L’évolution des costumes au cours des siècles

Le vêtement drapé

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Celui qui s’entoure le corps d’une serviette en sortant de la douche, réinvente, sans le savoir, le plus simple et le plus ancien vêtement: le pagne. De nos jours, de nombreux peuples de régions chaudes l’ont gardé comme unique vêtement. Au minimum, il s’agit d’une bande de tissu passée entre les jambes et attachée devant et derrière à la ceinture, parfois une simple ficelle. Quand la bande est longue, elle permet de faire aussi le tour des hanches. Les plus anciens paysans d’Égypte utilisaient une écharpe de lin pour leur pagne. Aux Indes, on porte encore couramment ce genre de pagne en coton. Quand le tissu est plus large, le pagne descend jusqu’aux mollets. Les femmes le remontent généralement sous les bras et en font une robe sans couture. En Égypte ancienne, les gens plus riches marquaient leur différence par un plissement soigneux du pagne par devant. Avec leur toge, les Romains recherchaient des plis harmonieux rendant plus majestueux ce simple vêtement drapé. Selon les pays, on appelle pagne, sari, paréo, cape, châle, la pièce de tissu servant à envelopper le corps. Quand le tissu est percé, au centre, d’une ouverture permettant d’y passer la tête, il s’agit d’un poncho, répandu en Amérique du Sud.

Du drapé au cousu

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Pour attacher les bords du tissu drapé, on utilisait dans l’Antiquité des sortes de broches, appelées fibules. Mais la caractéristique du vêtement drapé est qu’à chaque déshabillage, il redevient un simple morceau de tissu. On prit un jour l’habitude de coudre ensemble les bords que l’on voulait unir en permanence, par exemple sur les côtés et aux épaules. À ces vêtements d’une seule pièce, en taillant le tissu plus largement pour les épaules (en forme de T), on obtenait des manches, plus ou moins longues. On pouvait ensuite y ajouter à volonté un col, une ceinture ou des bordures décoratives. De cette technique simple naquirent tous les vêtements amples : tunique, cafetan arabe, boubou d’Afrique noire, kimono japonais. La robe ample fut le vêtement le plus répandu au Moyen Age, pour les hommes comme pour les femmes. La ceinture permettait de modifier l’allure générale en serrant ou non la taille, en fixant des plis ou en faisant blouser le haut du tissu par-dessus la ceinture.


Le vêtement ajusté

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Certains peuples anciens eurent l’idée d’ajuster le vêtement à leur corps, en réduisant la largeur du tissu au niveau de la taille, transformant la robe flottante en vêtement cintré. En ouvrant le pagne entre les jambes et en cousant le tissu autour de chaque cuisse, on le transforma en caleçon, ou en pantalon s’il descendait plus bas. Les Celtes européens (dont les Gaulois faisaient partie), les Mèdes et les Perses du Moyen-Orient adoptèrent très tôt le pantalon. Les Grecs et les Romains qui considéraient ces peuples comme barbares, méprisèrent longtemps cette tenue vestimentaire pourtant très pratique. Il est curieux de constater que le mépris persista longtemps à l’égard du pantalon. À la fin du XVIIIème siècle, les hommes riches portaient une culotte serrée sous les genoux et traitaient de “ sans-culottes ” les révolutionnaires, hommes du peuple porteurs de pantalons. Peut-être faut-il voir une survivance de ce mépris du pantalon quand on oblige les hommes à porter la robe dans les lieux où la dignité est obligatoire : le tribunal, le culte catholique et parfois l’université. Cela explique aussi le scandale provoqué autrefois par les femmes en pantalon.


Les transformations de la silhouette

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Le choix entre le vêtement ample et le costume ajusté au corps sembla trop simple aux riches seigneurs, à partir de la fin du Moyen Age. Alors que le vêtement des pauvres évoluait peu au cours des siècles (comme le montrent les peintures de chaque époque), celui des nobles ne cessait de multiplier les innovations, souvent passagères, dont le principal but semble être de les singulariser en modifiant leur silhouette. Et cela pour les hommes aussi bien que pour les femmes. La coiffure change fréquemment de forme et de volume, non seulement par l’arrangement de la chevelure, mais par l’ajout de postiches ou de perruques. Les coiffes et les chapeaux ne cessent de se transformer. Le visage se modifie : pour les femmes par le maquillage ou les mouches (grains de beauté artificiels) ; pour les hommes par la taille de la barbe, de la moustache, des favoris (cheveux tombant devant les oreilles). Le cou est tantôt découvert, orné ou non de colliers, tantôt entouré de cols aux dimensions diverses, de fraises tuyautées, de jabots de dentelles ou de cravates. Les épaules paraissent tantôt arrondies, tantôt carrées ou même montantes. Les bras peuvent être dégagés ou gonflés de manches bouffantes ; les poignets garnis ou non de manchettes ou de rubans ; les mains gantées de diverses façons. La taille plus ou moins serrée ; pour les femmes, parfois enfermée dans un corset rigide, tantôt remontée jusqu'à la poitrine ou, au contraire, descendue très bas. Les hanches parfois rembourrées sur les côtés ou par derrière, élargies par une armature en cloche, plus tard moulées par le tissu. Les jambes cachées ou soulignées par un vêtement collant et des bas. Les pieds garnis de chaussures parfois prolongées en pointe (les poulaines) ou en patte d’ours, sans parler de la hauteur variable des talons. Comme toutes ces variation peuvent se mêler, on imagine l’extrême variété des modes vestimentaires.


Comment se diffusait la mode ?

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Les modes nouvelles prenaient naissance chez les rois et les princes. Certains pays, comme la France, l’Italie ou l’Espagne, étaient pris en exemple par les autres cours royales ou princières. Des portraits montraient les personnages portant des vêtements à la mode. Des poupées mannequins informaient les princesses étrangères. Il ne s’agissait pas de jouets pour les petites filles, mais d’exemples en modèle réduit de ce qui se portait à la cour de France. Dès le XVIe siècle jusqu’au XIXe, ces poupées de luxe servaient d’ambassadrices de la mode. Puis ce furent des gravures de mode à partir du XVIIe siècle et surtout au XIXe où elles étaient en couleur. Enfin, les revues de mode, les catalogues qui se répandent de plus en plus.


Les artisans de la mode

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En France, jusqu’au milieu du XVIIe siècle, seuls les hommes étaient admis à confectionner des vêtements. Par la suite, alors que les tailleurs conservaient la confection des costumes d’hommes, les couturières professionnelles étaient autorisées à coudre pour les femmes. S’y ajoutaient les lingères pour les vêtements fins, les brodeuses et les dentellières. Il existait également un grand nombre de marchands de mode qui fournissaient bonnets, fichus, manchons, garnitures diverses indispensables pour suivre la mode de l’époque. Ce sont des hommes qui, au XIXème siècle, fondèrent les premières grandes maisons de couture pour femmes. On y présentait des modèles nouveaux qui pouvaient être ensuite adaptés à la taille et au goût personnel de la riche clientèle. On appelait ces hommes : “ grands couturiers ” pour ne pas les confondre avec les “ petites couturières ”. Leur production était limitée à de rares exemplaires, car rien n’aurait été plus humiliant pour une coquette que de côtoyer, dans une soirée, une femme habillée comme elle. Au XXe siècle, des femmes créèrent aussi de grandes maisons de couture. La plus célèbre fut Coco Chanel. Les couturières, installées à leur compte, aidées parfois de quelques ouvrières, se contentaient d’adapter à leur manière ce qu’elles avaient observé dans les boutiques de “ haute couture ” ou sur les gravures de mode. Cette pratique se développa tellement que s’ouvrirent à Paris, à la fin du XIXe siècle, puis en province, de grands magasins qui proposaient aux clientes un grand choix de tissus très divers, à des prix plus bas que dans les boutiques.


Marquer la différence entre les riches et les autres

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Désormais, davantage de gens pouvaient s’habiller avec élégance et la rivalité par le vêtement s’exprima autrement. La distinction se portait désormais sur le temps de loisir que ne pouvaient pas se permettre les gens simplement aisés (commerçants et fonctionnaires). C’est vers les vêtements prouvant le temps passé à se détendre que se tournèrent les plus riches. La redingote (à l’origine, manteau d’équitation), la tenue de chasse sportive, de golf et plus tard de marine de plaisance montraient que l’on n’avait pas besoin de travailler. Mais ces modes ne tardaient pas à être copiées par des gens moins riches qui n’étaient ni cavaliers, ni chasseurs, ni golfeurs, ni capitaines de yachts. Pour les femmes, le symbole fut le bronzage de la peau. À l’époque où les paysannes se trouvaient souvent exposées en plein air, la distinction des femmes riches était de garder la peau blanche en se protégeant du soleil par une ombrelle, une voilette, une écharpe, des gants. Mais, à partir du moment où les ouvrières d’usines restaient pâles, le chic se porta sur le bronzage prouvant que l’on pouvait passer du temps à se faire dorer au soleil. Même si c’est au détriment de la santé de la peau, les femmes élégantes veulent être bronzées, même s’il faut pour cela utiliser des lampes spéciales pour bronzer artificiellement.


La confection en série

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Au milieu du XIXème siècle, l’invention de la machine à coudre permit la fabrication en série des vêtements dans des ateliers. Les riches méprisaient cet habillement de “ confection ” qui permit néanmoins aux gens du peuple de s’habiller mieux à des prix raisonnables. Le mépris des vêtements de séries disparut quand les grandes maisons de couture présentèrent des collections de “ prêt à porter ” à des prix élevés. Comme il n’était plus honteux de s’habiller en série, on était fier d’afficher la marque qui était le signe qu’on suivait la mode. Chaque client transportait désormais sur lui la publicité pour les fabricants de ses vêtements et de ses chaussures. C’est devenu pour certains l’obsession des marques. Il ne suffit pas de posséder un beau blouson, il faudrait qu’il porte visiblement la même marque que celui des copains. Ce qui aboutirait à un esclavage vis-à-vis des intérêts commerciaux.


L’uniformisation ou le mélange des influences ?

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L’habillement en série pourrait devenir monotone. Voir le nombre incalculable de jeans portés dans le monde. Mais, curieusement, beaucoup veulent se différencier en portant des pantalons diversement délavés et parfois même volontairement déchirés. D’autre part, la vie moderne a multiplié les contacts avec d’autres cultures, d’autres traditions vestimentaires qui s’influencent mutuellement. Le temps n’est plus où la mode pouvait imposer une façon unique de se coiffer, une longueur de jupe ou de robe, une largeur d’épaules, une unité de couleur dominante, pour les hommes un type de barbe ou de moustache. Chacun peut puiser à volonté dans les autres pays et les autres cultures et, en se délivrant des fausses obligations de la mode et des marques, il lui appartient de retrouver la totale liberté de son habillement et de son allure.


Pour en savoir plus sur le même thème

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On peut consulter : Vêtements (pourquoi s'habille-t-on?) ; Textiles ; Fils et tissus ; Mode sous Louis XIV