Construire sa maison/Étude architecturale

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Le projet d'un espace à vivre n'est pas du seul domaine des architectes. Des personnes et entreprises proposent de s'y substituer avec plus ou moins de talent... et de dégâts culturels, paysagers, financiers et humains. En France, il n'est pas compliqué de repérer au premier coup d’œil des parkings à maisons : un trop grand nombre de pavillons posés sans réflexion sur un terrain, sans réflexion en amont du contexte dans lequel ils s'insèrent. Il reste éminemment prudent de consulter un homme de l'art dès que la programmation d'un projet débute, comme une future maman consulte son médecin. L'architecte agit comme un accoucheur d'idées, il aide les maîtres d'ouvrage à déterminer leur futur cadre de vie et, comme un expert, mais permet d'ajuster peu à peu les choix de conception puis de réalisation du projet. Cependant cette dépense, est toujours prohibitive, et les Français rechignent à payer une prestation intellectuelle. Les architectes ayant tendance à imposer leur idées, quand ils ne dépossèdent pas l’auto constructeur de son projet.

Phasage du projet

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Le projet d'une maison individuelle peut sembler simple à ceux qui ne s'y sont jamais entièrement investis. Il s'agit en réalité d'un processus particulièrement complexe au cours duquel un grand nombre de paramètres humains, psychologiques, sociologiques, esthétiques, techniques et économiques interagissent les uns avec les autres. Pour mieux cerner ce processus, nous pouvons en énumérer les grandes phases : - la programmation : étapes qui amènent à formuler puis préciser le besoin d'habitat, - la conception : étapes de formulation d'une solution à la demande programmée, - la réalisation : étapes de réalisation de la solution, - l'utilisation : étapes d'appropriation et d'évolutions des usages de l'habitat réalisé.

Programmation

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La programmation est essentielle à la qualité globale de tout projet d'habitat. Elle consiste à formuler, étapes par étapes, un besoin approprié au mode de vie souhaité par les maîtres d'ouvrage ainsi qu'à leurs moyens. C'est au cours de la programmation que l'on estime le caractère réaliste d'un besoin : les maîtres d'ouvrages commencent bien souvent par une "lettre au Père Noël" qui, au grès de la réalité de leur besoins quotidiens et de leurs moyens, s'ajuste peu à peu en une demande réaliste. A ce jour, une part croissante de la demande évolue pour un habitat de plus en plus écologique : intégré dans des zones urbaines denses, à proximité des transports en communs, de commerces, de lieux d'activités et de loisirs, des habitats non dispendieux, compacts, bien isolés, qui profitent des apports solaires d'hiver et se protègent des risques de surchauffes estivales, qui recourent à des matériaux sains, écologiques et économiques. Les projets de réhabilitation sont aujourd'hui plus courants et généralement plus pertinents au regard de la notion de développement durable que les constructions neuves. Notons que la demande d'une maison individuelle neuve au milieu de son grand jardin amène, bien souvent, à des désillusions : les maîtres d'ouvrages imaginent une villa généreuse dans un cadre somptueux et, au final, s'endettent pour habiter un pavillon sans exigences particulières en terme de qualité de vie, dans des zones périphériques résidentielles qui figent douloureusement des paysages sans envergures, coûtent énormément en termes de voirie et réseaux, obligent à une utilisation systématique de la voiture et participent globalement à une perte culturelle des modes d'habiter. Par ailleurs, les maisons auto-construites dans les zones rurales ne s'intègrent pas toujours harmonieusement avec les paysages.

Esquisse

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Une maison peut être considérée comme un ensemble de volumes protégés, destinés à abriter diverses fonctions vitales d’une famille : se nourrir, dormir, travailler, se distraire, faire sa toilette, recevoir des invités... Elle doit permettre non seulement à la famille de s’isoler des agressions extérieures (froid, chaleur, intempéries, intrusions diverses, regards...) mais aussi donner à chacun des membres de la famille la possibilité de s’isoler du reste de la communauté tant sur le plan du regard, des odeurs, que du bruit...

Lorsqu’un inventaire le plus complet des fonctions à assurer est terminé, on peut juxtaposer les volumes destinés à remplir ces fonctions et tenter de les relier entre eux de la façon la plus judicieuse. Il reste ensuite à imaginer la coquille qui protégera le tout et à intégrer cet ensemble dans un espace tout aussi hérissé de contraintes : le terrain et son environnement.

Implantation du bâtiment

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L’inventaire des contraintes extérieures au bâtiment et des divers espaces intérieurs à la maison va permettre l’implantation de cette dernière sur son terrain.

Exemples :

  • Position des chambres par rapport au lever du soleil, aux sources de bruits externes (rue, industrie, vent...) ou internes (lingerie, télévision, salle-à-manger...), à l’accès de la salle de bain...
  • Orientation du pan de toit par rapport au soleil, des fenêtres du salon par rapport à la vue extérieure.
  • Position des salle-de-bain, cuisine, WC par rapport aux évacuations (assainissement, égouts).
  • Porte d’entrée et de garage au plus près du chemin d’accès.
  • Façade à présenter vers le visiteur.
  • Position du bâtiment par rapport aux limites de propriété, compte tenu du chemin d’accès et de l’aménagement futur du terrain (jardin potager, future piscine, terrain de jeu...), du règlement de lotissement ou des règles locales d’urbanisme, des servitudes, des tranchées à effectuer, de l’accès du camion de vidange (cas d’une fosse toutes eaux) ...
  • La position et la taille des ouvertures sont aussi déterminées par les rayons du soleil, la vue extérieure, le dessin des façades.
  • Une véranda est non seulement un lieu de vie à mi-chemin entre l’extérieur et l’intérieur, c’est aussi un espace tampon qui isole du froid, du vent, de la pluie... et permet de ranger chaussures, parapluie, bûches pour la cheminée, plantes fragiles pendant l’hiver...
  • Les dénivellations déterminent la hauteur du bâtiment et surtout son point le plus bas, compte tenu des écoulements d’eau de ruissellement et de drainage et des évacuations d’eau usées.

La conception d’une maison réclame beaucoup de temps, d’essais ratés, de nuits-qui-portent-conseil, d’idées géniales et de papier de brouillon. Il ne faut pas hésiter à reprendre tout à zéro et à remettre l’ouvrage sur le métier autant de fois qu’il sera nécessaire. L’observation et la visite d’autres maisons sont très enrichissantes.

Choix techniques particuliers

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La construction projetée sera déterminée aussi :

  • en fonction de l’architecture locale et du contexte écopaysager :
    • forme générale, nombre d’étages (maison de plain-pied, avec cour, patio...),
    • pente et forme de toiture(s), type de couverture (tuile, shingle...)
    • nature des matériaux utilisés (écomatériaux, locaux ou non...),
    • mise en forme des matériaux (colombages, bardage, soubassements en pierre...),
    • position des conduits de fumée, d'aération,
    • style des ouvertures/fermetures (forme, taille et disposition des fenêtres, portes, volets, lucarnes, escaliers, passages...)
    • Captage ou gestion de la lumière du jour en fonction des saisons ou des heures et de l’occupation des locaux (Baies, puits de lumière, surfaces réfléchissante ou au contraire produisant de l'ombre tels que brise-soleil ou végétalisation...)
  • ou d'options complémentaires ou évolutions futures :
    • installation de capteurs solaires, piscine, aspiration centralisée, vide-ordure...
    • extension du bâtiment (nouvelle aile, garage, terrasse, véranda...)
    • combles aménageables, sauna,
    • vide sanitaire, ou sous-sol (petites ouvertures, cours anglaises...), cave à vin...
    • cuve de récupération d'eaux pluviales...

La question à se poser à chaque étape est : « et si un jour on voulait faire (ou défaire)... ». Penser aussi à l’évolution des goûts, la mode actuelle aura peut-être bien changé dans quelques décennies.

Réalisation des plans

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De l’esquisse on passe à un dessin d’ensemble de chaque niveau (sous-sol...) et de chaque façade. Inutile de trop fignoler le graphisme, il va falloir faire des dizaines de retouches avant d’avoir traité tous les problèmes posés.

Il existe des applications plus ou moins bien faites de dessin d’architecture sur PC, on les gardera pour le dessin final car rien ne vaut le papier calque (pour pouvoir superposer les différents niveaux), le crayon et la gomme.

L’échelle 1 cm pour 1 mètre (1/100) convient bien pour l’avant-projet (format A4 = 21x30 cm), on passera à 2 cm pour un mètre (échelle (1/50) avec les dessins plus détaillés (format A3 = 30x42 cm si nécessaire).

L’inventaire des besoins établis précédemment sera complété au fur et à mesure que l’on rentrera dans le détail.

À la liste des besoins on ajoute celle des contraintes comme par exemple :

  • largeur des portes et volume des escaliers à déterminer en fonction des dimensions des meubles à faire rentrer (baignoire, congélateur...), passage de fauteuil roulant...
  • dimensions de la salle à manger tenant compte de la circulation autour de la table
  • disposition du salon en fonction de la position de la cheminée à feu ouvert
  • superposition des toilettes à chaque étage pour faciliter les évacuations
  • position des conduits de fumée en fonction des règles de sécurité (écart de feu, trappes de ramonage, charpente...) et de la position des cloisons dans les étages supérieurs
  • endroit de stockage extérieur des bouteilles de propane par rapport aux appareils qui doivent y être raccordés.

Dès cette étape il peut être très rentable de consulter un architecte diplômé pour recueillir son avis. Certaines administrations (DDE, mairie des grandes villes...) emploient des architectes chargés de répondre aux questions du public. À défaut il vaut mieux payer, avant les travaux, les services (à négocier) d’un architecte privé que le coût d’une erreur grave.

Lorsque le plan d’ensemble de chaque niveau est stabilisé, on peut alors passer au dessin des plans de détails à l’échelle 1/50 par corps de métier :

  • Terrassement : plan de piquetage, chemin d’accès, position des terres, tranchées d’évacuation...
  • Maçonnerie : fondations, murs du sous-sol, dalles, plan des façades...
  • Charpente, planchers sur solive...
  • Cloisons de doublage et de distribution, mobilier...
  • Évacuations des eaux usées, passage des canalisations principales (PVC, cuivre, gaz...), cuves de stockage, assainissement...
  • Canalisations et circuits électriques, gaines techniques...

Ces plans serviront aussi à déterminer l’approvisionnement des matériaux, au calcul de devis plus précis, à la réalisation et à la maintenance future... Ils seront corrigés au cours de la réalisation.

Le permis de construire

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Si la surface hors œuvre nette (SHON) ne dépasse pas 170 m² (correspondant à un pavillon moyen), le recours à un architecte n’est pas obligatoire. Au-delà de cette surface, rien n’empêche le maître d’ouvrage (propriétaire de la future construction) qui est aussi le maître d’œuvre (responsable de la réalisation) de faire l’étude de l’avant projet et de le soumettre à un architecte qui reprendra ces plans comme base d’étude du projet. Notons ici que la pratique de la "signature de complaisance", hélas parfois sollicitée par des maîtres d’ouvrage ignorants et recherchant de fausses économies, est formellement interdite par le code des devoirs professionnels de l’architecte. Le coût de la prestation dépend du travail à réaliser. Pour avoir un ordre de grandeur on peut soit consulter plusieurs cabinets, soit interroger l’ordre des architectes.

La constitution du dossier de demande de permis de construire ne demande pas de compétences particulières et les démarches sont très instructives.

La liste des pièces à présenter à la mairie :

Les services compétents de la Direction départementale de l'équipement (DDE, en France) seront d’une aide précieuse, on peut les consulter à toutes les étapes du projet. Ensuite se présenter à la mairie pour déposer le dossier (5 exemplaires) et se faire remettre le récépissé de demande de permis de construire.

Le délai de retour du permis de construire peut dépasser 3 mois dans certains cas particuliers (zone protégée, proximité d’un monument historique...). Après réception de l’autorisation, il faut procéder à l’affichage des principales informations figurant sur le permis de construire.

Textes de référence :

  • Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture.
  • Articles L 421-2 et R 421-1 du code de l’urbanisme.

Voir : Autoconstruction - Faire ses tâches administratives

Devis, négociations, achats

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Bien qu’on n’ait pas l’intention de faire appel à eux, il est très instructif de faire établir, à partir des plans détaillés, des devis par différents artisans pour chacun des corps de métier. Les solutions proposées et la discussion avec les hommes de l’art sont aussi un bon moyen de formation. Il n’est pas rare que les avis divergent car il n’y a pas toujours de solution idéale à un problème et il peut y en avoir plusieurs équivalentes. Les montants estimés seront conservés pour calculer l’économie réalisée en faisant par soi-même.

Les quantités nettes calculées (masse de ciment, volume de bois de charpente, longueurs de tubes de cuivre sanitaire...) seront majorées de 10 ou 20% pour tenir compte des pertes et des chutes, en particulier pour le bois de charpente, le sable. Comme les livraisons seront généralement fractionnées, on pourra rectifier le tir lors des commandes suivantes. Par contre le béton prêt à l’emploi sera calculé au plus juste car il ne se stocke pas (voir chapitre fondations).

Les prix des matériaux varient dans de grandes proportions en fonction de la quantité et du chiffre d’affaire. Certaines négociants proposent des « prix artisans » qui n’ont pas vraiment de sens, seul le montant à payer importe. Les qualités du service, délai de livraison, condition de transport et de déchargement, délai de paiement, possibilité d’échange et de reprises, etc., entrent en ligne de compte dans le choix du fournisseur. Il est généralement possible de négocier des remises par type de produit et d’ouvrir un compte chez un ou deux marchands de matériaux ; se munir des quantités estimées et du jeu de plans de détail. Comparer les produits d’un négociant à l’autre, il peut y avoir des différences énormes de qualité pour deux matériaux apparemment identiques. Tenir compte de la durée de conservation (ciments, peinture...) et du coût de stockage (place, abri, bâche, argent immobilisé...) avant de déterminer le volume à acheter.

Temps moyens d’exécution voir : batitel.com entre autres.

Les plans de détail

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Lorsque le plan d’ensemble de chaque niveau est stabilisé on peut alors passer au dessin des plans de détails à l’échelle 2/100 par corps de métier :

  • Terrassement : plan de piquetage, chemin d’accès, position des terres, tranchées d’évacuation.
  • Maçonnerie : fondations, murs du sous-sol, dalles, plan des façades.
  • Charpente, planchers sur solive...
  • Cloisons de doublage et de distribution, mobilier...
  • Évacuations des eaux usées, passage des canalisations principales (PVC, cuivre, gaz...), cuves de stockage, assainissement...
  • Canalisations et circuits électriques, gaines techniques...

Ces plans serviront aussi à déterminer l’approvisionnement des matériaux, au calcul de devis plus précis, à la réalisation et à la maintenance future. Ils seront corrigés au cours de la réalisation et seront conservés éternellement dans le dossier de la construction avec les photos prises en cours de la réalisation.


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