Pathologie/Pathologie générale/Vieillissement et sénescence

Le vieillissement est l'ensemble des phénomènes marquant l'évolution d'un organisme vivant vers la mort. Il s'agit d'un phénomène complexe résultant d'interactions génétiques, métaboliques, hormonales, immunologiques et structurales agissant sur les organes, les tissus et les cellules.

Les lésions du vieillissement

modifier

Il s'accompagne :

  • 1. de lésions distinctives, considérées comme non pathologiques (ex : accumulation de lipofuscines dans les cellules à faible taux de renouvellement, comme les cellules myocardiques ou les neurones). Ces lésions caractérisent la sénescence (ou « vieillissement

primaire »);

  • 2. de lésions témoignant de maladies dont la fréquence augmente chez les personnes âgées. Ces

lésions caractérisent le « vieillissement secondaire ». Certaines de ces maladies s'observent systématiquement au cours du vieillissement (ex : cataracte) dont ils paraissent dépendre exclusivement. D'autres peuvent ne pas être observées chez des personnes très âgées et paraissent liées à de multiples facteurs de risque, dont l'âge.

  • 3. La distinction entre les lésions du vieillissement primaire et celles du vieillissement secondaire, comme entre les maladies dépendant exclusivement de l'âge et celles qui sont aussi liées

à d'autres facteurs de risque est, en fait, parfois difficile à établir.

Mécanismes du vieillissement

modifier

Le mécanisme du vieillissement reste encore largement inconnu. Chaque espèce est caractérisée par une durée maximale de vie (115 à 120 ans chez l'homme). Chaque type cellulaire a un nombre limité de possibilités de mitoses en culture « in vitro » (autour de 50 cycles pour des fibroblastes humains), qui diminue lorsque l'individu vieillit.

De multiples théories ont été proposées. Les unes font appel à l'usure du métabolisme cellulaire : erreurs cumulées catastrophiques de traduction ou de post-traduction (portant par exemple sur la glycosylation), perte de la résistance aux radicaux libres, dysfonction des protéines du choc thermique, des mitochondries, ou encore accumulation progressive de déchets toxiques (mais les lipofuscines accumulées au cours du vieillissement ne paraissent pas néfastes). D'autres théories sont basées sur le génome : programmes génétiques de sénescence modulés par des gènes de longévité, erreurs de la réplication de l'ADN (mutations somatiques), perte de l'ADN télomérique et anomalies de la réparation de l'ADN ... Aucune d'entre elles ne paraît, à elle seule, pouvoir expliquer l'ensemble des faits.

La cellule senescente

modifier

Les fonctions de la cellule âgée déclinent progressivement (notamment la synthèse de l'ADN, de l'ARN, des protéines de structure et des enzymes, les fonctions mitochondriales, et la réparation chromosomique).

D'autre part, des résidus métaboliques s'accumulent. Morphologiquement, la cellule peut être atrophique (atrophie cellulaire (voir page 182)), comporter de multiples inclusions de lipofuscines, des mitochondries anormales ou bien, dans certains types cellulaires, des inclusions plus spécifiques (par exemple, l'accumulation de formes anormalement phosphorylée d'une protéine associée aux microtubules, la protéine tau, réalise les dégénérescences neurofibrillaires des neurones vieillissants et de la maladie d'Alzheimer). Dans la majorité des cas, pourtant, la cellule âgée est morphologiquement peu différente d'une cellule jeune.

vieillissement tissulaire

modifier

1. Le système immunitaire La baisse de la fonction immune (portant notamment sur les lymphocytes T) s'accompagne, paradoxalement, d'un plus grand nombre d'infiltrats lymphocytaires dans la moelle osseuse et d'autres tissus, ce qui pourrait être rapproché de la plus grande fréquence des maladies autoimmunes chez les personnes âgées. 2. Le système nerveux De multiples régions du cerveau sont le siège d'une perte neuronale. Des dégénérescences L’anatomie pathologique 2002 - 2003 Anatomie pathologique - Charles Duyckaerts, Pierre Fouret, Jean-Jacques Hauw 17/202 neurofibrillaires (par accumulation de protéine tau anormalement phosphorylée dans le cytoplasme des neurones) affectent la formation hippocampique dès 50 ans en moyenne. Lorsqu'elles atteignent le néocortex (80 ans, en moyenne), elles s'accompagnent souvent de troubles des fonctions intellectuelles. Les plaques séniles sont dues à l'accumulation dans l'espace extracellulaire d'un peptide anormal (appelé Abeta), parfois entouré de prolongements nerveux comportant des protéines tau anormales.

  • 3. Le système vasculaire

L'athérosclérose, et plus encore l'artériolosclérose (notamment cardiaque, rénale, cérébrale, splénique) sont liées au vieillissement.

  • 4. Les systèmes cutané (atrophie du derme), endocrinien (insuffisance polyendocrinienne portant notamment sur l'hormone de croissance et les hormones sexuelles), rénal (fibrose et perte

glomérulaire) et respiratoire (distension alvéolaire) sont aussi notablement affectés.

Vieillissement accéléré

modifier

Un vieillissement accéléré a été décrit dans certaines maladies génétiques :

  • lE progeria (dont les signes sont précoces) est due à une anomalie génétique inconnue ;
  • le syndrome de Werner (plus tardif) est lié à des anomalies variées d'un gène localisé au chromosome 8 qui code une hélicase de l'ADN. Les lésions (qui portent notamment sur la peau et les systèmes vasculaire et endocrinien)

ne reproduisent en fait que partiellement celles du vieillissement.