Initiatives éco-citoyennes/Roule ma fleur

Introduction

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Un petit historique

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Le saviez-vous ? L'inventeur du moteur Diesel (Rudolf Diesel) n'utilisait pas de dérivé du pétrole ! En effet, son moteur marchait avec un bio-carburant, une de ses motivations était de trouver un meilleur système que les machines à vapeur fonctionnant au charbon et qui polluaient énormément. Le prototype qu'il présenta à l'exposition universelle de 1900 fonctionnait à l'huile de cacahuète qui est très proche de l'huile végétale pure, le nom de ce moteur était à l'époque "moteur à l'huile" ...

Pour cette utilisation elle est généralement désigné sous l'appellation huile végétale brute (HVB), mais il arrive aussi que le terme biodiesel soit utilisé. L'huile végétale carburant (HVC), aussi connue sous les noms d'huile végétale pure (HVP) ou huile végétale brute (HVB) peut être utilisée (jusque 100 %) comme carburant par tous les moteurs diesel, sous réserve de modifications mineures visant à réchauffer le carburant en question, ou, sans modification, en mélange avec du gasoil ordinaire (30 % sur tous les véhicules, et jusqu'à 50 % selon les cas). Elle est également la matière première brute qui sert à la fabrication du biodiesel qui est un ester alcoolique utilisé aujourd'hui comme biocarburant, incorporé directement dans le gazole.

Le contexte

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Ce siècle verra la fin de toutes nos ressources énergétiques fossiles. Au rythme actuel de consommation, le pétrole , le gaz et l'uranium seront complètement épuisés d'ici 50 ans. Pour nos sociétés, l'épuisement de ces ressources ajoute plusieurs problèmes tout aussi important pour l'humanité : des conflits sur l'extraction du pétrole, aux cancers en passant par les marées noires, l'effet de serre… En continuant de tout miser sur des solutions énergétiques exclusivement fossiles et centralisées, comme le pétrole et le nucléaire, notre société ne s'inscrit pas dans une durabilité des ressources. Et pourtant, il existe des énergies renouvelables faciles à mettre en œuvre : l'huile végétale brute (HVB) de tournesol, de colza, de lin… Issues d'une pression à froid ,elles sont d'excellents carburants pour la majorité des moteurs diesel. Sans aucune modification mécanique pour un mélange de 50% d'HVB, 50% gasoil, quelques adaptations périphériques du moteur pour passer à 100%. Ce carburant à l'huile végétale (HVB) est une énergie renouvelable qui n'entraîne pas d'augmentation des émissions de CO2 responsables de l'effet de serre. En effet, au cours d'un cycle, la totalité du CO2 dégagé par le pot d'échappement est réabsorbé par la plante l'année suivante. L'HVB carburant est biodégradable et possède de multiples avantages :

  • Des gaz d'échappements moins nocifs, comparativement au diesel et à l'essence : six fois moins de particules cancérigènes rejetées dans l'air, moitié moins de monoxyde de carbone, pas de soufre, réduction des oxydes d'azote…
  • la production d'huile a un sous-produit : le tourteau gras, qui constitue un excellent complément alimentaire pour les animaux. Il s'utilise en substitution du soja OGM (la France importe 85% de ses protéines végétales, 4 millions de tonnes).
  • le tournesol est une culture sèche qui nécessite peu ou pas d'engrais et qui procure un revenu aux agriculteurs.

Voyons à présent les inconvénients :

  • Les cultures d'oléagineux destinés à la production de biocarburants peuvent entraîner la déforestation de milliers d'hectares de forêts primaires, participant ainsi à une augmentation du réchauffement climatique, le CO2 ne pouvant plus être piégé par les puits de carbone que constituent les forêts.
  • Faible disponibilité (pas de filière de distribution)
  • Prix pour l'instant non compétitif face au pétrole (à taxes égales). La différence s'atténue avec la montée du prix du pétrole, et pourrait s'inverser avec une fiscalité plus mesurée.
  • Si le colza cultivé pour produire l'huile végétale est cultivé de manière intensive (engrais, pesticides) le bilan global est négatif par rapport au pétrole! (NO2, énergie investie...)
  • Dans un moteur à combustion interne, les huiles végétales nécessitent un taux de compression plus élevé, ce qui augmente la production de NO2 et NO3. Les oxydes nitreux réagissent avec l'humidité de l'air pour former de l'acide nitrique et les pluies acides.

Le réseau Pétales

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Né en juin 2003, le Réseau Pétales est une organisation informelle de praticiens, qui poursuit la multiplication des expériences sur la carburation à l'huile végétale et la prolifération de micro unités de trituration et de récupération. Le Réseau Pétales vise la transparence des informations et la retransmissions des savoir-faire afin d ' optimiser l'utilité sociale et environnementale des projets étudiés.

Le réseau qui regroupe plusieurs associations gravite autour d'une « charte pétales » qui définit les engagements des divers acteurs s’engageant dans le réseau :

  1. Privilégier la diffusion de l'huile végétale pure (HVP), de l'huile de friture usagée (HVU) et des esters artisanaux (résidus de décantations et corps gras) comme carburants et combustibles.
  2. Refuser de participer au développement d'autres bio-carburants industriels, comme l'ester méthylique de colza (Diester) et l'éthanol qui ont, d'une part des performances énergétiques et environnementales moindres et qui, d'autre part, sont actuellement diffusées dans une logique centralisée.
  3. Lutter contre une production capitaliste et centralisée, favorisant une culture de la surconsommation.
  4. Promouvoir le développement de l'HVP et de l’HVU en circuits courts et à l'échelle artisanale. Permettant d'assurer un maximum de répercussions positives, tant au niveau social, par la création d'activités et de liens, qu'au niveau de l'efficacité énergétique.
  5. Refuser l'utilisation systématique des bouteilles d'huiles du commerce.
  6. Étudier l'huile végétale dans les tracteurs, les groupes électrogènes, les chaudières, etc.
  7. Privilégier les femmes, les hommes et la nature.
  8. Réduire notre empreinte écologique.

Ses moyens d'actions

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L' utilisation du bio-carburant demande le passage par diverses étapes ( culture , la distribution... ) ; le réseau pétales désire donc encourager et accompagner tous les acteurs de l' HVP et de l' HVU afin de maintenir une éthique environnementale et favoriser les économies d' énergies :

1- Au niveau des cultures :

- Exclure l'utilisation des OGM.

- Favoriser les cultures sans engrais et pesticides de synthèse.

- Privilégier les techniques les moins énergivores .

- Choisir des itinéraires culturaux économes.

- Retourner les pailles à la terre.

- Favoriser les cultures combinées.

- Limiter les retours sur cultures en fonction des spécificités locales.


2- À la transformation :


- Presser les graines à froid, c’est-à-dire sans les préchauffer.


3- À la distribution :


- Limiter les transports d'huile ( circuits courts).


4- À l'utilisation :


- Limiter l’utilisation des véhicules.

- Optimiser les performances du moteurs.

- Privilégier l'utilisation des huiles de fritures usagées (HVU) avant les huiles alimentaires afin de limiter la concurrence directe entre l'alimentaire et une source d'énergie, même si les meilleures huiles à la combustion ne sont pas forcément les meilleures à la consommation.

- Rechercher des moteurs économiques.

- Privilégier le vélo, les transports en commun, le covoiturage, l'auto-partage, etc...


PRÉSENTATION DE L' ASSOCIATION " Roule ma fleur " FAISANT PARTIE DU RÉSEAU PÉTALES

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"Roule ma fleur" est une association loi 1901 créée en Lozère (48) à l'automne 2001 ayant pour objectif de promouvoir les énergies renouvelables .

L' association regroupe des paysans, des personnes concernées par le sujet des énergies renouvelables, des personnes ayant développées des projets en Afrique , des artistes et des inclassables .


LE PROJET DE L' ASSOCIATION .


Qui n'a jamais imaginé ne plus passer à la pompe, ou y passer beaucoup moins souvent ? Roule ma Fleur l'a fait, et s'est dit : "le matériel coûte cher, il faut le mettre en commun et à disposition de participants". C'est pourquoi la tritureuse a été achetée collectivement grâce à des titres de participation, ainsi qu'aux adhésions à l'association, puis montée sur une remorque gracieusement offerte par un des adhérents .

La fabrication d'huile carburant se déroule en trois étapes :

1. Pressage des graines avec une tritureuse .

2. Décantation .

3. Filtration .

Pour 3kg de graines, on récupère 1 litre d'huile et 2 kg de tourteau. L'association met à disposition la tritureuse, qui permet de presser 15 litres par heure. Pour des questions juridiques, l'achat des graines et la vente du tourteau (stockage et transport compris) doivent être assurés par les utilisateurs. L'association a déjà pris contact avec des agriculteurs intéressés par le tourteau.


Combien ça coûte ?


La presse a été achetée 10.000 euros. Elle été acquise grâce à des titres de participation de 150 euros. Pour ce qui est du fonctionnement, chaque utilisateur s'étant regroupé par petit groupe doit commander ses graines et se débrouiller pour revaloriser le résidu-tourteau. Il a le droit de presser jusqu'à 1000 litres par an (soit 3 tonnes de graines). Pour l'utilisation de la presse il reverse à l'association 0,45 euros par litre pressé pour les frais fixes (charges, remboursement des prêts, investissement). Il y a la possibilité de louer un camion pick-up, qui se trouve également à Fraissinet, pour le transport des graines.


Quelles solutions pour s'approvisionner ?


Première solution


C' est le cas du recours à de l'huile conditionnée pour répondre aux besoins des collectivités - souvent en bidon de 25 litres. Seulement l'emballage, en métal, demeure difficilement recyclable. De plus, cette huile est de qualité supérieure et son prix se situe autour des 1,5 € le litre, ce qui est plus cher que le gasoil. En résumé , cette solution est loin d'être satisfaisante.

Seconde solution


Il existe plusieurs possibilités. Mais avant tout, il vous faudra vous équiper d'un accessoire indispensable: le jerrican . La meilleure formule consiste à se grouper. Essayez de trouver une bonne dizaine de personnes autour de vous afin de passer une commande collective. À ce moment là, il existe plusieurs associations équipées d'un pressoir mobile. Elles se déplacent chez vous et vous pressent la quantité d'huile voulue, que vous pourrez ensuite stocker pour tenir quelques mois. En procédant ainsi, vous achèterez votre carburant à des prix défiant toute concurrence. Selon le nombre que vous êtes, le prix variera dans une fourchette de 0,35 € à 0,45 € par litre. Par contre, il vous faudra filtrer l'huile vous-même. Il existe aussi des agriculteurs qui vous proposent d'acheter les graines de colza ou de tournesol et de s'occuper de la culture et de la récolte. À votre charge ensuite de faire presser l'huile et de vendre le tourteau. C'est de loin la solution la plus économique, qui fonctionne très bien dans le cadre d'un collectif. Vous avez aussi la possibilité de vous rendre directement chez le producteur et de remplir votre coffre et, si possible, une remorque. Selon la quantité achetée et selon que l'huile soit filtrée ou non, le tarif ira de 0,48 € à 0,80 € le litre.


Troisième solution


Cette solution consiste à utiliser de l'huile usagée. Elle n'est pas moins bonne que l'huile neuve, bien au contraire, car son oxydation garantit une meilleure combustion. Là aussi il faudra vous munir de jerricans, mais aussi d'un entonnoir pour pouvoir transvaser l'huile dedans. Il existe plusieurs moyens de s'approvisionner. Le plus classique étant de faire le tour des restaurants "friteurs" qui se feront un plaisir de vous donner leur huile car ils sont obligés de payer et de se déplacer pour s'en débarrasser. Vous pouvez aussi essayer avec les collectivités et les décharges de tri sélectif. Dès que vous aurez fini votre récolte, il ne vous restera plus qu'à filtrer l'huile.



CONCLUSION


Nous allons démarrer par un compte-rendu de l’utilisation d’HVB dans les camions poubelle de la communauté de commune de Villeneuve-sur-lot ....

Les résultats d’une année d’expérimentation des Huiles Végétales Pures sur les dix bennes de collecte, démontrent tout l’intérêt de ce type de filière pour les flottes captives des collectivités soucieuses de leur parc de véhicules et de la protection de la qualité de l’air sur leur territoire._ Les résultats parlent d’eux-mêmes avec :

Une distance moyenne parcourue par les 10 bennes de 21 400 km (entre 3 500 et 28 000 km suivant les véhicules).

Aucune panne liée à l’utilisation d’HVP n’a été enregistrée. Aucun problème mécanique. Pas de détérioration des moteurs. Une réduction de la pollution manifeste. Les analyses des gaz d’échappement montrent :

- une réduction des émissions de monoxyde de carbone, de gaz carbonique et de l’hydrogène carboné.

- des mesures d’opacimétrie en baisse et inférieures à la norme NFR 10-025 .

Des moteurs en pleine forme, un système d’injection des moteurs bien réglé et un comportement rigoureusement conforme à celui constaté lors d’une utilisation exclusive de gazole.



On remarque donc que l'huile végétale carburant (avec ses dérivés) est aujourd'hui une solution rentable, une solution d'avenir. Ce n'est bien évidemment pas la solution aux problèmes de pollution, aux problèmes des subventions agricoles, etc... Mais c'est une solution qu'il serait important de prendre en compte dès aujourd'hui. Pourtant les lois vont à l'encontre du développement de ce genre de solution alternative . Ne pouvons nous pas nous poser la question de savoir pourquoi , en France , le geste citoyen n' est pas récompensé comme le font certains pays dans le monde?

Attention tout de même à ce dernier point ....

L'état français a "blindé" les conditions d'application de la TIPP : extrait du site des douanes: ... La TIPP s'applique aussi :

1. À tout produit qui est destiné à être utilisé, qui est mis en vente ou qui est utilisé comme carburant pour moteur, comme additif ou en vue d'accroître le volume final des carburants pour moteur.

2. À tout hydrocarbure qui est destiné à être utilisé, qui est utilisé ou qui est mis en vente pour le chauffage, à l'exception des hydrocarbures solides tels que le charbon, la tourbe ou le lignite, et à l'exception du gaz naturel.

L'huile entre malheureusement dans cette définition ....

Pour exemple ,du côté d'Agen, la SARL Valénergol a été récemment condamnée pour non paiement de la TIPP sur la vente de 10 000 litres d'HVB destinée à la carburation. En Allemagne par contre, l'HVB est exonérée de la TIPP, et largement diffusée .

En France, il est interdit de faire le plein avec du bio-carburant, mais si on passe la frontière (avec par exemple Espagne) pour faire le plein, et que l'on revient ensuite en France, est-ce légal? Le simple fait de faire le plein d'HVB ou HVC dans un pays frontalier est parfaitement légal, les douanes (seul organe habilité à prélevé un échantillon dans ton réservoir) peuvent te demander la copie de ton justificatif d'achat à l'étranger. Plusieurs stations propose les HVB en Belgique, suisse, Allemagne, Espagne mais pas en France .

Plus concrètement, un litre de gazole produit, une fois brûlé dans un moteur, 2,6 kg de CO2. Ainsi, avec un plein de 50 litres de gazole, vous êtes prêt à produire 130kg de gaz carbonique, principal responsable (en quantité) de l'effet de serre et du déséquilibre de l'écosystème planétaire. Si, par contre, vous décidez de rouler à l'huile, vous êtes donc prêts pour économiser 130kg de CO2 pour chaque 50 litres consommés (si vous roulez à 100% huile végétale bien entendu) ! Depuis le protocole de Kyoto, des bourses d'échanges de "droits de polluer" se sont créées un peu partout. Sur ces marchés d'échanges, la tonne de CO2 se négocierait entre 20 et 30€ . Du coup, vous pourriez échanger cette économie contre 2,5€ à chaque fois !


Maintenant , replacez cela au niveau macro-économique et imaginez les économies substantielles réalisées et réalisables par l'État avec l'HVP. Bien entendu, cela ne sera jamais à la hauteur des 80% de taxes qu'il impose sur les carburants classiques et qu'il "perd" pour le moment sur l'huile végétale... Mais ce n'est vraiment pas négligeable, d'autant que l'État fait ces économies sur une pratique qu'il juge illégale ! Peut-être même profite-t-il de ces économies pour revendre ses droits de polluer à d'autres, alors que les personnes qui lui auront permis d'en arriver là refuseraient sans doute de voir remises en circulation leurs économies (de pollution)...