Histoire de l'Europe/L'apogée de la chrétienté
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Catégorie : | Histoire > Histoire de l'Europe |
L'Apogée de la Chrétienté
modifierLe tournant de l'An Mil
modifierVers le milieu du Xe siècle, la population européenne commence à s'accroître du fait d'une amélioration climatique et de quelques progrès techniques qui trouvent leur application dans l'agriculture comme le collier d'épaule pour le cheval. Commence lors une période de deux siècles, celle des grands défrichements. En même temps qu'« un blanc manteau d'églises » couvre le continent, le culte des reliques et les pèlerinages sont les expressions de la vive piété médiévale. Les sanctuaires de pèlerinages sont nombreux dans la Chrétienté médiévale. Jérusalem et Rome sont les plus importants mais il y a une multitude de pèlerinages locaux. Toutes les reliques ne sont pas authentiques, loin de là, et elles servent autant la gloire de l'évêque ou du prince qui les possède que celle de l’Église. Un des exemples le plus important est celui de Compostelle. Dans le but de contrer l'avance des Musulmans, les royaumes chrétiens du Nord-Ouest de l'Espagne choisirent un patron prestigieux, l'apôtre Jacques le Majeur. Une série d'écrits apocryphes lui attribua l'évangélisation du pays. Pour asseoir sa renommée il fallait aussi que son tombeau soit dans ce pays. Il y fut découvert miraculeusement et une belle légende fut écrite progressivement et compilée dans un manuscrit du XIIe siècle, le Codex calixtinus. Compostelle devint un important pèlerinage espagnol, connu en Europe par la légende de Charlemagne.
Les contacts avec la civilisation arabo-musulmane et leurs conséquences
modifierÀ partir du VIIIe siècle, l'expansion de l'Islam touche le sud de l'Europe, en Sicile, dans le sud de l'Espagne puis au XVe siècle autour de la mer Égée. Les Croisades, de 1095 à 1291, permettent des contacts dans les États latins d'Orient, permettent également des contacts avec une civilisation plus évoluée. En effet, pour les musulmans, Dieu d'une part et la science et la raison d'autre part, sont nettement séparés. Les chrétiens, se référant à saint Augustin, sont encore soumis à Dieu : « Je pense donc Dieu est. » En 1130, l'évêque de Tolède crée une école de traduction des manuscrits arabes et hébreux. Les Européens y découvrent alors bon nombre d'écrits de l'Antiquité, notamment grecque, jusque-là inconnus comme une partie de la philosophie d'Aristote, revue par des philosophes arabes (Averroès…). Ainsi naît un grand humanisme médiéval européen dont les penseurs, théologiens et philosophes, essaient de réconcilier la foi et la raison : Saint Thomas d'Aquin, Maître Eckart, Roger Bacon, Abélard…
Le réveil du commerce
modifierOn observe les premiers signes d'une renaissance de l'économie d'échanges en Europe de l'Ouest quand le commerce reprend en Italie grâce à la croissance économique et culturelle de puissantes cités États comme Gênes, Florence ou Venise ainsi qu'en Flandre où les manufactures de draps se développent avec Bruges et Anvers. À mi-parcours de ces deux pôles économiques médiévaux, les foires de Champagne sont à leur apogée vers 1250 jusqu'à leur déclin du fait de l'ouverture de la route du [saint Gothard et d'une liaison maritime directe entre l'Italie et la Flandre (1298), ce qui permet d'échapper aux taxes mises en place par les capétiens en France. Venise, dont les galères vont elles-mêmes chercher les épices et les marchandises au Levant surpasse ses rivales et domine l'économie mondiale de 1380 à 1500 environ, les musulmans ayant cessé de pratiquer le commerce en Méditerranée occidentale.
Le retour de l'État
modifierÀ la même époque, des royaumes commencent à prendre forme en France, en Angleterre et au Portugal, mais leur formation prend plusieurs décennies à cause des rivalités entre l'Église, la monarchie et les nobles.
Les crises du bas Moyen Âge
modifierElles prennent effet au cours du XIVe siècle du fait de la guerre de Cent Ans, interminable conflit entre la France et l'Angleterre, du fait de la pandémie de peste de 1347 et de ses récurrences et du grand schisme d'Occident.
La crise est d'abord démographique. La population européenne va passer de 73 à 45 millions d'habitants entre 1300 et 1400, l'espérance de vie recule de 25 ans à 17 ans en Angleterre.
La crise est aussi économique et sociale. Faute de main d'œuvre, l'agriculture est insuffisante, les marchés des manufactures textiles de Flandre sont à un bas niveau mais celles du Brabant se développent. Les villes ont augmenté leur population du fait de l'insécurité des campagnes mais n'offrent guère de travail alors que les prix des loyers et des denrées augmentent, plus vite que les salaires. Les « jacqueries » sont fréquentes, les troubles sont nombreux, d'abord en France puis dans toute l'Europe. Cependant, dès le milieu du XVe siècle, débute un essor généralisé de la population et une reprise économique.
Enfin, la crise est morale. Le grand schisme d'Occident provoque de vives inquiétudes parmi les fidèles. Le concile de Constance (1414-1418), qui se pose comme au-dessus du pape et de l'antipape, se compose des futures grandes nations européennes qui peuvent examiner séparément les différentes questions. Alors que les hérésies de Wyclif en Angleterre et de Jean Hus en Bohême proposent de rejeter tous les écrits postérieurs à la Bible, l'unité de la chrétienté occidentale est menacée. De ceci va naître la Réforme.