Méthodes d'apprentissage chez les animaux
Le présent article expose différents principes d'apprentissages applicables à pratiquement toutes les espèces animales, par opposition aux apprentissages humains. Il ne développe pas la théorie générale telle qu'on peut la trouver dans les études des brillants théoriciens Ivan Pavlov, Skinner... mais en propose plutôt une synthèse générale pratique. Par convention, nous parlerons de maître et d'élève, termes correspondant mieux à la position hiérarchique et pédagogique des protagonistes. Il va de soi que le maître avisé saura apprendre de son élève. Les principes exposés ici étant assez généraux, il existe de nombreuses parades de l'élève comme de nombreuses erreurs pédagogiques du maître qui conduisent à des échecs d'apprentissage. Un regard extérieur de professionnel est alors souvent la solution idéale. Je parlerai principalement du cheval mais une généralisation aux autres espèces est possible quoiqu'une adaptation est souvent nécessaire, chacune d'entre elles ayant ses propres sens et intérêts.
Les méthodes d'apprentissage les plus parfaites ne seront jamais infaillibles. Le cerveau est un organe formidable capable d"intégrer des milliers d'informations à chaque seconde. Les méthodes d'apprentissage ne sont que des simplifications à l'extrème des processus neuraux enclenchés. Un procédé peut être résumé par stimulus-réponse alors que dans celui-ci, des milliers de calculs sont effectués par le cerveau, fut il animal. Par exemple, il se peut que le maître déroule parfaitement sa leçon et que l'élève y réponde machinalement tout en portant son attention sur une odeur de femelle en chaleur qui est passée quelques instants plus tôt. L'exercice est bien enseigné mais l'élève est ailleurs et l'apprentissage ne sera pas des plus efficace...
Sensibilisation-désensibilisation
modifierL'apprentissage est toujours un compromis entre une sensibilisation et une désensibilisation à un stimulus donné. Ces deux principes sont souvent développés séparément mais, présentés ensembles, ils ont le mérite d'expliquer quelques échecs de cet apprentissage.
Exemples : La cravache déclenche une réaction de fuite/crainte/douleur au delà d'une certaine intensité de stimulus. Or la cravache est une aide tactile indispensable dans l'apprentissage de mouvement très varié comme la cession à la jambe que ce soit latérale ou en avant. Il va de soi que le cheval qui a peur de la cravache ne pourra pas être aidé dans son apprentissage par ce moyen. Dans ce cas, il faut le désensibiliser (sans le rendre indifférent) afin que l'on puisse utiliser la cravache sans provoquer de fuite panique. Utilisée trop énergiquement, la cravache provoquera la fuite à sa seule vue. Trop mollement, le cheval y sera indifférent.
La laisse est un outil très pratique et sécurisant pour apprendre à un chien à marcher au pied. Le chien, très souvent porté par son enthousiasme, tire exagérément sur la laisse. Il faut le sensibiliser (sans le rendre craintif à la laisse) afin qu'il comprenne qu'un appel de laisse veut dire qu'il doit marcher calme au pied. Non sensibilisé, le chien s'appuie sur la laisse, hypersensibilisé, le chien se couche et refuse de bouger lorsque il est en laisse.
Principe
modifierPour chaque stimulus, il existe un seuil de session, c'est-à-dire une intensité au delà de laquelle l'élève exprime une réaction d'aversion, de peur ou de fuite. Chaque fois qu'un stimulus tutoie ce seuil sans provoquer la fuite ou la peur, on désensibilise, c'est-à-dire que la prochaine fois qu'on appliquera le stimulus, son intensité pourra être augmentée sans provoquer la fuite. À l'inverse, chaque fois que l'on dépasse ce seuil, on provoque la fuite et on sensibilise. Autrement dit la stimulation suivante aura un seuil de déclenchement de la fuite anticipé, on sensibilise.
Application
modifier- Habituation ou désensibilisation : on doit pouvoir toucher partout un jeune cheval : on commencera par une zone neutre (le garrot) avec une attitude calme (pas de geste brusque) et on ira doucement vers les zones sensibles(tête, ventre, membres et queue). Chaque fois que l'élève commence à montrer des signes d'agitation(surveiller les oreilles, les frémissements, l'œil...), on revient vers la zone neutre et on recommence à se diriger vers les zones sensibles. Faire quelques minutes (pas plus) puis arrêter (et peut être récompenser s'il y est sensible). Petit à petit, de jour en jour, on va pouvoir aller un peu plus loin. C'est un apprentissage passif qui se fait avec le temps. Il faut être patient et attentif. Le maître doit être à l'écoute de l'élève. Le résultat viendra de lui-même. Plusieurs études sur les habituations montrent que l’habituation à plusieurs stimuli de front (lors de séances séparées)est plus efficace qu’à un seul appliqué jusqu’à tolérance totale. Il existe aussi un seuil ou toutes les habituations font boule de neige: l’élève semble tout à coup intégrer très vite tous nouveaux stimuli. Cette méthode est particulièrement efficace chez le jeune animal. Elle peut être appliquée aux différents outils nécessaires à l'entretien et aux soins(brosses, tuyaux d'eau, tondeuses, éponge, coton tige, brosse à dents,...) ou encore aux différentes manipulations nécessaires(porter, soulever un membre, ouvrir la bouche, nettoyer les oreilles,... qui seront utiles un jour ou l'autre. [1]
Il ne faut pas confondre la désensibilisation avec l'immersion qui, elle, plonge l'élève dans un stimulus aversif aussi longtemps que nécessaire avec toutes les manifestations de stress imaginables jusqu'à ce qu'il devienne indifférent. Cette thérapie aléatoire doit rester un apprentissage de la dernière chance à ne pratiquer que quand aucune autre solution n'existe. Par exemple: le contact avec la foule.
- Sensibilisation ou les quatre phases. Il s'agit de l'autre revers du même principe. C'est, par exemple, le jeu du porc-épic des savoirs éthologiques qui consiste à apprendre à un élève à chasser loin de soi la partie de son corps qui est stimulée. Par exemple: on veut chasser les hanches du cheval. Appliquer un stimulus croissant en direction du flanc: d'abord le regard(et la posture du corps, la place a énormément d'importance cf choisir son stimulus), puis une seconde après si pas de réaction, toucher délicatement du doigt, puis (1 seconde) le poing et (1 seconde) enfin le poids du corps, jusqu'à ce qu'il cède. On peut accompagner d'un ordre vocal pour souligner: "tourne". Le timing est important: pour que l'élève fasse bien le lien entre les stimuli et le mouvement à obtenir, il faut le laisser réfléchir une seconde pas plus entre chaque phase. Les différentes phases doivent être bien isolées et croissantes dans leur intensité. Le résultat est que le cheval va progressivement anticiper les stimulus désagréables et répondre de plus en plus tôt à l'injonction. En d'autres mots, l'élève mémorise la séquence de stimulus, il sait que si on le stimule d'une manière légère, quelques instants plus tard, le maître va la stimuler plus fort et que le maître se calme et est content immédiatement après qu'il a répondu d'une certaine manière. Il comprend et mémorise que la réponse à la stimulation légère rend le maître content plus vite et l'appliquera à partir de maintenant. La seule condition est de toujours obtenir la cession(sinon on désensibilise...). Au début, on peut se contenter d'un simple report de poids sur le postérieur opposé. Il ne faut pas tomber dans le strict rapport de force, générateur de stress(cf stress négatif). Il s'agit plus d'appliquer un stimulus désagréable(inconfortable) qui s'arrête instantanément lors de la cession afin qu'il comprenne que l'obéissance à un ordre est immédiatement suivie de l'arrêt des désagréments... Il ne faut pas être trop gourmand non plus: le cheval le plus doué n'a pas fait la pirouette sur les antérieurs à la première demande. À chaque séance ses petits progrès. La récompense peut avoir lieu immédiatement après la cession mais elle n'est pas obligatoire et doit plutôt être réservée au mouvements exceptionnellement bien réussis ou à la fin de la séance d'apprentissage. Le dernier mouvement est le plus important, probablement celui qui laisse le plus de souvenir. Toujours terminer sur une bonne action même si pour cela on doit modérer ses demandes.[2]
L'apprentissage par essai et erreur
modifierAu porte de l'inconnu, il est une part de la créativité d'où part tout nouveau comportement. Lorsque l'élève poussé par un ennui ou un inconfort peu intense ne sait quelle réponse donner, il va essayer tout ce qui lui passe par la tête et, parfois, les muses sont au rendez-vous et le comportement attendu est produit. Le maître doit alors immédiatement satisfaire son élève par l'arrêt de l'inconfort et un renforcement positif(récompense). Cet apprentissage est à la base de tout mais difficilement utilisable. La qualité du stimulus influence fortement la probabilité d'apparition du comportement désiré.
- Par exemple: l'apprentissage de la jambette, prémisse du pas espagnol, se fait à pied par stimulation de la jambe à la badine. On tapote de plus en plus fort sur la face postérieure du canon en soulignant le geste d'un ordre vocal("jambe") jusqu'à ce que l'élève lève le membre. La première fois, l'élève un peu perdu peut perdre son calme, compromettant par là l'apprentissage et produisant agitations diverses non demandées puisque non comprises. Chaque cheval a son endroit plus efficace où appliquer la stimulation. Cela peut être n'importe quel endroit du membre en question. À charge du maître de le trouver afin d'obtenir satisfaction rapidement sans tomber dans le stress. Il est amusant de constater que l'apprentissage par essai et erreur concerne autant le maître que l'élève. Une fois l'ébauche de jambette obtenue par apprentissage par essai et erreur, le bon maître renforcera le mouvement par sensibilisation et récompense. La sensibilisation permettant d'obtenir le mouvement avec des demandes de plus en plus discrète et le renforcement positif permettant à l'élève de comprendre quand sa réponse correspond à la demande du maître.
Le conditionnement, renforcement positif et négatif
modifierQui n’a pas entendu parler d'Ivan Pavlov et de son conditionnement classique ? Plus rare sont ceux qui connaissent Skinner et le conditionnement opérant ou Lorentz. Tous ont parlé de ces principes. La théorie est complexe : entre les récompenses positive, négative et les punitions positives et négatives, les stimulus conditionnel et inconditionnel, il est difficile de s’y retrouver. Une petite simplification est nécessaire. Nous allons parler ici d’association d’idée positives et négatives, de renforcement positif RP et négatif RN. Cette appellation couvre un principe plus pratique à appliquer que les lois du conditionnement opérant. Cette terminologie n'est pas conforme à celle de Skinner. Pour les puristes, de nombreuses publications existent. C’est trop souvent la seule voie d’apprentissage expliquée et pourtant elle est souvent très mal appliquée.
Principe
modifierEncourager ou décourager un comportement par des stimuli positif (récompense, renforcement positif: RP) ou négatifs (punition,renforcement négatif: RN). Il vaut mieux utiliser l’appellation RP et RN parce que les mots récompenses et punitions sont lourds de sous-entendus anthropomorphiques. Par exemple, les punitions et récompenses diverses peuvent avoir lieu n’importe quand, ce qui n’est pas le cas des RP et RN.
Dans toute unité de comportement, on peut distinguer trois phases plus ou moins marquées suivant les cas:
- Phase appétitive: avant le comportement: prise de conscience du besoin de comportement, intégration plus ou moins poussée des stimuli déclenchant et recherche du comportement(exemple : j’ai faim, ça sent la bouffe, d’où vient donc cette bonne odeur ?...)
- Phase consommatoire: exécution du comportement proprement dit( ex: je mange)
- Phase d’apaisement: prise de conscience de l’intérêt de l’arrêt du comportement (exemple: j’ai plus faim) Dans la plupart des cas, l’apaisement est le renforcement positif de tous les comportements: j’ai plus faim, ce comportement est efficace, la prochaine fois, j’attendrai moins. On parle de comportement auto-renforcé.
Le renforcement positif est efficace en phase d’apaisement: s’il est appliqué en phase appétitive ou consommatoire, il risque d’avorter le comportement à encourager. À l’inverse, le renforcement négatif est efficace en phase appétitive: il doit agir le plus tôt possible afin que le comportement "consommatoire" indésirable soit avorté et associé à un stimulus désagréable.
Application
modifier- RP il faut manifester son contentement après chaque petit progrès. La récompense peut se manifester de différentes manières: encouragement vocal, caresse, friandises, repos. Le dosage du RP est proportionnel à la qualité du comportement à encourager: ne pas hésiter à caresser, ronronner même comme dit Jean d'Orgeix, arrêter le travail et donner une friandise à la première jambette obtenue. Ensuite, lorsque le comportement se mécanise un peu(comprendre devient automatique et facile), le RP doit devenir aléatoire, s’effacer pour finalement disparaître. C’est pas parce qu’il vous donne le trot allongé qu’il fait depuis 10 ans que vous devez le récompenser mais un petit: “bien” avec le ton de voix ad hoc suffit amplement(pas sur la piste devant les juges de dressage...). En résumé, la récompense doit être directement proportionnelle à l'intensité du progrès et donnée immédiatement après(1 seconde) celui-ci.
- RN: Il faut manifester son mécontentement immédiatement à chaque comportement indésirable. le plus tôt possible et le mieux dosé possible. Garder à l’esprit que le comportement doit s’arrêter immédiatement au stimulus négatif. Si le premier stimulus ne fonctionne pas, augmenter immédiatement la dose. Il s’agit en quelque sorte de sensibiliser l’élève à arrêter le comportement indésirable à l’ordre. Il est beaucoup plus facile d’appliquer ce principe dans ce que Saint Vaultry appelle un contrat: établir une règle qui ne souffre pas d’exception et réagir immédiatement à chaque infraction. Ainsi, l'élève comprendra rapidement la limite à ne pas franchir. Exemple, si vous laissez votre cheval brouter quand ça vous plaît, comment voulez-vous l’empêcher quand ça vous dérange? Ne jamais commencer par un RN trop violent au point de provoquer une défense. Si vous en êtes là, vous risquez de provoquer un stress aigu avec anticipation violente à la prochaine situation similaire ou parfois une défense après chaque mouvement indésirable... Vous devrez alors perdre de précieuses minutes à calmer votre élève avant de pouvoir recommencer l'exercice désormais litigieux. Qui n’a pas connu un cheval comme ça?Trop faible, le renforcement négatif est au contraire désensibilisant et donc il faut s'attendre à ce que la confrontation soit plus autoritaire de la part de l'élève à l'exercice suivant. Donc de nouveau, dosage et empathie. Réagir vite, réagir suffisamment pour tuer dans l'œuf le comportement indésirable et graver ça dans un contrat le plus précis possible.
L'apprentissage par imitation
modifierImitation d'un congénère
modifierL'apprentissage par imitation d'un congénère est communément utilisé par tous les cavaliers dans une leçon de groupe quand on fait passer un cheval un peu chaud derrière un cheval plus calme. Bien mené, le nerveux se calmera à moindre effort. C'est très utile pour encourager un élève à passer une difficulté comme, par exemple un ruisseau ou un passage étroit dans les sapins. L'élève en difficulté est motivé par sa visualisation la possibilité et son attirance par le congénère qui s'éloigne de lui. Un peu de patience et la difficulté ne sera plus qu'un souvenir. Il ne restera plus qu'à le confirmer par un passage seul lors d'une autre leçon. En fait, il s'agit plus d'un facilitateur d'apprentissage qu'un réel apprentissage. L'attitude du maître est tout aussi importante. Il faut savoir être passif lors du passage du congénère et maintenir son élève orienté vers la difficulté sans le forcer vers le passage jusqu'à ce qu'il se décide. Pour ce faire le cheval doit pouvoir examiner tout à loisir la difficulté pour qu'il comprenne bien qu'il n'y a aucun danger. Ce ne peut se faire que rênes longues afin qu'il puisse utiliser son encolure pour examiner la chose sous tous ses angles. Cette méthode est très bien décrite par Véronique de Saint Vaulry dans son livre "Le cheval d'extérieur".
Imitation du maître
modifierL'imitation du maître est peut être moins évidente pour un cheval mais pourtant tout aussi commune d'emploi lorsqu'on met pied à terre pour franchir une difficulté. C'est exactement le même principe que pour un congénère. La difficulté réside en ne pas braquer l'élève. Il faut: passer devant, ne pas tolérer que l'élève détourne l'attention vers autre chose que la solution du problème, l'attirer sans se pendre à la longe ou aux rênes. Un peu de patience et ça devrait passer. La deuxième fois, ce sera plus facile et la troisième fois, c'est gagné. Il n'est pas nécessaire de faire les trois séances en continu. Je trouve même que la mémorisation est mieux réalisée en trois séances séparées. (c'est un sujet d'étude éthologique intéressant qui n'a pas encore été testé à ma connaissance) Le truc est de choisir sa difficulté pour ne pas se mettre en échec. En cas d'échec ou de renoncement, l'apprentissage de la difficulté en sera nécessairement nettement ralenti. Être le leader/héro de son élève facilite mais cet état de grâce ne s'acquiert qu'à force d'expérience commune. La complexité relative de ce genre d'apprentissage tient en deux principes qui s'opposent: sensibiliser à la demande tout en désensibilisant à la difficulté. Le premier complique le deuxième mais est nécessaire... Le fait de montrer le passage au cheval lui prouve qu'il n'y a aucun danger. Il faut savoir être convainquant.
Choisir son stimulus
modifierIntro
modifierDans le cadre de l'apprentissage entre maître et élève, un stimulus n'est autre qu'un ordre impérieux d'obtempérer. Mais on pourrait généraliser l'idée au renforcements positif et négatif. Ils peuvent être positif ou parasite.
- Positif, le stimulus conduit vers le comportement demandé et un peu d'entraînement conduira à l'expression automatique du comportement avec un stimulus de plus en plus discret.
- Parasite, le stimulus provoque un comportement indésirable à des degrés divers. Il arrive aussi qu'un stimulus extérieur au maître perturbe la séance d'apprentissage.
Il est donc important de choisir soigneusement les stimuli utilisés.
Nature du stimulus
modifierLa nature du stimulus est diverse: visuelle, auditive, tactile, gustative voire une combinaison de ceux-ci. Peu importe la nature, il faut que le stimulus soit clairement identifiable. Par exemple, un ordre vocal ne pourra pas être interprété correctement dans un environnement particulièrement bruyant. Pour être identifiable, il suffit que ce stimulus soit suffisamment différent des autres. Il est intéressant d'associer plusieurs natures au début d'apprentissage pour enfin simplifier par sensibilisation la demande. Par exemple, demander le trot par la voix et la chambrière jusqu'à maîtrise et ensuite apprendre à la voix seule ou la chambrière seule. Chaque nature de stimulus a ses avantages.
- L'auditif permet d'agir à grande distance sans avoir à garder un contact visuel, il est moins stressant que les autres pour le jeune cheval. Un cheval peut apprendre jusqu'à 200 mots et même en combiner plusieurs
- Le visuel est très pratique en environnement bruyant, les chevaux l'utilisent beaucoup, il exige une grande maîtrise de sa posture. C'est le moyen principal de contrôle du principe de la bulle décrit plus bas. Le cheval célèbre Hans le malin exploitait d'infimes mouvements de l'ordre du millimètre de son maître(la légende veut que ce soit à son insu) pour résoudre brillamment des équations mathématiques.
- Le tactile est indispensable à cheval et très utile pour apprendre des mouvements compliqués comme le pas espagnol ou encore dans le cadre d'une sensibilisation quand les premiers stimulus n'ont rien donnés. Je rangerais l'assiette à cheval dans cette catégorie. Avec un peu d'habileté, en touchant le cheval à l'endroit ad hoc, on peut provoquer le mouvement désiré.
- Le gustatif peut rendre une motivation au cheval pour, par exemple, baisser la tête entre les antérieurs dans l'apprentissage du salut mais il faut l'associer à d'autres stimulus et très vite basculer sur ceux-ci seuls sous peine de ne rien obtenir sans friandise à la main.
Application du stimulus
modifier- Il doit être identifiable facilement: éviter les ressemblances, les ordres vocaux en particulier doivent être distinct. Ils doivent couvrir le bruit de fond environnemental.
- L'intensité du stimulus doit être maîtrisée: juste, le mouvement sera parfait; trop intense, il risque d'exciter le cheval; trop faible, le mouvement ne se fera pas et on risque de désensibiliser l'élève.
- Il y a une manière d'appliquer le stimulus: une voix descendante calme tandis que la montante anime. Tension forte des rennes=appui sur l'embouchure. Toucher délicat(galant, François Robichon de La Guérinière)= disponibilité de la bouche. En général, le cheval ne tolère pas une tension ou un appui constant, il y répond en y mettant tout son poids et nous ne faisons pas le poids... On insiste sur un stimulus en l'arrêtant et recommençant aussi longtemps que nécessaire. Il y a un rythme propre à chaque cheval. Trop lent l'élève se blase, trop rapide il s'énerve. C'est à rapprocher de la sensibilisation: action, une seconde, action. Il faut parfois laisser à l'élève le temps de comprendre la demande.
- Il y a un moment pour demander. Le maître doit d'abord captiver l'attention de l'élève avant de donner sa demande. Ainsi, un ordre vocal peut être précédé de l'appel de l'élève par son nom. Il faut parfois aussi mettre l'élève en position de pouvoir répondre à la demande. Par exemple, le jeune cheval devra travailler ses départs a galop depuis le trot. Le départ du pas, possible en liberté, ne pourra être abordé qu'une fois correctement entraîné.
- S'il est parfois utile de mêler plusieurs stimulus en même temps comme voix et tactile, c'est dans le but d'associer le premier stimulus avec le deuxième dans le cadre d'une sensibilisation. Par exemple, départ au pas en rênes longues: vibration des rênes sur la croupe du cheval immédiatement accompagné de l'ordre: "marche". L'élève n'ayant pas encore bien compris que la vibration des rênes envoie en avant l'associera à l'ordre vocal déjà enseigné et finira par marcher uniquement aux rênes.
- Enfin, il faut faire attention que deux stimuli associés ne se contredisent pas. C'est le principe de main sans jambe et jambe sans main d'Étienne Beudant. À cheval, la main s'oppose à la jambe. Dans le début de l'apprentissage du cheval monté, ce principe peut nuire énormément: le cheval doit apprendre d'abord à se porter en avant franchement à la demande de la jambe et à s'arrêter à la demande de la main. Si on oppose les deux stimuli, le vrac est garanti. Bien plus loin dans le dressage, on pourra avec délicatesse introduire ces contradictions pour rechercher le rassembler mais ce n'est pas sans risque. Les stimuli ne sont que des conventions, des codes entre le maître et l'élève. C'est ainsi que l'écuyer mirobolant(Étienne Beudant) préconisait l'utilisation d'un seul de ces codes pour demander le mouvement. Il arrivait ainsi à demander un départ au galop uniquement avec ses mains ou avec ses jambes. Autrement dit, il sensibilisait son élève à un point tel qu'il pouvait n'utiliser qu'une minuscule action d'une partie de son corps, évitant ainsi les contradictions et gagnant un temps précieux. On est loin du départ au galop par prise d'équilibre de l'équitation classique!
- Le stimulus gustatif doit être petit, facile à manger et très appétissant. Il est employé en renforcement positif dans la seconde qui suit le comportement à renforcer. L'efficacité réside en son appétence(ne pas essayer avec quelque chose que l'élève n'aime pas ou ne connaît pas) et dans sa parcimonie: l'objectif est que l'élève se fasse plaisir intensément un bref instant et pas qu'il soit complètement absorbé par la mastication de sa récompense.
Systématique
modifierAu fur et à mesure de l'avancement des apprentissages, le nombre de stimulus utilisés devient très important. Il faut alors faire attention: il arrive qu'on utilise des ordres voisins pour la même utilisation ou à l'inverse que l'on utilise le même ordre pour deux demandes différentes. Cela est source d'erreur. Il peut être intéressant de se constituer un dictionnaire des ordres vocaux.
Cas particulier: la bulle
modifierintro
modifierLe cheval fonctionne énormément avec ce principe. C'est la raison pour laquelle la posture et la position du maître a énormément d'influence sur l'élève. C'est complètement évident quand on les observe: le cheval a un répertoire de mimique faciale relativement peu consistant pour exprimer ses interactions sociales. Il utilise autant l'occupation de l'espace que les mimiques pour influencer ses congénères. Lorsque la relation est bien établie, les mimiques sont pratiquement inexistantes: le cheval "dominant au moins à l'instant T" s'impose par sa simple présence. C'est ce principe qui fait les grands hommes de cheval. Par le biais de la sensibilisation-désensibilisation, il arrive progressivement à passer discrètement ses ordres avec un minimum d'expression jusqu'à ce soit pratiquement invisible. Ce n’est pas à proprement parler un apprentissage mais plutôt un moyen de communication trop souvent peu et mal employé. Il nécessite un bon apprentissage et il est parfois plus prudent de s’entourer de professionnel pour débuter.
Principe
modifierOn peut imaginer pour chaque être vivant (on pourrait même dire chaque objet) une bulle d'influence dans laquelle il est maître absolu et que le cheval ne franchira jamais. Cette bulle varie en fonction de l'humeur de l'élève et de l'attitude du maître(voire de l'objet: le gros méchant cailloux au bord du chemin...) Elle a une taille et une forme qui change à chaque instant, elle est centrée sur l'objet mais elle peut être dissymétrique. La bulle est une vision de l’esprit, un volume calculé instantanément à chaque instant par le cerveau en fonction de tous les paramètres de l’instant: volume, déplacement, odeur(étalons), objet porté et manière de les porter(cravache)... En tendant le bras, on déforme la bulle dans la direction du bras et on provoque donc une fuite de la partie du corps de l’élève exposée à cette déformation. L’utilisation de ce principe demande une grande maîtrise. L’attitude générale influe énormément: le cheval décrypte très bien notre posture et, en cas de peur brutale du maître, par exemple, la bulle gonfle démesurément et parfois instantanément avec les effets que vous pouvez deviner. Certains exercices mentaux du maître permette un meilleur contrôle. On dit souvent de s’imaginer arbre ou montagne afin de se calmer mentalement tout en posant sa posture comme une barrière infranchissable qui arrête comme par enchantement le cheval surexcité. Attention toutefois avec ce genre de méthode...Non maîtrisé cela peut être catastrophique! Cette bulle est l’expression imagée que certains invoque par des phrases comme:”monter l’énergie”. Avec la maîtrise, certains disent aussi que cela devient palpable. Ces images dignes de certains gourous correspondent cependant à la réalité: le cheval lit tellement bien le corps que monter l’énergie par le redressement du haut du corps, de la tête, la contraction des épaules et un regard plus perçant suffit à lui faire comprendre qui vous êtes... Ce sont des images qui prennent leur pleine expression dans notre posture et donc déforme notre bulle.
Application
modifierLa première application est dans le travail en liberté. Guider un cheval au parc sans le toucher(copie du guidage par l’arrière de l’étalon). Une autre application est le Join up. Mais la première à mettre en place par le débutant est le travail en longe: essayez de guider votre élève par la position du corps en effaçant progressivement(sur plusieurs séances) les aides(chambrière , mouvement, de main-bras, de pieds, de longe et voix). Vous commencerez alors à maîtriser votre bulle.
Le stress: moteur et malédiction de l’apprentissage
modifierIntro
modifierLe stress ou syndrome général d’adaptation est l’ensemble des réponses d’un organisme soumis à des contraintes environnementales. On parle de stress positif ou négatif selon que la réponse est un mécanisme adaptatif adéquat ou pas. Par convention ici, l’organisme sera remplacé par le cheval (ou élève) . La définition du stress englobant un concept bien plus large que les réactions comportementales: on peut parler, par exemple, de stress cutané lors de brûlure mais ce n’est pas notre sujet. Ces principes peuvent être adaptés avec quelques efforts à beaucoup d’autres espèces. Si on accepte cette définition, on peut dire aussi qu’il n’y a pas de réponse comportementale sans stress.
NB : Contrainte environnementale: elle est diverse et variée, qu’elle soit délivrée par le maître (langage des aides et langage corporel) ou par l’environnement plus large. Exemple: beau départ au galop en extérieur demandé par le cavalier. Le départ n’eut peut être pas été aussi beau en manège... le vent et les grands espaces favorisant l'instantanéité et l'énergie de la réponse aux aides. Elle doit être suffisamment marquée pour être distinguée du bruit de fond de l’environnement d'où l'importance de la légèreté et de la douceur(galanterie) du maître, que ce soit à pied ou à cheval, pour que l'élève puisse distinguer la part significative de la demande). Il n’est pas toujours aisé de distinguer la part environnementale significative pour l’élève. Il a ses propres sens notablement différent des nôtres mais ce n’est pas le sujet ici. Par contre, il est toujours intéressant d'identifier tous les éléments déterminants de la réponse afin d'en tirer profit: si l'amélioration du départ au galop nécessite quelques heures de travail en extérieur pour en gagner quelques unes en intérieur, c'est tout bénéf !
La particularité de l'apprentissage du point de vue du stress est que le maître peut lui aussi être soumis au stress. Les animaux comprennent parfaitement notre stress, trahi que nous sommes par notre langage corporel. Dans ce cas, il n'est pas rare de constater que maître et élève entre en "résonance émotionnelle" ou l'un stresse l'autre et inversement. C'est particulièrement explosif dans le cas du cheval. C'est une des raisons qui font qu' un maître inexpérimenté et émotif(cela va souvent de paire) n'est pas le meilleur maître.
Stress positif
modifierC’est, par exemple, la réponse correcte aux aides du cavalier. La contrainte(inconfort de l'équitation éthologique) est la demande du cavalier par l’intermédiaire de ses aides(exemple: toucher de l’éperon gauche en arrière de la sangle) et la réponse adéquate est la cession de hanche à droite. Si le mouvement est maîtrisé, le”stress” est évacué par l’élève en produisant le mouvement et le maître avisé soulignera l’évacuation de ce stress par sa descente de jambe (lâché du toucher de l’éperon, arrêt de l'inconfort)
Stress négatif
modifierExemple : une bâche vole, le cheval fuit au galop. La contrainte environnementale est la bâche et la réponse inadéquate est la fuite. Notons que la notion de réponse (in)adéquate est une notion toute relative voire une interprétation anthropomorphique: la fuite est une réponse adéquate pour le cheval mais pas pour son pauvre cavalier... L’éperon en arrière de la sangle peut ne demander que le maintien des hanches et le cheval donner la cession. Deux cas négatif car inadéquat mais traitable par l'apprentissage adéquat. Un stade supplémentaire de stress négatif est atteint lorsque la réponse ne soulage pas le stress. L'anxiété entre alors dans la danse avec ses conséquences comportementales et physiques.
Discussion
modifierDu point de vue de l’apprentissage, la différence entre les deux se situe plutôt dans les mécanismes internes d’adaptation:
- le stress négatif sans anxiété n'est pas contraire à l'apprentissage, il s'agit tout simplement d'une réponse correcte à une demande inadaptée. Il faut reconsidérer l'exercice, améliorer les stimuli utilisés et surtout récompenser à la première esquisse de réponse. Une sensibilisation ultérieure améliorera la réponse à moindre stimulus. Un simple apprentissage, une mise à niveau du couple maître-élève, suffira.
- Dans le stress négatif avec anxiété, le corps réagi par une sécrétion exagérée d'adrénaline et de cortisone, qui ont pour effet de doper les compétences physiques(perception, cardio-respiratoire, musculaire et capacité de décision rapide) au détriment des compétences psychiques (analyse et compréhension), réduisant l’expression comportementale à la fuite, agression ou immobilisation. Essayez d’apprendre quelque chose à ce moment si vous pouvez! Ceci est particulièrement vrai chez une espèce potentiellement prédatée comme le cheval qui est “programmée” génétiquement à fuir avant de réfléchir. Il ne faut jamais oublier notre place dans la chaîne alimentaire...même si le monde moderne a mis tout ça dans l’ouate et les airbags. En plus des manifestations comportementales immédiates, le cerveau se consacre exclusivement à l'analyse et l'enregistrement du stress et anticipera donc la réaction si des circonstances similaires surgissent. Le stress négatif est automatiquement accompagné de sensibilisation aux stimuli incriminés. Il est fort à parier que si le cavalier repasse devant la même bâche même sans vent le cheval reproduise les mêmes manifestations de peur. De plus, si le stress est particulièrement intense, le cerveau imbibé d'adrénaline peut carrément occulter toutes autres stimulations. Exemple: le cheval fuyant la longe après un coup de colère de son maître, la simple poursuite du maître (et de la méchante longe) devient par le biais de l'adrénaline le prolongement du stress négatif qu'à été le coup de colère. Il faut alors oublier toutes demandes pour se consacrer entièrement à calmer son cheval avant de reprendre le travail. Dans le cas particulier d’un stress persistant (incapacité à s’y soustraire) Le corps fini par épuiser ses réserves et tombe dans un état de stupeur plus ou moins persistante, la dépression, avec ses conséquences comportementales et organiques parfois catastrophiques pour l'avenir même de l'élève.
- Le stress positif quant à lui sera un mécanisme adaptatif permettant analyse, compréhension et toujours mémorisation. Il permet de développer des comportements par définition adaptés (par opposition au négatif). Dans l’exemple limite de cession de hanche-tenir hanche, nous sommes dans le champs positif ou l’on peut cultiver la réponse adéquate: un peu de subtilité dans la demande et quelques répétitions de l’exercice avec le pare-botte pour guide suffiront peut être à corriger définitivement le problème. En conséquence un véritable apprentissage ne peut réellement se construire que dans le cadre du stress positif. On peut dire que le stress négatif sensibilise et le stress positif négocie.
Application
modifier- ménager des espaces-temps d'apprentissage sans stress, les stress divers ayant tendance à cumuler leurs effets, une demande habituellement correcte peut dans des circonstances particulières entraîner des réponses négatives. Le manège permet ainsi par évitement des distractions une meilleure compréhension des demandes du maître par deux mécanismes: distinction plus facile de la demande sur le ”bruit de fond” de l’environnement et centrage de l’attention de l’élève sur le maître par défaut(puisqu’il n’y a rien d’autre à voir...). Dans le même principe, il ne faut pas commencer de séance si on n'a pas prévu le temps pour la faire. Merveilleux contre-exemple du véto qui doit piquer le cheval et remonter dans sa voiture en moins de 15 minutes... aucun cheval n’apprendra à aimer ça dans ces conditions
- être attentif à l’état d’esprit de l’élève. Si le cheval répond à une demande par une agitation déplacée(attention aux oreilles, à l’œil, à la queue, au tonus musculaire...) Il est en stress: premier stade: mobilisation des ressources perceptives et musculaires. Il devient incapable de répondre correctement à la demande et, de plus, il se sensibilise. Impasse pédagogique, il faut avant tout arrêter la demande et calmer l’élève avant de recommencer dans de meilleures conditions)
- éviter les coups de colères. Si un rappel à l’ordre est possible, la colère est en général disproportionnée. Il faut avant tout être attentif aux symptômes énoncés plus haut, difficile lorsqu’on est en colère! Parfois, le travail doit être fait en amont, la demande adaptée pour ne pas tomber dans ce travers.
- ne pas griller les étapes: un apprentissage est d’autant plus stressant que le comportement à apprendre est différent de ce que l’élève connaît. “Demander souvent ; se contenter de peu ; récompenser beaucoup.” Baucher. Il existe quantité de ruses et de schémas de progression dans la littérature, si l’on bloque, réfléchir; revenir en arrière et ne pas persister dans la méthode fautive.
- respecter les temps de repos et les différents besoins physiologiques de l'élève. Avez-vous déjà monté un cheval à l’heure du repas, un cheval fatigué par un effort inhabituel...?
- La fatigue et l'ennui sont des formes de stress. Il faut savoir arrêter sur une bonne action lorsque l’on sent que l’on perd pied. Varier les exercices pour maintenir l'attention de l'élève. Il vaut mieux une séance courte, riche et bien entrecoupée de petits moments de repos pour que l'élève comprenne qu'il a bien fait, pour lâcher les tensions et évacuer le stress. L'endurance viendra toujours après.
- cas particulier des soins vétérinaires. Stressant par essence, les soins vétos peuvent être mieux perçus au prix de petits aménagements:
Prendre le temps lors du premier contact du véto : pourquoi pas un pansage complet ou un peu de stretching par le véto ? Dix minutes de perdues pour quelques années de tranquillité. Désensibiliser le cheval aux différents instruments. Cela peut être fait par le propriétaire: stétho, grosses seringues(pas besoin d’aiguille...) et thermomètres ne devraient jamais susciter la peur et devrait faire partie des apprentissages au même titre que le licol.
Conclusion
modifierLa première qualité d’un bon maître est sa capacité d’empathie. Le stress est cause et conséquence de l’incompréhension. Il est impératif d’adapter sa demande au niveau et à l’état d’esprit du moment de l’élève. Être le héro/leader de son élève est un atout permettant à l’élève de mieux maîtriser son stress mais cet état de grâce se mérite et c’est un autre sujet. Il faut du temps pour établir ce type de relation. Quelques petits apprentissages malheureusement peu pratiqués comme les désensibilisations facilitent grandement nos relations. Il faut être sur de soi et sans faille car la faiblesse n’a pas sa place. Ce qui ne veut pas dire qu’on a pas droit à l’erreur. L’important étant d’identifier l’erreur immédiatement et d’y remédier hors stress négatif. Vous sentez-vous faible face à votre élève? Vous avez raison: votre rapport de force est environ un facteur 10 en faveur du cheval, 1000 en cas de stress...mais la vraie force est ailleurs: votre cheval sait que les vraies valeurs sont l’amour et la raison, notre chance étant que la nature nous a largement pourvu en raison. Encore faut il qu'elle n'obscurcissent pas nos sens. Quelques efforts et vous profiterez de ces dispositions naturelles.
Stratégie d'apprentissage
modifierPrincipe de la progression progressive
modifierUn apprentissage part toujours d'un acquis vers un but. Plus le comportement à acquérir est différent du comportement acquis, plus l'apprentissage est difficile et donc stressant. Un bon apprentissage ne peut qu'être progressif. Plusieurs petits pas bien appris auront un effet plus durable qu'un gros pas acquis dans la douleur(génératrice de stress et donc non mémorisée). "L' important, c'est le chemin.", Danse avec lui®
- décomposer un but en petites étapes bien identifiées et prendre le temps qu'il faut sans passer trop vite à l'étape suivante. En cas de blocage, chercher des étapes intermédiaires ou revenir aux mouvements acquis.
"Demander peu, demander souvent, récompenser beaucoup" François Faverot de Kerbrech.
- ne pas griller les étapes: Il est des mouvements qui ne peuvent se réaliser que sur un cheval parfaitement mis et bien dans sa tête. Les mouvements de haute école: piaffer appuyer et autres sauts, les mouvements contraignants de spectacle coucher, assis... ne devrait être appris qu'à un cheval mur et rompu à tous les mouvements de base. Ceux-ci sont en effet le fruit du travail régulier et débouche sur une relation de confiance mutuelle maître élève permettant enfin l'apprentissage de ces mouvements exigeants. Comment apprendre la levade (le cabré, le bôt) à un jeune cheval qui ne sait pas trotter droit? Il en est déjà capable, il le fait seul au pré. Mais chez le cheval comme dans d'autres espèces, le mouvement fait l'humeur et l'inverse est vrai aussi. Exploiter ce mouvement revient à exciter l'élève dans une position demandant une énergie qu'il n'est plus capable de contrôler. Si vous ajoutez le poids d'un cavalier qu'il n'arrive déjà pas à assumer calmement au trot, il est normal que cela dégénère en défense qui sera très difficile à faire disparaître.
Calme, en avant, droit. Général Alexis L'Hotte.
Combinaison de méthodes d'apprentissage
modifierLe maître avisé en viendra vite a combiner les méthodes. Exemple: sensibilisation à la jambe pour obtenir un déplacement latéral de la jambe et renforcement positif à l'obtention du mouvement
Préparer la progression
modifierIl est utile de se faire un programme de progression décrivant plus ou moins succinctement les buts à atteindre et les méthodes à employer (notamment le choix du stimulus employé). Ce programme ne doit cependant pas être rigide, il faut le modifier en fonction des progrès et des résistances rencontrés.
Débriefing
modifierTenir un journal à chaud des séances de travail permet une bonne évaluation des progrès et des méthodes employées. Ce travail permet en outre de se poser les bonnes questions quand les sensations sont toujours claires. Les solutions viennent beaucoup plus facilement quand les questions sont bien posées. Nuno Oliveira disait:" Ce qu'il faut surtout c'est monter beaucoup, tout en ne laissant pas les livres se couvrir de poussière sur l'étagère.". Il y a profusion de livres bien faits sut toutes les disciplines de l'équitation. Après s'être posé les bonnes questions, quelques lectures ou discussion avec des personnes avisées éclaircissent les idées.
Bibliographie
modifier- Véronique de Saint Vaulry, Communiquer avec son cheval, Maloine, 1996 (réimpr. 1996) (ISBN 222402410X)
- Catherine et Michel Henriquet, Comportement et dressage, Belin, 2009 (ISBN 978-2-7011-5340-7)
- Michel-Antoine Leblanc, L'esprit du cheval, Introduction à l'éthologie cognitive du cheval, Belin, 2010 (ISBN 978-2-7011-5568-5)
- Marion Scali, Ils ont inventé l'équitation, De Xénophon à Tom Dorrance, Belin, 2009 (ISBN 978-2-7011-4689-8)
- Véronique de Saint Vaulry, Le cheval d'extérieur : L'éduquer, le dresser, Editions Vigot, 4e édition, 28 juillet 2005,Collection : Cheval pratique, 2005 (ISBN 978-2-7114-1785-8)
- Jean d'Orgeix, Dresser c'est simple, Belin, 2009 (ISBN 978-2-7011-4594-5)
- Pierre Pradier, Mécanique équestre et équitation, Belin, 2010 (ISBN 978-2-7011-5249-3)
- Danièle Gossin, Psychologie et comportement du cheval, Vigot, 2004 (ISBN 2-7114-1508-2)
- Philippe Karl, Une certaine idée du dressage: Odin à Saumur, Belin, 2008 (ISBN 978-2-7011-4760-4)
Références
modifier- ↑ Vetopsy, « Habituation » (consulté en 30 juillet2011)
- ↑ Vetopsy, « Sensibilisation » (consulté en 30 juillet2011)