« La médiation culturelle » : différence entre les versions

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– Hannah Arendt : La crise de la culture
 
Hannah Arendt est née en 1906 .Elle a été l’élève de Jaspers et a passé son doctorat à HEIDELBERG. Elle a quitté l’Allemagne après l’arrivée des nazis et a enseigné aux Etats-Unis. C’est une des figures les plus importantes de la pensée politique contemporaine,notamment grâce à son ouvrage « Les origineorigines du totalitarisme » elle. Elle est également l’auteur de " Essai sur la révolution ", " Eichmann à Jérusalem " ,
" Condition de l’homme moderne ", et " La vie de l’esprit " .
 
La première édition de " La Crise de la Culture " est parue en 1961, et était composée de six essais. La traduction française est basée sur la deuxième édition, parue en 1968 et composée de huit essais complétés d'une préface bien plus importante. Dans cet ouvrage, Hannah Arendt consacre une réflexion à « la crise de la culture ». Elle prédit l’émergence d’une culture de masse, issue d’une société de masse dont l’intérêt ne serait plus dans la culture , mais dans le loisir, le divertissement . Elle évoque également la consommation de masse: « [la société] consommera littéralement les objets culturels, les engloutira et les détruira ».
 
Plus le temps passe, plus on prend conscience que cette prédiction prend tout son sens et que ce que redoutait Hannah Arendt est en train de se produire. Nous tenterons d’exliquer ci -dessous la distinction qu’elle fait entre la culture de masse et la culture cultivée.
 
– La culture de masse
 
Hannah Arendt étudie dans le chapitre «la crise de la culture», le concept de culture de masse, au regard de celui de société de masse, qu'elle avait déjà développé dans les chapitres précédents. Elle tente de nous montrer comment la culture est en contradiction avec la notion de loisirs. En effet, selon elle, la société de masse ne veut pas la culture mais les loisirs, qui sont faits pour «passer le temps». Ce sont des produits de consommation, ils sont donc voués à être détruits, et c’est en cela qu’il faut leur opposer la notion de culture. En outre, si l’on veut comprendre la culture dans la société de masse, il faut se concentrer sur l’artiste. Comme elle nous le dit, il est « le producteur authentique des objets que chaque civilisation laisse derrière elle, comme la quintessence et le témoignage durable de l’esprit qui l’anime ». L’artiste est en opposition avec la société de masse, c’est lui qui crée la culture, puisque c’est lui qui crée les œuvres d’art, objets de culture. L'artiste, à l'inverse du philistin, ne cherche pas de justification utilitaire à son art. Le philistin, qui est une personne qui « juge tout en fonction de l’utilité immédiate et des valeurs matérielles », voit en l’œuvre d’art une utilité, il s’en sert « comme d’une monnaie d’échange avec laquelle il achète une position supérieure dans la société ». Le problème semble venir de la société de masse, selon H. Arendt, puisque lorsque celle-ci s’empare des objets culturels, ils deviennent culture de masse. La culture est donc transformée en produit de consommation afin d’en faire un loisir; elle se trouve donc « détruite pour engendrer le loisir ». Il ne faut cependant pas confondre culture de masse et «diffusion de masse» dont le but est de « persuader les masses qu’un Hamlet peut être aussi divertissant qu’un « My Fair Lady » et par -, d’en modifier le contenu et d’en faire un loisir.
 
– La culture cultivée
 
Un véritable « objet culturel » ne peut pas être un objet de consommation, il ne peut pas être au service d’une fin, combler un sentiment de manque par la destruction de l’objet que l’on consomme (divertir ses ennuis, nourrir ses fantasmes, meubler sa mémoire). En d’autres termes, l’art n’a pas de fonction vitale. Un objet culturel n’est pas créé pour les hommes, mais pour le monde: il est l’élément de construction d’un monde de la permanence (par excellence, tel est le statut d’une œuvre d’art). L’Homme cultivé est celui qui est capable de s’élever à la perception de ce «monde» et d’éprouver le sentiment de s’y mouvoir librement tout en se rapportant à ses objets de manière désintéressée. La culture cultivée est alors transcendante, elle fait l’objet d’une élévation. La culture cultivée fait référence au goût et à la connaissance des produits les plus élaborés et les plus légitimés (ceux qui renvoient à l'idée de création, d'œuvres).
 
Dans les premiers paragraphes de " La Crise de la Culture ", Hannah Arendt pense que dans toute société, il existe une contradiction entre culture du beau et culture de l'utilitaire. Seul ce qui dure à travers les siècles peut revendiquer d'être un objet culturel. En transformant la valeur émotionnelle en valeur d' échange (philistinisme), la culture perd son pouvoir initial de nous émouvoir. L’art ne sert pas en premier lieu à étaler ses connaissances, mais à avoir une réaction émotionnelle. Ainsi, si belles quequ'elles soient, les cathédrales n'ont jamais été construites pour en faire exclusivement des lieux de culte. Une utilité directe aurait pu être rendue dans n'importe quelle bâtisse. Leur beauté transcende tout, elle est faite pour durer à travers les siècles. Il faut donc bien établir une frontière importante entre objet d'usage et oeuvre d'art, indépendamment de leur image visuelle. Lorsque les oeuvres se sont éloignées des sphères de la nécessité, elles prennent de l'importance: elles deviennent des oeuvres d'art. Seules celles-ci ont pour but unique d’apparaître, d’être là. Il faut nous oublier nous -même pour pouvoir apprécier une œuvre d’art et se laisser toucher, porter, par ce qui apparaît.
 
Comme l’affirme Edgar Morin, « tout semble opposer la culture cultivée à la culture de masse: qualité à quantité, création à production, spiritualité à matérialisme, esthétique à marchandise, élégance à grossièreté, savoir à ignorance ».
 
== Conclusion ==