Palais des Beaux-Arts de Lille/Acquisitions

Sainte-Marie-Madeleine (Marie de Magdala) en extase, huile sur toile de Rubens, conservée par le Palais des beaux-arts de Lille (don de l'Etat à la ville de Lille fait en 1803 parmi un lot de 46 œuvres qui s'ajoutent au fonds lillois aujourd'hui conservé par le Palais des Beaux-Arts de Lille).
Remarque : une [copie du 18ème siècle inspirée par ce tableau], faite par Isidore-Ernest-Joseph Bonnier de Layens (né à Lille le 8 décembre 1792 et mort à Paris le 20 août 1877), peintre français qui a aussi été été conservateur du Palais des beaux-arts de Lille de 1828 à 1842 est conservée à l'Église Sainte-Marie-Madeleine de Lille

Contexte sociopolitique modifier

1795 vit encore les soubresauts de la période d'ébullition révolutionnaire ; C'est l'année de la fin de la guerre de Vendée, du rétablissement de la Liberté religieuse, de l'insurrection du 12 germinal an III39 puis de 'insurrection du 1er prairial an III39 (avec suppression du tribunal révolutionnaire). Les émigrés débarquent à Quiberon et comptent bien récupérer leurs anciens biens. La Marseillaise est déclarée chant national.
1795 voit aussi naitre la constitution de l'an III, connait l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV, la dissolution de la Convention et le début du Directoire)...

Création d'une collection initiale, par Watteau modifier

En 1795 Le peintre Louis Watteau recense plus d'un demi-millier (583 exactement) tableaux dans le couvent des Récollets de Lille.
Parmi ces tableaux il en retient 382 dignes qui selon lui méritent d'être « conservés pour l'instruction » dont notamment Le Christ en croix (ou Le Calvaire) et Le Miracle de saint Antoine de Padoue à Toulouse d'Antoine van Dyck ou du couvent des Capucins, la Descente de Croix et Saint François recevant l'Enfant Jésus des mains de la Vierge de Rubens ou encore de l'église Sainte-Catherine, Le Martyre de sainte Catherine, également de Rubens.

Conformément au goût dominant de l'époque, il classe cependant les primitifs flamands et certains triptyques religieux comme « sans intérêt »[1].

A cette même époque, une partie des œuvres collectées par les révolutionnaires est restituée aux émigrés. De même, dès la mise en place du Concordat, une centaine de tableaux (97 exactement) sont également rendus (ou revendus) aux églises de la ville et des environs[2].

XIXème siècle : dons de l'Etat (1803) et achats de la ville modifier

Au tout début du XIXème siècle, en 1803, 46 œuvres "dons de l'État" s'ajoutent au fonds lillois. On y compte notamment un grand tableau de Sainte Madeleine en extase de Rubens ainsi que La Nativité de Philippe de Champaigne. Pendant les dix années qui suivent, le fonds semble en déshérence et, en 1813, Jean-Marie Valentin-Duplantier, préfet du Nord, nomme une commission afin de mettre à part les toiles dignes d'être conservées et de vendre les autres. 354 tableaux sont ainsi vendus pour la somme dérisoire de 1 365,5 francs, soit 3,9 francs par tableau[3].

À partir des années 1830, le fonds se reconstitue lentement, par quelques achats de la ville et de nouvelles œuvres données par l'État, dans le goût du temps, comme Jeanne la folle de Charles de Steuben en 1836, mais aussi Médée furieuse de Delacroix en 1838. Il est ensuite fortement enrichi, à partir des années 1850, par les acquisitions du premier grand conservateur du musée, E Reynart[4]. Parmi les œuvres majeures, ces acquisitions comprennent notamment La Tentation de Saint Antoine de w:fr:David II Teniers, L’Ascension des élus de Dirk Bouts, Cache-cache de Corot, Bélisaire demandant l'aumône de David, L'Après-dînée à Ornans de Courbet, Les Jeunes (ou La Lettre) et Les Vieilles (ou Le Temps) de w:fr:Francisco de Goya.
Son successeur à partir de 1879, w:fr:Auguste-Joseph Herlin, poursuit cette tâche et acquiert notamment Saint Jérôme de José de Ribera, Le Piqueur et ses chiens et la Tentation de la Madeleine de Jacob Jordaens et Le Sommeil de Puvis de Chavannes. En 1893, à la fin du mandat d'Herlin, le catalogue des tableaux du musée fait état de 169 dons du gouvernement et de 265 achats par la ville[5].

Collection numismatique modifier

En 1824 les numismates de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille décident de créer avec et pour le Musée une « Collection numismatique »

Cette collection est fortement enrichie par l'acquisition par le musée de la « collection Vernier » (qui inclue plus de 1 700 pièces flamandes d'or, d'argent et de bronze)[6].

En 1911, le musée fait l'acquisition d'une collection de matrices de sceaux et d’objets héraldiques constituée par Victor Delattre[7].

La Première Guerre mondiale, pendant laquelle le palais des beaux-arts est réquisitionné par les forces allemandes dès leur entrée dans la ville[1], Dans les années 1920 la région se reconstruit et la ville n’a plus de budget à consacrer aux œuvres d’art (hors monuments aux morts et commémoratifs), ce qui ouvre rupture (qui durera d'une cinquantaine d'années) dans la politique d'acquisitions du musée. Il faut attendre les années 1950-1960 pour une reprise des achats, après la Seconde Guerre mondiale, avec notamment

  • l’acquisition de quelques œuvres modernes avec dans les années 1950, Le Borinage de Marcel Gromaire en 1952[8] ou Femmes au vase bleu de Fernand Léger en 1955[9].
  • l’acquisition d’œuvres anciennes de peintres régionaux ou flamands

l'achat de la Mise au tombeau de Pieter Lastman [10], de Nature morte avec une chienne et ses petits de Frans Snyders en 1969[11], du Naufrage de Jonas de Paul Bril en 1976[12] ou de La Sainte Famille de Frans Floris en 1978[13] En 1983, w:fr:Pierre Mauroy, alors Premier ministre, souhaite accueillir à Lille la maquette de la ville entreposée dans les combles des Invalides depuis 1777. w:fr:Jack Lang, ministre de la Culture, propose que l'ensemble de la collection soit transférée à Lille au titre de la décentralisation, 40 plans-reliefs sur 100 concernant des villes du Nord, de Belgique et des Pays-Bas[14]. Dans une lettre d'octobre 1984, le comité de décentralisation autorise le transfert des maquettes. Le déménagement commence en décembre 1985 et, le 17 janvier 1986, les premières maquettes arrivent à l'w:fr:hospice général de Lille[15]. Le transfert soulève alors une vive polémique attisée par le contexte de campagne électorale des législatives de 1986 et, dès le changement de majorité, son principe est remis en cause par le nouveau gouvernement[16]. Le conflit se dénoue par une convention conclue le 2 octobre 1987 entre l'État et la ville de Lille, qui règle le contentieux de la manière suivante : « La collection demeure propriété de l’État. Cependant l’État met en dépôt au musée des beaux-arts de Lille dix-neuf maquettes représentant des places fortes de la frontière française du Nord-Est, de Belgique et des Pays-Bas », l'essentiel de la collection devant être réinstallé à l'hôtel des Invalides, dans un musée des plans-reliefs agrandi[17]. Ce sont finalement 16 plans-reliefs qui sont concédés à Lille, les autres étant rapatriés à Paris.

Fin du XXème siècle modifier

Depuis les années 1990, les acquisitions sont peu nombreuses et portent sur quelques œuvres choisies, sauf exception, comme en 1994, où une importante collection de dessins d'Arnould de Vuez a pu être achetée.

C'est ainsi qu'ont notamment été acquis Les Apprêts d'un déjeuner de w:fr:Jean Siméon Chardin en 1990[18], Vanité de w:fr:Jan Sanders van Hemessen en 1994[19], Portrait de Charles De Wailly par w:fr:Augustin Pajou en 2000[20], Hippocrate et Démocrite de w:fr:Pieter Lastman en 2003[21] ou Portrait d'un philosophe par w:fr:Luca Giordano en 2011[22].

Notes et références modifier

  1. 1,0 et 1,1 Véra Dupuis, Lille, Palais des beaux-arts. L'esprit du lieu, Nouvelles éditions Scala, , 64 p. (ISBN 978-2-35988-115-8) (voir notamment p4)
  2. Reynart 1862, p. VIII.
  3. Lenglart 1893, p. VIII.
  4. Reynart 1862, p. XIII.
  5. Lenglart 1893, p. 376.
  6. Pierre Bastien, Catalogue des monnaies d'or flamandes (collection Vernier), Lambersart, Société de numismatique du Nord de la France, , 54 p.
  7. Dominique Delgrange, « Collection Victor Delattre. Matrices de sceaux », sur sigilloweb.free.fr, (consulté le 3 mai 2015).
  8. Modèle:Joconde
  9. Modèle:Joconde
  10. « Pieter Lastman » (consulté le 9 mai 2015)
  11. Modèle:Joconde
  12. Modèle:Joconde
  13. Modèle:Base Joconde.
  14. Nicolas Montard, « Partenariat INA/DailyNord : Pierre Mauroy ou l’obsession du plan-relief », sur dailynord.fr, (consulté le 8 mai 2015).
  15. Claude Tronel, Véronique Pons, Yann Gicquel (journalistes) ; vidéo intitulée L'affaire des plans-reliefs, début de la polémique ; datée 1986-05-15 ; url=http://boutique.ina.fr/video/R11339277/l-affaire-des-plans-reliefs-debut-de-la-polemique.fr.html ;| medium=Production de télévision | lieu=Lille | éditeur=France Régions 3}}
  16. « Questions au gouvernement, Plans-reliefs », sur archives.assemblee-nationale.fr, (consulté le 3 mai 2015).
  17. « Restauration des plans reliefs Question écrite n°03502 de M. Josselin de Rohan et réponse du ministère de la Culture publiée dans le JO Sénat du 20/04/1989 - page 628 », sur www.senat.fr, (consulté le 3 mai 2015).
  18. « Jean Siméon Chardin » (consulté le 9 mai 2015).
  19. « Jan Sanders van Hemessen » (consulté le 9 mai 2015).
  20. « Augustin Pajou » (consulté le 9 mai 2015).
  21. « Un tableau de Pieter Lastman acquis par le musée de Lille », sur www.latribunedelart.com (consulté le 16 mai 2015).
  22. « Un Philosophe de Luca Giordano acquis par Lille », sur www.latribunedelart.com (consulté le 16 mai 2015).