Normannique (de Normandie)
Le normannique de Normandie, ou simplement normannique, est la recomposition unifiée de la langue scandinave qui fut parlée en Normandie depuis le début du Xe siècle et dont l’existence est attestée au moins jusqu'au XIIe voire au XIIIe siècle.
L'avantage de son utilisation :
modifier- Permet de désigner sous une forme unifiée les différents termes normanniques qui jalonnent les études normandes, sans devoir recourir constamment à un compromis entre les différentes graphies très variables des mots norrois (la forme classique du vieux norrois étant elle-même un compromis entre les différentes attestations norses) et, à plus forte raison, des mots classés dans la catégorie anglo-scandinave. En particulier, cela touche les institutions typiquement normandes, à l’exemple du droit normand : droit de varech (ᚹᚨᚷᚱᛖᚲᚺ – vagrekk), délit d’hanfare ou d’hamfare (ᚺᚨᛗᚠᚨᚱᚨ – hamfara), etc. Pour atteindre cet objectif, plusieurs formes ont dû être reconstituée à partir de l’ancienne langue norroise, pour pallier à la perte d’un grand nombre de formes avec le temps, en raison du caractère seulement oral de cette langue.
Historique du Normannique
modifierVisiblement, le Normannique s'est étendu essentiellement dans toute la partie Nord de la Normandie et correspond plus ou moins à la ligne Joret actuelle. Il est nommé de plusieurs façons suivant les régions de Normandie, mais aussi et surtout suivant les historiens. Le Normannique unifié de Normandie regroupe ainsi les appellations : « norrois », « norse », « dane », « danois » ou « daneiz », « dace », etc.
On ne pourrait établir avec assurance le remplacement des variantes locales du français d'oïl par le normannique, bien que la toponymie, l'anthroponymie et l'évolution démographique de l'époque semblent plus que favorables à l’hypothèse de cette substitution temporaire.
Le normannique a ainsi été longtemps parlé sur les côtes normandes, avec un prédominance dans le pays de Caux, le Cotentin et le Bessin. Même à Bayeux la langue normannique semble être devenu largement prédominante, alors que le milieu urbain reste généralement défavorable à l’adoption spontanée d’une langue non-majoritaire dans un milieu à fortes relations économiques (à cette époque, le latin et les parlers d’oïl seuls servaient de langues commerciales et diplomatiques avec les autres peuples en France). En effet, Guillaume Longue-Epée envoya son fils Richard Ier de Normandie en séjour pour qu’il y apprenne le Normannique :
Mais a Baieues en a tanz / Qui ne sevent si daneis non.
Mais, à Bayeux, il y a beaucoup de gens / Qui ne connaissent que la langue nordique
(Chronique des ducs de Normandie – Benoît de Sainte Maure – XIIe Siècle)
Finalement, elle se serait progressivement effacée du fait de l'utilisation unilatérale pour des raisons diplomatiques des dialectes latins par les élites de ce qui est alors l’État féodal normand. Le Normannique serait alors restée un certain temps une langue populaire plus officieuse qu'officielle mais qui a néanmoins baptisé une grande partie de la Normandie comme en témoigne l'étude de la toponymie.
Le choix du mot « normannique »
modifierOrigine
modifierLe terme normannique désigne couramment la toponymie anglo-scandinave propre à la Normandie.
Il se décompose ainsi : nor-mann-ique. C’est à dire littéralement ce qui est propre aux normands, le mot « normands » désignant lui-même à la fois les habitants de la Normandie et les anciens peuples scandinaves.