Palais des Beaux-Arts de Lille/Rénovation et extension

Avant même d'être terminé, le nouveau bâtiment de pierre impressionne par sa taille et sa qualité architecturale. Il est un contrepoids architectural à la préfecture qui lui fait face. Mais il est trop humide et il connaitra deux guerre mondiales. Il connaîtra de multiples phases de rénovations de salles, de départements et à deux reprises de la presque totalité du bâtiment.

Au cours des travaux de rénovation du Palais des beaux-arts de Lille (1991-1997), creusement et construction d'un sous-sol et de l'Auditorium, sous l'ancien parvis
Le palais vu du dessus, de trois-quarts face, ses deux ailes et au fond le bâtiment lame en verre.
Maquette simplifiée du palais des beaux-arts après sa rénovation la plus récente.

Après la construction, les conservateurs constatent rapidement que les collections souffrent d'un manque de chauffage en hiver et d'une ventilation insuffisante. La ville est une ancienne île et sous le musée, la nappe est proche, qui rend le bâtiment trop humide, exposant les œuvres à une hygrométrie excessive, qui dégradent rapidement les œuvres les plus fragiles, notamment en hiver.
Dès novembre 1894, le département des dessins est fermé puis, l'année suivante, l'ensemble des collections.

En 1896, un changement de municipalité est marqué par l'élection de Gustave Delory. Le nouveau conseil municipal débloque l'argent nécessaire à la conduite de travaux d'isolation et d'amélioration du chauffage. Le musée réouvre ses portes au public début 1898[1].

Durant la Première Guerre mondiale le Nord de la France et la Belgique se trouvent au cœur des combats.
Lille n'est pas la ville la plus touchée par les désastres de la guerre (d'autres comme Lens ou Bailleul sont entièrement rasées), mais le bâtiment est assez gravement endommagé par plus de 70 obus ayant en partie détruit les salles. Et de nombreuses vitres manquent[2]. Heureusement une grande partie des collections avaient été déménagées et cachées.

Des documents d'archives (archives départementales) montrent que l'une des premières demandes du Préfet après l'[[w:Armistice|armistice] est qu'on lui envoi de trains de viande congelée et de carton goudronné et de papier bitumé, car l'hiver arrive et alors que de nombreux habitants cherchent à revenir chez eux, la plupart des maisons de Lille (pour celles qui n'ont pas été entièrement détruites) n'ont plus de vitres et ont des toitures souvent très dégradées.

Le palais fait l'objet d'une première rénovation (mise hors d'eau) dès la fin 1918, puis de travaux de restauration de grande ampleur ; il ne pourra ré-ouvrir ses portes qu'en août 1924[3].

De 1933 à 1935, la cour intérieure du bâtiment est couverte pour en faire un atrium de 1 600 m2 (tel qu'il existe encore aujourd'hui)[4].

Plus tard, dans les années 1960-70, des travaux de réhabilitation relativement importants sont mis en œuvre : ravalement de la façade noircie par les suies de véhicules et des chauffages au charbon, les pluies acides.. Une réfection de la toiture et des installations électriques est faite [5].

En 1975, le palais est inscrit à l'inventaire des monuments historiques[6].

À la fin des années 1980, son état de vétusté, combiné à l'arrivée et à l'installation à Lille des plans en relief des villes fortifiées par Vauban venus de Paris, pousse la ville à engager sa rénovation complète.

Un concours d'architecture est lancé en 1989. Deux ans plus tard (en 1991) les travaux sont confiés aux architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart[7]. D'un montant total de 220 millions de francs, leur réalisation dure six ans, pendant lesquels le musée est fermé[8].

Le musée rouvre ses portes au public le 7 juin 1997, en présence du Président de la République, Jacques Chirac[9]. Cette rénovation s'est accompagnée de la construction d'un nouveau bâtiment en verre, lauréat de l'Équerre d'argent en 1997[10], dans lequel se reflète l'arrière du palais, qui abrite les services administratifs, le cabinet des dessins, l'association des amis du musée et un restaurant (fermé aujourd'hui). Elle a aussi permis de créer une nouvelle salle de 700m2 sous la cour intérieure, couverte d'un jeu de grandes dalles de verre qui laissent passer une lumière zénithale. Cette salle est destinée aux expositions temporaires ou à des ateliers de restauration (c'est là que les « Belles du nord » ont été en 2016 restaurées).
Enfin, dans le palais même, les travaux ont permis d'aménager les espaces consacrés aux départements des plans en relief en sous-sol et de la sculpture du XIX{{{2}}} siècle au rez-de-chaussée. Deux grands lustres du designer italien Gaetano Pesce, qui projettent une lumière multicolore dans l'espace d'accueil des visiteurs, ont également été installés dans les pavillons d'entrée[9]. Pendant les travaux, près de 700 œuvres ont aussi bénéficié d'une campagne de restauration, conduite par le service de restauration des musées de France[11]. Une exposition temporaire des pièces les plus spectaculaires du musée est par ailleurs organisée au Metropolitan Museum of Art, d'octobre 1992 à janvier 1993[12].

Le musée abrite désormais, sur plus de 22000 mètres carrés, dont 12000m2 de surface d'exposition[13], la seconde plus grande collection d'œuvres de France (sculptures, peintures, dessins, céramiques…) après celle du Louvre[14].

Pour 2008, le Journal des Arts l'a classé en septième position sur 361 musées français (premier musée de province)[15]. Le palais des beaux-arts a reçu 226 367 visiteurs cette même année[16]. Il est classé huitième en 2012, second musée de province après le LaM de Villeneuve-d'Ascq, juste avant la Piscine à Roubaix[17].


Notes et références modifier

  1. Eusébia Garit, « Du musée Rihour au palais des beaux-arts de Lille : Alfred Agache (1843-1915), peintre, conservateur et témoin actif », dans Lille simplement, Bulletin de l'Association des amis de Lille, no 4, décembre 2013, p. 1-24 .
  2. Dupuis 2014, p. 24.
  3. Michèle Clarebout-Adamczyk, « La grande misère du musée de Lille. Émile Théodore, un conservateur exemplaire pendant la Grande Guerre », dans Revue du Nord, vol. 2014/1, no 404-405, 2014, p. 241-270 [texte intégral (page consultée le 3 mai 2015)] .
  4. Tapié|Bouttemy|Castier|Delgrange|2006|p=12.
  5. Musée des Beaux-Arts, Lille et The Metropolitan Museum of Art 1992, p. 35.
  6. Base Mérimée : PA00107719.
  7. (en) « Palais des beaux-arts de Lille », sur www.ibosvitart.com (consulté le 3 mai 2015).
  8. Olivier Ducuing, « Le Palais des beaux-arts de Lille s'apprête à rouvrir ses portes », dans Les Échos, 03 juin 1997 [texte intégral (page consultée le 3 mai 2015)] .
  9. 9,0 et 9,1 « Le palais des beaux-arts de Lille rouvre ses portes », dans Lettre d’information du Ministère de la Culture, no 11, 25 juin 1997, p. 2-5 [texte intégral (page consultée le 3 mai 2015)] .
  10. « Équerre d’argent : Palais des Beaux-Arts, Lille », dans Le Moniteur, no 4911, 09 janvier 1998 [texte intégral (page consultée le 3 mai 2015)] .
  11. « La réouverture du Palais des beaux-arts de Lille », dans Museum International, vol. L no 2, no 198, 1998, p. 60-61 [texte intégral (page consultée le 3 mai 2015)] .
  12. Musée des Beaux-Arts, Lille et The Metropolitan Museum of Art 1992.
  13. « Un musée ouvert sur la ville » (consulté le 8 mai 2015)
  14. Valérie Pfahl, « 1885 : premier coup de pelle pour les Beaux-Arts », sur www.lille.fr (consulté le 8 mai 2015).
  15. « Classement général 2009 », dans Le Journal des Arts, no 305, 12 juin 2009 [texte intégral (page consultée le 3 mai 2015)] .
  16. « Musées de France, fréquentation », sur www.culturecommunication.gouv.fr (consulté le 3 mai 2015).
  17. « Le Nord se distingue avec ses musées », dans 20 minutes, 28 juin 2012 [texte intégral (page consultée le 3 mai 2015)] .