Physiologie de l’imagination et du langage : les représentations et l’imagination

Exemples

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Lorsque la nuit quelqu’un regarde le ciel étoilé, un image du ciel est projetée au fond de chacun de ses yeux. Les photographies, les cartes géographiques et les dessins figuratifs sont aussi des représentations. Plus généralement n’importe quoi peut être une représentation pourvu qu’il serve à représenter quelque chose. On peut inventer des systèmes de codage avec lesquels n’importe quel phénomène peut être utilisé pour représenter n’importe quel autre.

L’utilisation des informations

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Une représentation est un support d’informations. Le problème de la liaison entre les capteurs et les effecteurs permet de préciser cette notion. Un être reçoit des informations sur d’autres êtres lorsque ses sens lui permettent de s’adapter à eux.

Il y a de nombreuses formes de représentation du réel parce qu’il y a de nombreuses façons de s’adapter au réel représenté. Comprendre l’utilisation des représentations est difficile : comment passe-t-on d’une représentation de son environnement aux commandes musculaires qui permettent de s’y déplacer commodément ? Comment passe-t-on de la carte du territoire à la commande des actions ?

La représentation des fins

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Les systèmes finalisés peuvent représenter les fins qu’ils cherchent à atteindre. Dans ce cas la représentation existe avant ce qu’elle représente. Le problème consiste alors à comprendre comment on passe de la représentation d’une fin aux actions destinées à l’atteindre, du désir aux efforts en vue de son accomplissement.

La magie de la volonté

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La volonté a quelque chose de magique. Tant qu’on n’est pas trop exigent, il suffit de vouloir pour obtenir. On peut passer d’une façon automatique de la représentation de l’action souhaitée à son exécution. Pour les fins aussi on peut voir la représentation comme un support d’informations, mais il s’agit d’informations hypothétiques sur un but fixé mais pas encore atteint.

La représentation des possibles

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On peut définir l'imagination par la capacité à faire des projets, à anticiper les conséquences de ses actions et à se décider en fonction de ses prévisions. Avec cette définition les êtres humains sont les animaux dont l'imagination est la plus remarquable, mais d'autres espèces en sont aussi dotées, dans une moindre mesure. Les ordinateurs également sont capables d'anticiper des conséquences pour résoudre des problèmes et font donc preuve d'imagination, au sens qui est défini présentement. Les représentations sont dans ces cas des supports d’informations sur des possibilités. Elles permettent de choisir parmi les possibles ceux qui conviennent le mieux aux fins recherchées.

Faire des projets et prévoir des conséquences est une façon d’utiliser des représentations. C’est une méthode générale. On peut l‘appliquer à tous les problèmes concrets. La plupart des animaux n'ont pas ou peu d'imagination et ont en conséquence une efficacité limitée. Ils sont doués pour résoudre un ensemble très réduit de problèmes, ceux qui sont liés directement à leur survie, mais ils sont complètement incompétents dans tous les autres cas. En revanche la puissance de l’imagination n’est pas a priori limitée. Elle peut s'appliquer à tous les problèmes. Elle explique la supériorité technique des humains sur tous les autres animaux.

La prévision

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Il ne suffit pas d’imaginer des possibilités, il faut être capable de les sélectionner, de choisir les meilleures, et pour cela il faut être capable de prévoir les succès et les échecs. L’imagination est donc une façon très sophistiquée de résoudre le problème de la liaison entre les capteurs et les effecteurs. La représentation de nombreux possibles est efficace seulement si elle est associée à des techniques de prévision. Pour comprendre l’utilisation de ces représentations, il faut comprendre ces techniques.

Même des animaux dépourvus d’imagination ont des facultés de prévision, parce que pour optimiser la vivacité de leurs gestes par exemple ils doivent anticiper les réactions de leur environnement. On peut alors supposer que la capacité à examiner des possibles s’est développée après que des capacités d’anticipation se soient perfectionnées pour la rapidité ou pour agir de façon préventive. L’anticipation aurait alors acquis progressivement une nouvelle fonction, non plus anticiper les conséquences des conditions présentes mais celles de conditions imaginées.

La représentation des êtres abstraits

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La représentation des êtres abstraits est un peu plus difficile à comprendre mais dans ce cas aussi les représentations peuvent être considérées comme des supports d’informations. Les abstractions ont du sens lorsqu’elles sont reliées à des êtres concrets, lorsque les informations sur des êtres abstraits peuvent être utilisées pour agir sur une réalité observable.

Les techniques d’utilisation des représentations ne sont pas limitées a priori. Toute nouvelle façon d’utiliser des informations peut introduire de nouvelles formes de représentation.

L’efficacité technique des représentations

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L’efficacité technique en tant que support d’informations fait qu’une représentation est une représentation.

L’insistance sur l’efficacité peut sembler ici exagérée. Nous avons beaucoup de représentations qui n’ont aucune utilité. Il n’y a pas de sens à parler d’efficacité pour le simple plaisir de la contemplation. Cependant la contemplation est au point de vue biologique une sorte de luxe, ce qui d’ailleurs n’enlève rien à sa valeur. Si on veut comprendre pourquoi les cerveaux produisent les représentations qu’ils produisent, pourquoi ils le font de cette façon et pas autrement, il vaut mieux s’interroger sur l’efficacité des représentations que sur le plaisir de la contemplation, pour la raison suivante.

Quand un animal dépense beaucoup d’énergie pour quelque chose, c’est le cas de la production cérébrale des représentations, il y a lieu de s’attendre à ce que cela soit lié à des impératifs de survie, ce qui n’est pas le cas du plaisir de la contemplation. Les représentations conscientes n’ont pas toujours une utilité parce qu’on ne sait pas toujours discerner par avance celles qui en ont et celles qui n’en ont pas. Mais il serait surprenant qu’il y ait des techniques cérébrales de production de représentations qui n’aient systématiquement aucune utilité. La physiologie montre que presque tout dans les êtres vivants joue un rôle dans sa survie.

Aborder les problèmes de la nature de l’intelligence, de la représentation et de l’imagination à partir de leur efficacité, c’est en faire des problèmes techniques, c’est les mettre à la portée des méthodes d’études des sytèmes techniques. Comment ça marche ?