Physiologie de l’imagination et du langage : le déterminisme et la volonté

Le déterminisme n’est pas incompatible avec une théorie de la volonté

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Au premier abord on croit en général que le déterminisme est incompatible avec la liberté, parce que si tout est écrit d’avance il n’y a pas de sens à faire des choix. Quand on choisit, on suppose toujours que l’avenir est ouvert, qu’il y a plusieurs possibilités, qu’il n’est donc pas écrit d’avance.

Pour réconcilier le déterminisme et la liberté de choisir il faut se placer à un point de vue plus élevé : nous sommes déterminés à être libres, à délibérer, à choisir, à faire preuve de volonté. De ce point de vue une théorie déterministe des êtres libres n’est pas insensée, pourvu qu’on prenne en compte leur capacité à délibérer. À propos de ce point de vue élevé, Leibniz donnait l’exemple de guerriers dont la réputation était d’aller au combat en croyant que la victoire ou la mort étaient écrites d’avance. Cette croyance était supposée les rendre plus féroces. Autrement dit, ils étaient déterminés par leur croyance à être plus féroces.

La finalité des mécanismes

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Le problème de l’incompatibilité apparente entre le déterminisme et la volonté libre fait parfois croire qu’une théorie des mécanismes ne peut pas rendre compte de la finalité, parce qu’on suppose par anthropomorphisme qu’un être qui veut des fins est libre de choisir les moyens. On peut pourtant développer une théorie mécanique, déterministe, des systèmes désirants. C’est même quelque chose qui est reconnu par le sens commun, parce que dans l’accomplissement d’un désir, il y a souvent comme une fatalité.

Tous les êtres vivants poursuivent des fins et rien n’empêche de croire que les théories déterministes leur soient applicables. Il y a un sens à dire qu’ils poursuivent des fins parce qu’ils s’adaptent à des circonstances très variées pour les atteindre.

Dans l’usage courant les limites entre les notions d’appétit, de désir, d’intention et de volonté ne sont pas précisément tracées. Peut-être vaut-il mieux réserver la notion de désir aux systèmes qui ont des émotions conscientes et les notions de volonté et d’intention aux êtres qui sont en plus libres et rationnels, c’est à dire capables de raisonner avant de décider. Mais dans tous les cas, les systèmes poursuivent des fins.

Le problème pour une théorie de la volonté ne vient pas de l’incompatibilité superficielle entre le déterminisme et les fins mais de celle entre la matière et la conscience.