- Mort -
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Une idée sans objet ?

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L'idée que nous pouvons nous faire de la mort est à première vue purement négative : biologiquement, la mort est l'état définitif d'un organisme qui a cessé de vivre ; pour l'individu, c'est la fin de son existence. Il n'y a rien au-delà de ce terme définitif dont nous puissions faire l'expérience, car, pour nous, avoir une expérience, sentir, penser, supposent toujours la vie. La mort n'est donc pas l'objet d'une intuition, et, si elle est quelque chose, nous ne pouvons nous la représenter autrement que comme un état de non-vie ou de non-conscience.

Que pensons-nous quand nous pensons la mort ?

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L'idée de la mort n'est pourtant pas dépourvue de sens, mais ce sens ne nous éclaire pas tant sur ce qu'est la mort, que sur ce que nous en pensons en tant qu'êtres vivants.

Pour un être dont la mort est une certitude, et qui a conscience que sa fin est inéluctable et imprévisible, la pensée de la mort est en effet d'abord une pensée de la vie.

La mort n'étant pas une expérience demeure une idée, un objet de spéculations qui nourrit l'imagination. Nous ne pouvons avoir de certitude à son propos. C’est pourquoi la réflexion sur la mort est fondamentalement liée à celle sur l’existence. Selon que l’on croit à un anéantissement par la mort ou au contraire, à la mort comme point d’accès vers l’au-delà, le sens donné à son existence peut être très différent.

Une pensée de l'inéluctable

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Quoi que je fasse, où que je sois, je mourrai. Chacun d’entre nous, s’il pense à la mort, se pense comme mortel. La mort est constitutive de l’existence.

Ce savoir nous donne en partage un sentiment d’impuissance fondamentale (égalité de tous les êtres devant la mort, « fond fraternel de la mort » selon l'expression de Malraux).

Un sujet de spéculations

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Nous savons que nous mourrons, mais nous ne savons pas vraiment ce que cela signifie, ni même si cela signifie quelque chose.

Les religions et la philosophie ont imaginé plusieurs significations, dont les trois suivantes, très répandues :

  1. le néant, fin définitive de l'existence ;
  2. le néant, suivi d'une renaissance sous une autre forme terrestre, ou sous la même forme ;
  3. l’accès à l’immortalité, dans un autre monde.

Ces conceptions de la mort déterminent des réponses à la question de savoir comment mener notre vie : faut-il jouir de l'existence, sans se soucier de la mort ? Ou, au contraire, faut-il passer sa vie à préparer sa mort ? Et, s'il y a quelque chose après la mort, cela peut-il définir des devoirs ou des valeurs à respecter pour mener ma vie ?

Que faire en attendant la mort ?

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« Jouir de son existence mortelle » (Épicure)

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Selon Épicure, la crainte de la mort est inutile et infondée : la mort n’existe pas tant que nous vivons et nous n’existons plus quand elle est là. Il identifie la mort à une perte de sensations et en conclut donc qu’il faut jouir de son existence mortelle et non souffrir à l’avance pour une souffrance (celle de la mort) qui n’existe pas.

Épicure rejette la tradition orphique, reprise par Platon, qui croit à la survie et au jugement de l’âme. L’homme qui s’attache à vivre pour atteindre le paradis après sa mort, oublie trop souvent d’être heureux ici bas.

La philosophie d'Épicure apparaît séduisante. Néanmoins, il occulte tout le côté affectif. Il n’évoque aucunement la fin de la vie, la possible déchéance… Par ailleurs, il semble oublier que, même si nous demeurons vivants et si la mort ne nous fait pas souffrir en elle-même, c’est bien souvent la mort des autres, celle de nos proches, qui nous angoisse et nous fait souffrir.

Apprendre à mourir

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Selon Épictète, un des grands stoïciens de la Rome antique, pour l’homme sage, il suffit de distinguer :

Ce qui dépend de nous :

  • opinions
  • pensées
  • désirs

... de ce qui n'en dépend pas :

  • santé, intégrité physique
  • argent, biens matériels
  • autrui
  • la gloire et l'honneur
  • la vie, l'amour, la mort

Le sage doit consacrer ses efforts à ce qui dépend de lui et conserver une position d’indifférence face à ce qui ne dépend pas de lui, c'est-à-dire qu'il ne cherche ni à l’acquérir, ni à le fuir.

« Philosopher, c’est apprendre à mourir » (Socrate) Le sage présente une certaine résignation, voire une résignation certaine face aux événements qui ne dépendent pas de lui, en particulier la mort. Pour Sénèque, faire de la philosophie, c’est dépasser sa condition mortelle, donc apprendre à mourir… Épictète pense que c’est par nos craintes et nos peurs que nous rendons la mort terrifiante. Nous ne pouvons certes éviter la mort mais nous pouvons éviter de la craindre, puisqu’elle est de toute façon inévitable !

Sujets de dissertation

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  • La mort est-elle dans la nature des vivants ?
  • Le rôle de la philosophie est-il de nous faire oublier la mort ?
  • La mort est-elle pensable ?
  • La pensée de la mort a-t-elle un objet ?
  • La conscience du temps est-elle séparable de celle de la mort ?
  • Penser la mort, est-ce un moyen d'échapper à la mort ?
  • La mort abolit-elle le sens de notre existence ?
  • La mort ôte-t-elle tout sens à l'existence humaine ?
  • La mort ajoute-t-elle à la valeur de la vie ?
  • Peut-on penser la vie sans référence à la mort ?
  • La mort est-elle un accomplissement de l'existence ?
  • La certitude d'être mortel est-elle un obstacle à mon bonheur ?
  • La certitude de la mort condamne-t-elle l'homme au désespoir ?
  • La religion est-elle fondée sur la peur de la mort ?
  • Dieu est-il mort ?
  • La passion peut-elle se comprendre comme un défi à la mort ?
  • Peut-on triompher de la mort?
  • Peut-on vouloir être immortel ?
  • Que faut-il penser de cette affirmation : « Nous savons que nous sommes mortels, mais nous ne le croyons pas » ?
  • Y a-t-il un sens à craindre la mort ?
  • Pouvons-nous vivre heureux malgré le spectre de la mort?
  • Est il possible de dire que la philosophie nous fait mourir?

Notions liées

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