== Les emprunts aux langues américaines indigènes ===
Tous les produits exotiques découverts aux Indes Occidentales comme l'on disait alors ont été importés, le plus souvent via l'Espagne ou le Portugal avec leur nom d'origine plus ou moins bien compris et déformé. Ainsi
* '''chocolat'''
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* '''sombrer''' qui vient - via un verbe français soussoubrer - d'un verbe portuguais (soçobrar) signifiant "aller sous l'eau".
 
=== L'emprunt au néerlandais ===
Le néerlandais a beaucoup apporté à la langue française, notamment - mais non exclusivement - dans le vocabulaire maritime :
* '''tribord''' de stierboord qui signifie bord du gouvernail (stier) et bâbord de backboord soit du côté du dos
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* '''botte''' est le néerlandais bote qui désigne une touffe de lin.
 
=== Les emprunts à l'anglais ===
S'ils sont aujourd'hui importants, surtout à travers l'américain, il n'en fut pas ainsi pendant longtemps ne serait-ce que parce les familles anglaises parlaient la langue française et la première grammaire française fut rédigée en anglais pour permettre aux féodaux autochtones d'acquérir la langue d'expression de leurs souverains.
 
Les premiers emprunts à l'anglais apparaissent au XVIIIème siècle sous la double influence du libéralisme politique qui se développe en Angleterre et définit les notions et les mots de ''parlementaire'' ou de ''comité'' et de l'expansion pré-industrielle comme de l'hégémonie maritime qui succède à celle des pays du Sud de l'Europe d'où rail, tunnel
 
=== Les emprunts aux autres langues ===
Les autres langues ont moins apporté, en dehors de mots désignant des institutions ou des produits locaux (comme les boyards, le caviar. Citons :
l'allemand
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le scandinave avec '''saga''' [1740], récit mythologique ou historique en scandinave, le mot étant à rapprocher de l'anglais to say et de l'allemand sagen (= dire)
 
=== le fond gaulois ===
La littérature gauloise étaient essentiellement composée de poésies épiques et transmise exclusivement par voie orale. C'est pourquoi s'il reste encore de nombreuses traces du gaulois dans les noms de lieux, cette langue n'a laissé - à travers le latin essentiellement - qu'une quarantaine de mots :
* '''alouette'''
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* éthologie [1856] la science (logos) des mœurs (êthos).
 
== Les noms propres (personnes, villes, personnages de roman) devenus noms communs ==
 
Le plus connu est '''Poubelle''' du nom du préfet de police de Paris, qui imposa, en 1884, de placer les déchets dans un récipient et non de les déposer en vrac sur la chaussée et institua leur collecte régulière mais l'on peut également citer
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On trouve des phénomènes identiques dans toutes les langues européennes. Ainsi en italien, on appelle Montgomery, du nom d'un général qui portait ce vêtement avec élégance ce que la langue française appelle duffle coat.
 
== Les abréviations ==
Le fait que certains mots constituent des acronymes reste parfois conscient mais est parfois oublié.
 
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Comme tous les mots communs, les abréviations donnent des dérivés : radarisé, snober, snobinard,apudlike,...
 
== Les onomatopées ==
L'étymologie de ce mot est création (poeïn) de mots (onoma) en grec.
Il s'agit de mots qui visent à imiter un son ou à suggérer la chose nommée :
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Enfin slogan sans être une onomatopée est un cri de guerre islandais.
 
== Les mots forgés de toutes pièces ==
* '''Ordinateur''' : dans la plupart des pays on parle de ''computer'' (= qui calcule). En France lorsque la machine commença à être connue on parlait ''d'ensemble électronique'' ou encore de ''calculateur électronique'' pour celles qui n'étaient pas dédiées à la gestion mais à des calculs proprement dits. Le principal constructeur de l'époque, pour ne pas dire le seul, IBM souhaita trouver un mot spécifique à sa marque et chargea un linguiste, J. Perret de cette démarche. Ce dernier en retenant que la machine triait rapidement les données rechercha un vieux mot de théologie "ordinateur" et le "vendit" à IBM. Il est dit dans la Bible que Dieu est le Grand Ordinateur car il trie et il assemble. La protection de la marque ayant pris fin, le mot est tombé dans le domaine public.
 
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* '''côté cour''' et '''côté jardin'''. Cette expression des gens de théatre est une première manière de politiquement correct (sous peine de mort). Sous l'Ancien Régime français, le théâtre royal comportait deux loges, l'une pour le roi et l'autre pour la reine. La mise en scène faisait ainsi naturellement référence au côté de la reine ou au côté du roi. Avec la Révolution française, un tel référentiel pouvait valoir un aller immédiat pour l'échafaud. Une des loges était située du côté d'une cour et l'autre d'un jardin d'où la substitution.
 
= Les extensions du vocabulaire =
== Les extensions grammaticales ==
Nous regroupons sous cette expression
* la construction d'un nouveau verbe ou d'un nouveau nom par adjonction d'un préfixe, plus rarement d'un suffixe à un verbe ou à un nom
* la construction d'un mot d'une catégorie grammaticale à partir d'un mot d'une autre catégorie grammaticale (nom à partir d'un verbe, adjectif à partir d'un nom, adverbe à partir d'un adjectif, etc...)
 
=== La préfixation ===
Un riche exemple de la dérivation par préfixation est le verbe latin ''eo'' qui signifie ''je vais'' (''il va'' se dit ''it'' et l'infinitif ''aller'' est ''ire''). Par simple adjonction de préfixes l'on obtient
 
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Ce mot latin donne également itinéraire, itinérant (= qui est sur les chemins).
 
=== Les déverbaux et dérivés adverbiaux ===
Ils sont légion :
* encombrer - encombrement
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* rose, marron et autres, passés de l'objet à la couleur. L'avocat ou le notaire marron n'entretiennent pas de rapport direct avec cette couleur. On appelait marron un esclave qui fuguait. Par assimilation, un avocat ou un notaire marron est quelqu'un qui manque de statut légal, de professionnalisme et, partant, de déontologie.
 
== Les extensions analogiques et rhétoriques ==
L'analogie est un mode de réflexion qui fait correspondre un objet à un autre objet car ils ont "beaucoup" en commun. L'étendue de ce "beaucoup" est cependant très variable. Pour ce qui est du vocabulaire, l'argument de la comparaison peut être la couleur, la forme, l'étendue, le bruit,....
 
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S'y ajoute le passage du concret à l'abstrait et, parfois, de l'abstrait au concret.
 
=== Les figures élémentaires ===
La forme
* le rouleau de mer à partir du rouleau
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* le vocabulaire de l'industrie textile et de la métallurgie dans une France qui importe (pour le textile) ou d'usines très automatisées (pour la métallurgie) et donc sans grands effectifs pour relayer le vocabulaire technique en dehors du métier.
 
== Les évolutions de la société ==
La notoriété respective des professions, l'importance des effectifs employés par les différentes branches économiques ou le contenu des activités des contemporains expliquent aussi des évolutions.
 
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A la même époque, le caractère essentiellement rural de la France faisait aussi que la plupart des des lycéens étaient internes d'où des références linguistiques à ces longues années (de 7 à 10 ans) pas toujours faciles à en lire les récits. Ce même caractère riral faisait aussi que quasiment chacun connaissait le vocabulaire dela campagne (culture et élevage, oiseaux, fleurs).
 
== L'évolution des mentalités ==
Les grands courants comme l'abandon d'une vie religieuse quotidienne prégnante, l'émancipation de la femme, la possibilité d'une consommation de biens et services élargie, un plus grand respect des handicapés ou la régression de la xénophobie rendent malséantes voire des expressions autrefois courantes :
* mettre à l'index est une expression d'origine ecclésiastique pour "montrer du doigt (de l'index) les livres qu'un Chrétien ne doit pas lire", la censure catholique n'ayant plus grande audience, la ''mise à l'index'' n'est plus comprise de certains bacheliers.
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Au XIXème le terme virginité lui même était camouflé sous des périphrases comme (pour les filles) petit capital qui témoigen d'ailleurs tant de la découverte des principes d'accumulation économique que du peu de considération que l'on nourissait pour les femmes assimilées à un avoir.
 
== La politique scolaire et universitaire - l'environnement culturel ==
Depuis la formation des états européens modernes, les programmes scolaires façonnent la langue. Très centralisatrice, la France a longtemps imposé des programmes détaillés tendant à l'instauration d'une culture minimale commune à l'ensemble de la collectivité. Selon le contenu de ce programme des expressions naissent, vivent ou disparaissent. Vous pouvez aisément constater que des expressions tirées des Grands Classiques comme "avocat passons au déluge" (Racine), "Albe vous a nommé, je ne vous connais plus" (Corneille) ou "Voilà pourquoi votre fille est muette" (Molière) ne sont plus utilisées de façon courante que par des personnes au bord de la retraite à moins qu'une tradition familiale - et non un enseignement scolaire standard - ne les ait conservées dans la famille. Une remarque identique peut être faite à propos d'autre auteurs comme José Maria de Hérédia ou Leconte de Lisle (fin XIXème). Lorsque Alphonse Allais met en scène le couple Timéo Danaus et Dona Ferrebtès, tous les lecteurs de son temps souriaient immédiatement, privilège aujourd'hui réserve aux titulaires d'un master de logique. [La formule signifie "Méfie toi des Grecs même lorsqu'ils apportent un cadeau", par allusion au cheval de Troie. Les différentes syllabes constituent un moyen mnémotechnique pour se souvenir des principes de la logique d'Aristote qui ont été les seuls enseignés jusque dans les années 1950 où les travaux menés depuis la fin du XIXème à partir des algèbres de relation et multivalentes se sont imposés et, surtout, ont été relayés par l'informatique.
 
La conception des livres pour enfants joue aussi un rôle important. La Révoltion française a unifié les structure juridiques de la France en supprimant les sénéchaux et les baillis et en remplçant les lieues par les kilomètres ; les boyard et les voïvodes n'ont pas survécu aux bouleversements de l'Europe de l'Est mais ces personnages continuent de survivre dans les contes avec la fameuse "bobinette qui cherra" du Chaperon rouge. Au contraire à partir du moment où, en préférant la simplification à la "couleur historique" les nouvelles éditions évoqueront simplement des princes ou des seigneurs ou ''la porte qui s'ouvre'', le vocabulaire se perdra rapidement.
 
== L'inflation ==
Comme la monnaie, les mots se dévaluent à l'usage. L'image initiale s'estompe et doit être renouvelée. Aujourd'hui nous pouvons être étonnées d'un simple résultat de calcul et vérifier les données ; à la période classique, l'étonné était celui qui était frappé par le tonnerre (en fait l'éclair). Le sens était vraiment fort ; il était proche d'atterré, d'anéanti. A l'époque de Littré, l'auteur du Dictionnaire, le sens commençait à s'estomper. On rappore que Mme Littré étant rentrée plus tôt que prévu et s'estimant ''surprise'' de trouver son mari en galante compagnie aurait obtenu cette réponse de ce dernier : surpris c'est nous qui le sommes ; vous, vous êtes étonnée.
 
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Les personnes qui troublent l'ordre public ont été appelées Apaches en 1902 puis sauvageons dans les années 1990 puis racaille. Les Apaches constituaient une tribu indienne passant pour être très violente vis à vis des ennemis vaincus. Racaille est un très vieux mot normand [1138] venant lui même du latin populaire rasicare (= gratter) lui même issu de radere (= raser, toujours en latin). Il donne en ancien français un mot rasche qui désigne une teigne (dont les piqûres démangent comme celles des poux). Appartiennent à la même famille "racler" (une casserole) et la raclée qu'on a peut être prise, enfant, quand on n'était pas sage.
 
== Les décisions judiciaires ==
Il existe quelques cas de "condamnation à mort" d'un mot par décision judiciaire. Dans les années 1930, une sociète française inventa un produit diffusé sous le nom de soie artificielle. Les producteurs de soie naturelle intentèrent un procès pour faire cesser cette appellation qui fut interdite. Le produit fut renommé rayon car sa structure rappelait les rayons d'une toile d'araignée et fut exporté aux U.S.A. sous ce nom qui s'y prononce rayonne. C'est avec cette prononciation et cette orthographe qu'il rentra en France.
 
== Les modalités de le disparition ==
La disparition d'un mot peut être lente, par exemple si l'expression initiale n'est plus comprise mais que la formule paraît drôle (peut être d'autant plus drôle qu'on ne la comprend pas). Voici quatre exemples dont deux assez proches.
 
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* potasser. Lorsque nous potassons un examen puis un dossier nous évoquons la révision des premiers wagons de chemin de fer et de quelques autres machines de la grande époque mécanique. Les premiers wagons faisaient l'objet de révisions périodiques selon une échelle allant de 1 à 5. Les révisions du premier niveau correspondaient à l'entretien courant. Au niveau 5, les wagons étaient entièrement débarassés de tout élément annexe ou accessoire et plongés dans un bain de potasse pour en sortir parfaitement dégraissés et débarrassés d'oxydations. Potasser c'est donc procéder à la plus grande révision possible.
 
= Commentaire d'un mail =
Voici un e-mail réellement envoyé, à quelques mots près. Les mots en gras sont ceux qui font l'objet d'un commentaire.
 
== texte de l'e-mail ==
''Cet après-midi, réunion de '''cadres''' : '''laïus soporifique''' de Raphaële sur le '''contrôle interne''', '''mémo''' de Nadine sur la Net-'''Etiquette''' car Renée a traité Sabine de '''conne''' sur sa messagerie, mon '''topo''' sur l'apport des '''nanotechnologies'''. Le '''patron''' a enchaîné sur l'avenir de l'entreprise.
 
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Bisous. Caresses à mon caniche préféré.''
 
== Commentaire ==
 
=== Laïus ===
Au XVIIIème siècle on ne demandait pas aux élèves de disserter sur un sujet littéraire ou philosophique comme de nos jours mais de rédiger le discours (éventuellement intérieur) de personnages historiques ou mythologiques dans des circonstances bien connues de leur vie (César décidant de franchir le Rubicon, Hannibal se demandant s'il devait marcher marcher sur Rome après la victoire de Cannes où il avait écrassé les Romains supérieurs en nombre mais mal commandés, etc.)
Lors de la création de l'Ecole Polytechnique, la première composition en français (et non en latin, ce qui constituait une innovation), en 1804, eut pour sujet Laïus, roi de Thèbes qui avait bien des raisons de s'interroger sur son sort. Un oracle lui ayant prédit qu'il serait tué par son fils, il décida d'abandonner celui-ci, Oedipe, dans la montagne, dès sa naissance. Recueilli, le bébé fut élevé à Corinthe. Devenu adulte, il se querella avec un voyageur et le tua. Ce voyageur se révéla être Laïus. Oedipe, toujours sans le savoir, épousa ensuite sa mère Jocaste (d'où le complexe d'Oedipe marqué par une dépendance affective excessive d'un fisl vis à vis de sa mère). Pour finir, Jocaste se pendit et Oedipe se creva les yeux puis erra dans le désert guidé par sa fille Antigone.
 
=== Soporifique ===
Qui fait dormir. Sopor est le sommeil en latin. Le suffixe "fique" (ficus en latin) signifie ''qui fait '', ''qui rend'' d'où magnifique (qui rend grand), bénéfique (qui rend bon). Soporifique, attesté dès 1680, a remplacé soporifère (du latin fero = apporter) soit ''qui apporte le sommeil'', son aîné de deux siècles. Existaient aussi deux termes médicaux : soporeux (construit sur le modèle de liquoreux) et soporatif (construit sur le modèle de roboratif). Bénéfique, aujourd'hui employé couramment, a été forgé par Rabelais mais est resté d'un emploi rare jusqu'au XXème siècle. Dans le champs sémantique du sommeil, to dream, traumen (= rêver, respectivement en anglais et en allemand)et dormir ont la même origine : un radical indo-européen (dhreugh)signifiant faire illusion, tromper.
 
Le verbe fero (= porter en latin) est très répandu : fertile (= qui apporte des fruits avec son équivalent allemand fruchbar). Le f passant à b, l'on rencontre, toujours en allemand, Bahre (la civière) que l'on retrouve en français avec bard (sorte de brancard sur lequel on portait des graviers, de la terre comme des céréales) quin'est plus guère employé de nos jours où des moyens mécaniques de transports l'ont concurrencé maqi qui subsiste dans l'expression "une bardée de", c'est à dire le contenu de tout un bard. Les gens que l'on transporte sur une civière étant blessés, feriti (mot à mot les transportés) signifie, en italien, les blessés comme - avec équivalence du f et du h entre les deux langues - herridos en espagnol.
 
=== Contrôle interne ===
Il s'agit d'un faux ami anglais car il n'est pas question d'un contrôle au sens policier ou scolaire mais d'une aptitude à maîtriser sa gestion comme dans le self-control. Mot apparu en 1610, contrôle est la contraction de contre - rôle, connu dès le XIVème siècle pour désigner un registre tenu en double. Ce sens de "doublure" se retrouve dans le grade de"contre amiral" qui double l'amiral.
 
=== Memo ===
C'est l'abréviation de memorandu, mot latin passé en français qui signifie "ce dont il faut se souvenir". Un mot proche est memento, impératif du même verbe latin memini (= se souvenir)et signifiant don "souviens toi". ''Andum'' est la marque d'un gérondif que l'on retrouve dans "agenda" qui signifie "ce qu'il faut faire" ou dans "référendum" qui désigne ce qui doit être rapporté (referre = rapporter en latin) au choix du peuple.
Memini est de la famille de mens qui signifie l'esprit (d'où l'expression ''mens sana in corpore sano'' = un esprit sain dans un corps sain)que l'on retrouve dans mental (calcul mental).Un dément est un être privé de raison : de/dé est ce que l'on appelle un préfixe privatif, issu du latin "dis" qui marque une idée de séparation (comme dans disjoint, démembré)que l'on retrouve dans dépressif (privé d'énergie) et dont le correspondant grec est le préfixe "a" comme dans asexuée (reproduction sans gamètes), asocial, asepsie (sêpsis = putréfaction en grec) ou asphyxie (sphuxis = palpitation en grec).
Monter et mentir appartiennent aussi à la famille de mens. Un mensonge, pour être crédible, exige une certaine intelligence. Démontrer, c'est utiliser son cerveau pour établir rationnellement la vérité d'une hypothèse ou, au contraire, établir qu'elle est sans fondement.
 
=== Etiquette ===
De la même famille que ticket, ce mot est né dans la sphère du droit. L'étiquette était initialement une pancarte fixée à un pieu auquel on attachait plus particulièrement les sacs contenants les documents d'un procès. Cette pancarte mentionnait les noms des parties. Les juristes ont été procéduriers de tous temps. Le mot en est ainsi venu à désigner l'ensemble des règles à respecter pour instruire correctement un procès puis un ensemble de codifications de la vie en société édictées dès Philippe le Bel mais portées à leur apogée par Louis XIV qui y trouvait un moyen de discipliner la cour. Par la suite le mot s'est étendu à tout système de convenances sociales.
 
=== Con et quelques autres gros mots ===
Comme les autres, les "gros" mots ont une étymologie. Au cas particulier, le terme désigne initialement le sexe de la femme comparé à un terrier. En effet, en latin, cuniculus est le lapin qui donne coniglio en italien moderne et Kaninchen en Allemand (qui n'est pas le caniche) et konijl en néerlandais. En ancien-français on parlait de conil avant que le mot lapin n'apparaisse au XVème siècle.
 
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Les lapins s'endorment sous les diligences et partent avec elles. De là une vielle expression "voyager en lapin" pour dire "voyager sans payer". Parfois la fraude se caractérise par un arrangement entre le cocher et le client ; le lapin est alors le passager ou le colis que le cocher ne déclare pas. Ce passager non déclaré est, en quelque sorte, inexistant d'où l'expression apparue à la fin du XIXème siècle de poser un lapin, c'est à dire se montrer inexistant comme un passager clandestin.
 
=== Topo ===
En grec topos c'est le lieu, l'endroit, d'où topographie (description d'un lieu), toponymie (étude des noms de lieux) ou topologie (étude des propriétés mathématiques d'une figure qu'elles que soient les déformations qui lui sont progressivement appliquées, comme sur les écrans de veille des ordinateurs). Un croquis topographique est ainsi un relevé sommaire d'un lieu qui en retrace le plan général et en donne les principaux repères ou caractéristiques (arbre, pente plus ou moins prononcée, escalier, poteau,...). Par analogie un topo est une présentation succinte d'un sujet qui en donne un périmètre global ainsi que les principaux traits. La distinction entre laïus, mémo et topo est la suivante : le laïus est verbeux et ne sert pas à grand chose, le mémo doit déboucher sur une action et le topo informe.
 
=== Nanotechnologies ===
Les nanotechnologies s'attachent à la conception et à la fabrication de structures physiques ou biologiques en se rapprochant du niveau atomique. Les préfixes qui expriment les multiples et sous-multiples du mètre sont les suivants:
 
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A propos des mesures, les marins expriment la vitesse des navires en noeuds car pendant longtemps pour mesurer les déplacements on laissait filer une corde le long de laquelle on avait fait des noeuds à intervalle régulier et l'on comptait le nombre de noeuds déroulés par intervalle de temps mesuré avec un sablier ou outil analogue.
 
=== Patron ===
A Rome, le patronus est le défenseur. Le mot dérive de pater, le père, qui donne patrimoine et patrie car un bon père doit défendre son bien et son pays. Cette idée de protection explique l'expression "saint patron" (sainte Cécile pour les Musiciens, Sainte Barbe pour les pompiers et les métallurgistes qui ont tous les deux à faire avec le feu).
 
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Le singe, mot par lequel on désigne parfois le patron, est une trace du compagnonnage dans lequel chaque grade, de l'apprenti au maître, avait une correspondance animale. Au Maître correspondait le singe, le plus proche de l'homme et le plus malin.
 
=== Avenir ===
Contraction dès le XVème siècle de la locution "temps à venir" comme
* vinaigre est la contraction de vin aigre,
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* tambouille est celle de "pot en bouille",variante régionale pour l'Ouest de la France de pot bouille où pot où l'on fait bouillir les aliments par opposition aux aliments rôtis. L'opposition sociale entre ces deux types de cuisson a été fondamentale jusqu'aux Trente Glorieuses : le bouilli étant la nourriture pauvre que l'on consommait soi-même et le rôti la nourriture riche que l'on offrait à ses invités de marque.
 
=== Mercredi et le jours de la semaine ===
Un radicalindo-européen que l'on note habituellement ''dyeu'' désigne le ciel bleu et clair. Il donne à la fois le mot jour (dies en latin), le mot dieu et le nom grec Zeus (principal dieu de l'Olympe). Les mot dies correspond au -di que l'on retrouve dans les noms des jours de la semaine : lundi ou jour de la lune, mardi ou jour de Mars, Mercredi ou jour de Mercure, Jeudi ou jour de Jupiter, Vendredi ou jour de Vénus, Samedi ou jour de Saturne. Dimanche est le jour du Seigneur : dies dominica qui donne diemenche par disparition du second d, passage du 'c' à "ch" et du 'a' à 'e', évolutions phonétiques habituelles.
 
L'étymologie est semblalble dans la plupart des pays européens où day (anglais), tag (allemand) sont le résultat d'évolutions phonétiques de dies. Ainsi Monday ou Montag correspondent-ils à Lundi puisque Moon désigne la lune. Dans Friday et Freitag (vendredi) le nom de Vénus déesse de l'Amour a été remplacé par Frigga, nom de l'épouse du Dieu Odin (=Wotan, le Soleil, créateur du Monde) et dont la racine indo-européenne Pri qui désigne l'amour (parallèlement à la racine Wen d'où Vénus), se retrouve dans free, friend (freie t freund en allemand). Free et frei signifient libre. Friend et Freund, ami. L'idée directrice est que les gens que l'on aime sont les membres de ma famille (au sens de l'Antiquité qui est très élargi)et qui leur est permis d'agir librement. Avant de désigner des amis, le mot Friend/freund désignait d'ailleurs les parents. Dans Thursday et Donnerstag (jeudi), le nom du dieu de 'référence' est celui du tonnerre dans le panthéon germanique (cf. thunder (anglais), Donner (allemand) = le tonnerre). Toutefois, en allamend, Mittwoch ( le mercredi) signifie le 'milieu de la semaine'.
 
=== Synthèse ===
Tithêmi c'est poser en grec. Syn est l'équivalent grec de cum en latin, qui signifie 'avec'. La thèse est l'argument que l'on propose. L'antithèse est l'argument que ladversaire oppose, la synthèse l'ensemble des arguments que l'on pose ensemble soit qu'on les ait puisés pour partie dans la thèse et pour partie dans l'antithèse, comme dans les examens soit que l'on ait réuni des éléments de différentes branches, par exemple les aspects scientifiques, techniques, juridiques et financiers d'un projet. La prothèse (dentaire ou mammaire) est ce que l'on pose à la place de l'organe malade où 'pro' signifie 'à la place de ' comme dans procuration où l'on s'occupe (curo) de quelque chose à la place de quelqu'un d'autre. La métathèse est un changement de position d'une lettre à l'intérieur d'un mot (= une lettre que l'on pose ailleurs) comme le font les personnes qui déplacent le 'r' d'infarctus en disant infractus et comme l'on fait nos ancêtres en passant du formage ou fromage (production laitière qui se caractérisait par l'usage d'une forme). La justice étant ce qui pose les règles de vie en société, sa déesse est Thèmis, nom conservé par une collection de manuels de base pour les étudiantes en droit.
 
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* symbole est ce que l'on envoie avec. Initialement le symbole était l'équivalent de nos ID et mots de passe. Un texte était gravé sur une plaque de bois ou de terre cuite qui était cassée en deux. Chaque signataire emportait la moitié du texte. Pour rétablir le texte complet il fallait rapprocher les deux morceaux. Le procédait prévenait ainsi les falsifications et les usurpations. Par la suite le mot a désignait tout ce qui était lié comme les deux parties du morceau de bois ou de la tablette : le lion est le symbole du roi car dans tous les textes de notre culture il est associé au roi.
 
=== Elaborer - Travail ===
En latin, le travail se dit labor. Ce mot est à l'origine de labour, laboureur, laborantin, laboratoire, labeur, collaborateur, laborieux et élaboré. Initialement tout travailleur, autre qu'artisan, avait de fortes chances d'être un laboureur mais comme la société était essentiellement agricole, le mots'est spécialisé dans le sens actuel.
 
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Trimer et turbiner sont deux mots familiers qui rappellent deux fleurons de l'expansion économique françasie de jadis : le textile et la métallurgie. La trime est un élément du métier à tisserqui ne cesse d'être en mouvement, la turbine (d'où turbo) tourne très vite d'où le passage à la description d'une activité soutenue.
 
=== Juillet ===
Juillet est le mois de Jules (César) qui, au demeurant, réforma le calendrier en usage jusque là en créant un calendrier fondé sur une année solaire de 365,25 jours et dénommé de ce fait 'calendrier julien'.
 
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Août est le mois d'Auguste, le nom pris par Octave, le fils adoptif de Jules César. Auguste a pour racine un mot indo-européen qui traduit une idée de croissance que 'lon retrouve dans auteur, auxiliaire (un moteur auxiliaire renforce le principal), autorité (un projet mené avec autorité se développe plus vite qu'un projet non dirigé), autoriser (la personne autorisée dispose d'un pouvoir accru) et, bien sûr, augmenter.
 
=== Valise ===
Comme toute science, l'étymologie a ses limites. l'origine de certains mots reste inconnue (indication 'o.i.' dans les dictionnaires) ; pour d'autres, seules des hypothèses peuvent être bâties. Ainsi en est-il de valise, emprunté à l'italien valiglia en 1560 et que certains rapprochent de l'arabe walïha (sac de blé). Initialement, il s'agissait d'un long sac de cuir que l'on transportait sur la croupe des chevaux. L'aspect que nous connaissons depuis le dernier tiers du XIXème n'est que l'aboutissement de transformations.
 
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Au Moyen - Age, les malfaiteurs étaient soit enfermés dans des sacs soit pendus. Un 'homme de sac et de cordre" était donc un malfrat ; parfois l'aspect aventureux du gredin l'emportait sur l'aspect immoral et l'expression en vint à désigner quelqu'un prêt à tout.
 
=== Manche ===
Au Moyen - Age où le tissu coûtait cher, on avait observé que les manches se salissaient (et s'usaient) plus vite que le reste du vêtement. On les fit donc amovibles pour pouvoir les changer sans remplacer l'habit dans son entier. les artisans donnaient ainsi des manches en cadeau à leurs ouvriers d'où l'expression française 'faire la manche' (demander quelque chose comme l'ouvrier qui sollicitait une nouvelle paire de manches )ou le mot italien moderne 'macia' qui signifie officiellement 'pourboire'.
 
Au XIXème siècle, les fonctionaires et les employés aux écritures usaient encore leurs manches sur les bureaux. Ils les protégeaient donc par des "sur - manches" en lustrine qui étaient régulièrement brocardées par les chansonniers. Comme ils étaient également fort sédentaires et que la nourriture n'était pas équilibrée, il craignaient les hémorroïdes et s'en protégeaient en plaçant sur leur siège une espèce de mince bouée de cuir qui évitait une pression trop importante propice à la formation de stases veineuses. Ce peu glorieux accessoire leur valut le nom de ronds de cuir, encore utilisé de nos jours dans le langage familier.
 
=== Pantalon ===
Les mots qui désignent les vêtements sont de ceux qui changent le plus rapidement. Jupe est ancien mais n'a pas toujours décrit la même chose. Emprunté à l'arabe (djubba) au XIIème siècle, le mot désigne initialement un long vêtement de laine que portent garçons et filles sous les vêtements de dessus. Jupon apparaît en 1319 et conserve encore ce sens de vêtement de dessous en français moderne. Jupe-culotte date de 1935, jupette de 1952 et mini-jupe des années 1970. L'idée d'un vêtement qui va de la taille à une certaine distance du sol a d'abord été reprise par les ingénieurs pour désigner le carénage en tôle ajouté au bas des wagons pour améliorer leur aérodynamisme puis par l'industrie automobile pour l'appliquer aux voitures. Les tôliers se sont, quant à eux, inspirés de l'aspect globalement cylindrique du vêtement pour désigner par jupe la partie cylindrique des cuves.
 
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En italien le string se nomme perizoma où zoma vient de zone, mot grec pour ceinture. En géométrie, une zone est une surface allongée comme une ceinture puis, par extension, toute sorte de surface. La zone industrielle est la partie qui entoure la ville.
 
=== Bottines ===
L'origine du mot 'bottes' est incertaine.
 
=== Pyjamas ===
Pyjamas est apparu dans le 'Journal des jeunes personnes' de 1837 avec l'orthographe pyjaamah via l'anglais pyjamas. Le mot est d'origine hindî pae-jama où pae = de jambes et jama = vêtement. Il s'agit initialement d'un vêtement ample et bouffant mais qui ne se porte pas spécialement la nuit.
 
=== Ours ===
L'ours en peluche est né d'une belle histoire. En 1897, Théodore Roosevelt, président des Etats-Unis, participait à une chasse comme cela se faisait à l'époque où les ours constituaient une menace encore réelle pour les habitants de certains états de l'Union. Au cours de cette chasse il épargna un jeune ourson. La presse s'empara de ce fait divers qui témoignait d'une grande sensibilité pour son temps et des artisans mirent sur le marché des petits ours en peluche qui illustraient cet événement. En anglais, ours en peluche se dit aussi teddy boy ou teddy bear où teddy est le diminutif de Théodore.
 
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* la langouste, c'est à dire sauterelle de mer. Langouste vient du latin locusta qui désigne la sauterelle et le mot langouste désigne cet insecte jusqu'au XIIIème siècle. Par la suite le mot provençal sauterelle (exactement salterele) qui le concurrençait depuis 1120, le remplaça pour l'insecte terrestre car il était plus imagé ; langouste se spécialisa alors pour l'espèce marine.
 
=== Blanc - Kaki ===
Les indo-européens connaissent trois couleurs : le blanc, le rouge et le noir. Pour chacune d'elles, leur vocabulaire distinguait de nombreuses nuances en fonction de leur intensité et de leur brillance. Pour le blanc, les Romains utilisaient les mots 'albus' (blanc mat) et 'candidus' (blanc brillant).
 
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Kaki. Le fruit a une couleur qui rappelle le kaki. Pourtant les deux mots n'entretiennent aucune parenté. Le fruit est d'origine japonaise : il fut importé en 1873, en même temps que le mot qui signifie "plante" en japonais. La couleur apparut 25 ans plus tard en français ; le mot est hindî et signifie "poussière". Les hommes de l'armée anglaise des Indes furent les premiers à porter un uniforme de cette teinte qui s'est d'abord écrit khakee en anglais.
 
=== Pied ===
Le mot latin pes / pedis a donné pied en français, foot en anglais et Fuss en allemand. Dans les premières années, les officiers ne se distinguaient pas tant par leurs capacités stratégiques que par la possession d'un cheval. On distinguait ainsi les cavaliers et les piétons (= les fantassins qui vont à pieds) qui constituaient le gros des troupes, mal payées et intermittentes (souvent on ne se battait pas en hiver et les soldats n'étaient pas payés pendant cette période de chômage forcé). Les piétons formaient la piétaille. Le mot se transforma en peon puis en pion (d'où le pion du jeu d'échec qui a moins de valeur que les pièces) et le morpion (= un pou qui mord les pions dont les conditions de vie ne facilitaient pas l'hygiène). Quant au péage, il représente la taxe que les piétons devaient payer pour employer un pont et éviter de franchir la rivière à gué (les chars devaient aussi payer le péage mais ils étaient bien moins nombreux).
 
=== Franc et autres monnaies ou termes associés ===
Lors des premières transactions commerciales, la contrepartie était constituée par du bétail, pecus en latin qui reste présent dans le français pécuniaire. Les Indous utilisent, de la même façon, la roupie qui trouve sa source dans rupâ, le troupeau.
 
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Argent est un terme générique car s'il y eut des pièces en bien des matières (par exemple en cuir chez les Carthaginois) et même si, parfois, la pénurie de métal conduisit à utiliser d'autres suports pour monnayer les échanges (comme les grains de poivre), l'argent est resté le métal le plus prisé, après l'or, pour les monnaies d'importance.
 
=== Gentil - Débonnaire - Ingénu - Méchant ===
Gens est un mot latin très prolifique. Il désigne la famille au sens large et, plus précisément, la lignée noble. Ainsi est gentil quelqu'un de bien né, de bonne famille, d'illustre naissance comme on disait autrefois. Un 'gentil homme' est un noble et le titre de Molière "le bourgeois gentilhomme" était bien compris comme une incompatibilité par la Cour de Versailles. De l'idée de noblesse on passe à celle de justice, de hauteur de vue, de magnanimité, de pardon et de clémence (les vertus, au moins théoriques, du prince). De cette dernière idée on glisse à celle de gentillesse au sens actuel. On remarquera que 'être gentille avec' est une des rares expressions actuelles qui n'a pas le même sens selon qu'elle a pour objet une fille ou un garçon.
 
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Quant au méchant c'est initialement celui qui a de la malchance (XIIème siècle). Malchanceux il devient miséreux. Misérable, il est prêt à tout pour survivre et devient 'enclin à faire du mal' (XIVème siècle) puis le mot a acquis son sens actuel.
 
=== Cigarette ===
Cigaro est un mot espagnol d'origine inconnue né vers 1680 qui ne se répandit en France qu'après les expéditions militaires françaises en Espagne de 1823 et ce sous trois formes : cigarette, cigareto et cigaret. Ces trois mots se firent une âpre concurrence de 1830 à 1840 où cigarette l'emporta définitivement sur ses deux rivaux.
 
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Une séche. Les premières cigarettes étaient confectionnées par les fumeurs eux-mêmes en roulant du tabac dans une feuille de papier à cigarette qu'ils léchaient pour la coller sur elle-même. La cigarette était donc 'mouillée' de salive. Par opposition, une cigarette industrielle était sèche.
 
=== Caresse ===
Carus, en latin, signifiait cher avec le même double sens affectif et financier qu'a ce mot en français, d'où les enchères où l'objet de la vente revient à celui qui le paie le plus cher. En italien, carus a donné caro de même sens et un verbe carezzare qui signifiait chérir mais désignait aussi les gestes de tendresse correspondants et, plus particulièrement les caresses. Le substantif latin correspondant à l'adjectif carus est caritas qui a donné charité, le prochain devant être cher au cœur du chrétien.
 
=== Caniche - Fox - Teckel - Epagneul - Berger allemand ===
Caniche vient de cane, les caniches étant jadis dressés pour ramener sur le bord des étangs les canards tués ou blessés par les chasseurs. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on les tondaient partiellement afin qu'ils ne risquent pas de se noyer sous l'effet de l'eau que leur fourrure absorbe comme une éponge.
 
Plusieurs noms de races de chiens sont liés à l'espèce qu'ils chassaient avec le plus de succès. Ainsi le fox est-il un chien pour la chasse au renard (fox en anglais) et le teckel pour la chasse au blaireau (Dachs en allemand, avec la correspondance habituelle entre le d et le t). Le schnauzer est un mot suisse-allemand qui désigne les moustaches, caractéristique de ce chien. Ces deux derniers mots sont entrés dans la langue française au XXème siècle seulement. L'épagneul est un chien de chasse introduit d'Espagne. Quant au berger allemand il doit son nom à ce qu'un officier allemand ait été le premier à en entreprendre le dressage ; à sa mort, tout son élevage fut conduit sur sa tombe et tous les chiens aboyèrent ensemble pendant une minute (de silence).
 
=== Préféré et autres dérivés du verbe latin fero ===
Avec préféré on retrouve le verbe fero (= porter) qui donne entre autres :
* avec ad (vers) = afférents : les vaisseaux afférents apportent le sang aux muscles
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Enfin puisque le voleur emPORTE les bien qu'il dérobe le vol se disait furtum en latin, mot dont il reste une trace dans le français furtif (qui se fait à la dérobée).
 
= Généralité des mécanismes illustrés ci-dessus =
L'ensemble des mécanismes illustrés ci-dessus se retrouve peu ou prou dans toutes les langues, y compris des langues non européennes. Par exemple si l'on se penche sur le japonais on observe
* que le signe qui signifie repos est à l'origine un homme couché au pied d'un arbre avec son chien couché à coté de lui
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Enfin l'appellation des maffieux (yakuza) signifie mot à mot "8 - 9 - 3", combinaison perdante d'un jeu de cartes. En effet, à l'origine, ces criminels étaient recrutés parmi les plus pauvres et les exclus, c'est à dire les "perdants" de la société.
 
= Organisation des langues de la famille indo-européenne =
 
Quelques remarques sur le tableau donné ci-après.