« Introduction à la sociologie/L'évolution de la pensée sociologique/Les sociologies contemporaines » : différence entre les versions

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En dehors des frontières des États-unis, la sociologie américaine connaîtra également certains prolongements orientés vers la systémique sociale. Nicklas Luhmann par exemple, un sociologue allemand, en s'inspirant des systèmes auto-référents qui se situent au carrefour de la biologie (Varela et Maturana), de la cybernétique (Wierner) et des théories de l'information (Shannon), tente de reconsidérer la problématique de la différenciation et de l'intégration des systèmes sociaux. Ceux-ci sont définis comme des systèmes autopoïétiques capables de déterminer leur propre structure et de façonner la différence entre eux-mêmes et leur environnement. Ils possèdent en outre un mode de communication propre qui fonctionne grâce à un code binaire (argent : payer/ne pas payer, pouvoir : obéir/ne pas obéir ...). Cet ensemble communicationnel permet à chaque sous-système de s'observer, d'observer son environnement et éventuellement de s'améliorer. Cette amélioration passe aussi par une réduction de la complexité. À la fin de sa vie, Luhmann consacrera une rupture épistémologique avec la philosophie des lumières. Son orientation constructiviste l'amène en effet à prêcher pour le relativisme dans les sciences. Selon lui, la récursivité des relations réciproques d'observation font de la connaissance et de l'observation, des processus empiriques eux-mêmes analysables. Si bien qu'aucune science sociale ne peut revendiquer le monopole de la connaissance. En France, une idée un peu similaire sera développée par Edgar Morin et par les courant qui pensent l'Homme en terme de complexité.
==== L'interactionnisme symbolique et l'ethnométhodologie ====
Enfin, deux autres courants majeurs sont nés après la seconde guerre mondiale aux États-unis. L'interactionnisme symbolique et l'[[ethnométhodologie]]. Les théoriciens qui se rattachent au courant interactionniste, malgré leur divergences, s'entendent généralement sur certains points fondamentaux qui constituent la base de toutes leurs recherches :
#La production d'une identité individuelle ou sociale se forge au contact d'autrui, plutôt que sur les seuls contacts individuels (Georges H. Mead),
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Si la sociologie américaine a dominé la sociologie européenne après la seconde guerre mondiale (elle sera introduite en France par des sociologues partis se former là-bas : Crozier, Touraine, Boudon, Morin, ...), au cours des années 80 et 90, le pôle tend à se déplacer lentement vers l'Europe, et le « boom » intellectuel des années 50 et 60 laisse place à des recherches plus encadrées. Cependant en ce début de 21ème siècle, elle semble s'être engagée dans une nouvelle dynamique qui prend trois directions complémentaires : la sociologie des genres, la sociologie historique et la sociologie économique.
 
=== La pensée structuraliste et marxiste en Europe. ===
La sociologie européenne ressort très affaiblie de la seconde guerre mondiale. Elle va se reconstruire au cours des années 50 et 60 essentiellement autour de deux courants : le structuralisme et le marxisme. Cependant, d'autres courants joueront bien entendu un rôle important. Citons à titre d'exemple la sociologie du travail, la phénoménologie, la psychanalyse, l'existentialisme, la psychologie piagétienne, l'ethnologie, etc. Sur la base de cette prolifération de courants et de théories périphériques, de nombreux croisements verront le jour. Je mentionne à cet égard un ouvrage au titre qui me semble évocateur : « Marxisme et structuralisme », (Lucien Sebag, 1964). Parmi ces diverses synthèses, l'actionnalisme d'Alain Touraine occupe une place à part, puisqu'il conserve encore aujourd'hui une place très importante dans l'institution universitaire française.