« Philosophie/Travail et technique » : différence entre les versions

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Pour vivre, l'homme a eu besoin d'inventer.
 
laLa nessecitenécessité est meremère de l'invention
 
== Technique et science ==
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== Dissertations ==
- *Les outils inventés par l'homme sont-ils supérieurs aux moyens de défense des animaux?
- *La technique est-elle propre de l'homme ?
 
- La technique est-elle propre de l'homme ?
 
== Bibliographie ==
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PLATON
 
PROTAGORAS. — Il y a eu un temps où les dieux existaient seuls, et où il n'y avait encore aucun être mortel. Lorsque le temps destiné à la création de ces derniers fut venu, les dieux les formèrent dans les entrailles de la terre, en mêlant ensemble la terre et le feu et les deux autres éléments qui entrent dans la composition de ces deux premiers éléments. Mais avant que de les laisser paraîtreparaitre à la lumière, ils ordonnèrent à Prométhée et à Épiméthée de les orner et de leur distribuer toutes les qualités convenables. Épiméthée pria Prométhée de permettre qu'il fît seul cette distribution, à condition, dit-il, que tu l'examineras quand je l'aurai faite. Prométhée y consentit. Voilà donc Épiméthée en fonction. Il distribue aux uns la force sans la vitesse, et aux autres la vitesse sans la force. Il donne des armes naturelles à ceux-ci; et à ceux-là il leur refuse des armes, mais il leur donne d'autres moyens de se conserver et de se garantir. À ceux à qui il donne la petitesse de corps, il assigne les antres, les souterrains pour retraite, ou, en leur donnant des ailes, il leur montre leur asile dans les cieux. À ceux à qui il donne la grandeur en partage, cette grandeur suffit à leur conservation. Il acheva ainsi sa distribution avec le plus d'égalité qu'il lui fut possible, prenant bien garde qu'aucune de ces espèces ne pût être détruite. Après leur avoir donné tous les moyens de se garantir de la violence les uns des autres, il eut soin de les munir contre les injures de l'air et contre les rigueurs des saisons. Pour cela, il les revêtit de poils épais et de peaux serrées très capables de les défendre contre les gelées de l'hiver et contre les ardeurs de l'été, et qui, lorsqu'ils ont besoin de dormir, leur servent de couvertures. [...] Cela fait, il leur assigna à chacun leur nourriture : à ceux-là les herbes, à ceux-ci les fruits des arbres, à d'autres les racines, et il y eut telle espèce à qui il permit de se nourrir de la chair des autres animaux; mais, pour cette espèce, il la rendit peu féconde, et accorda une grande fécondité à celles qui devaient la nourrir, afin qu'elle se conservât.
 
Mais comme Épiméthée n'était pas fort prudent, il ne prit pas garde qu'enfin il avait employé toutes les qualités pour les animaux privés de raison, et qu'il lui restait encore à pourvoir l'homme. Il ne savait donc quel parti prendre, lorsque Prométhée arriva pour voir le partage qu'il avait fait. Il vit tous les animaux parfaitement partagés, mais il trouva l'homme tout nu, n'ayant ni armes, ni chaussures, ni couvertures. Déjà paraissait le jour destiné pour tirer l'homme du sein de la terre et pour le produire à la lumière du soleil; et Prométhée ne savait que faire pour donner à l'homme les moyens de se conserver. Enfin voici l'expédient dont il s'avisa : il déroba à Héphaïstos et à Athéna2 le secret des arts et le feu (car sans le feu cette science ne pouvait être possédée : elle aurait été inutile), et il en fit présent à l'homme. Voilà de quelle manière l'homme reçut la science de conserver sa vie.
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Qu'est-ce que la technique moderne ? Elle aussi est un dévoilement. C'est seulement lorsque nous arrêtons notre regard sur ce trait fondamental que ce qu'il y a de nouveau dans la technique moderne se montre à nous.
Le dévoilement, cependant, qui régit la technique moderne, ne se déploie pas en une pro-duction au sens de la poïesis. Le dévoilement qui régit la technique moderne est une pro-vocation, par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée. Mais ne peut-on en dire autant du vieux moulin à vent ? Non : ses ailes tournent bien au vent et sont livrées directement à son souffle. Mais si le moulin à vent met à notre disposition l'énergie de l'air en mouvement, ce n'est pas pour l'accumuler. (...)
La centrale électrique est mise en place dans le Rhin. Elle le somme de livrer sa pression hydraulique, qui somme à son tour les turbines de tourner. Ce mouvement fait tourner la machine dont le mécanisme produit le courant électrique, pour lequel la centrale régionale et son réseau sont commis aux fins de transmission. Dans le domaine de ces conséquences s'enchaînant l'une l'autre à partir de la mise en place de l'énergie électrique, le fleuve du Rhin apparaît lui aussi, comme quelque chose de commis. La centrale n'est pas construite dans le courant du Rhin comme le vieux pont de bois qui depuis des siècles unit une rive à l'autre. C'est bien plutôt le fleuve qui est muré dans la centrale. Ce qu'il est aujourd'hui comme fleuve, à savoir fournisseur de pression hydraulique, il l'est de par l'essence de la centrale. Afin de voir et de mesurer, ne fût-ce que de loin, l'élément monstrueux qui domine ici, arrêtons-nous un instant sur l'opposition qui apparaît entre les deux intitulés : "Le Rhin", muré dans l'usine d'énergie, et "Le Rhin", titre de cette oeuvreœuvre d'art qu'est un hymne de Hölderlin. Mais le Rhin, répondra-t-on, demeure de toute façon le fleuve du paysage. Soit, mais comment le demeure-t-il ? Pas autrement que comme objet pour lequel on passe une commande, l'objet d'une visite organisée par une agence de voyages, laquelle a constitué là-bas une industrie de vacances.
Le dévoilement qui régit complètement la technique moderne a le caractère d'une interpellation au sens d'une pro-vocation.