Introduire la biodiversité dans la construction et l'urbanisme/Compatibilité entre biodiversité, ville et habitat/Mythes et idées reçues

De manière schématisée, on peut dire que deux grands types d'idées reçues, plus ou moins partagées et plus ou moins répandues selon les catégories de population ou de métiers concernés s'opposent:

Le buddleia est une source importante de nectar et de pollen qui attire de nombreux papillons. Pourtant son intérêt écologique apparent, doit être « pondéré » par les arguments suivants :
* Ses fleurs nourrissent de nombreux papillons adultes, mais ses feuilles toxiques ne sont consommées par presque aucune de leurs chenilles.
* Là où il est très présent, il occupe la niche écologique d'espèces natives qui n'ont pas résisté à sa concurrence et qui ne pourront donc servir de support au développement des chenilles (bien que quelques chenilles de Sphinx tête de mort (Acherontia atropos) ou d'une espèce exotique (Cucullia verbasci se nourrissant antérieurement sur d'autres espèces) semblent avoir été signalées sur le buddléia qui pourrait donc être une des « plante-hôte de substitution » pour cette espèce.
* Le buddleia modifie ainsi la composition de la faune des milieux où il a été introduit [1]. Contrairement aux apparences, il peut être un "puits écologiques", voire un piège écologique
Comme il pousse facilement sur les friches (friches urbaines et friches industrielles éventuellement polluées) et en bordure de route (où il résiste bien aux taux ambiants d'ozone [2]), le buddleia attire souvent des papillons dans des zones polluées ou à risque de collision avec les véhicules
Introduit hors de son milieu originel (Montagnes de Chine) comme plante ornementale, cette espèce s'est rapidement échappée des jardins pour se naturaliser au point d'être aujourd'hui considéré comme une plante envahissante, en particulier sur les friches urbaines et périurbaines et le long de certains axes (routes, canaux, voies ferrées), sur des milieux artificialisés qu'il colonise facilement grâce à ses facultés d'espèce pionnière. Sur les milieux moins secs, c'est la renouée du Japon qui pose des problèmes similaires
  • celles qui laissent penser que la ville est « par nature » anti-naturelle voire « contre-nature », et qu'elle ne peut donc pas accueillir d'espèces sauvages ou de processus écologiques proches de ceux qui se déroulent dans la nature.
  • certaines idées laissant penser que des espaces urbains ou des espèces volontiers urbaines peuvent être "bonnes" pour la nature, qu'on peut aider la nature, par exemple en donnant à manger aux pigeons, merles et moineaux, ou en plantant des Buddleia qu'on pense a priori utiles pour les papillons. Les théories de distribution des espèces (dont le modèle « sources-puits » de l'écologie du paysage sont de ce point de vue très éclairantes. (Voir l'exemple du buddleia, illustré ci-contre).

Entre ces deux pôles co-existent divers modèles allant du jardin à l'anglaise aux méthodes modernes de gestion écologique et restauratoire (incluant la gestion différentiée).

Références modifier

  1. Owen DF, Whiteway WR. 1980 Buddleia davidii in Britain: history and development of an associated fauna. Biol. Conserv. 17. (2): 149 - 155 (1980). Geog=1 Systematics: ANGIOSPERMAE (LOGANIACEAE: BUDDLEJA) (KR, 198004953)
  2. Douglas A. Findley, Gary J. Keever, Arthur H. Chappelka, D. Joseph Eakes and Charles H. Gilliam ; Differential response of buddleia (Buddleia davidii Franch.) to ozone Environmental Pollution, Volume 98, Issue 1, 1997, Pages 105-111 (résumé)