Bouddhisme
Le bouddhisme est une philosophie pour parvenir à l'illumination fondée par un sage de l'Inde antique, le Bouddha. Il enseigna comment purifier sa vie en développant la sagesse et la méditation, suffisamment pour saisir la Vérité. C'est une voie spirituelle pour se libérer de la souffrance par la connaissance de la réalité, grâce à la doctrine et la discipline religieuse.
Bouddha veut dire "Éveillé", celui qui s'est pleinement éveillé à la vérité universelle, la science de tous les phénomènes de la réalité, ce terme s'applique à tout être ayant atteint l'Éveil. Employé de manière générale, ce titre est réservé au seul parfaitement et complètement Éveillé, tout particulièrement à Shakyamuni, le bouddha historique.
L'histoire du bouddhisme
modifierLe bouddhisme fut fondé en Inde par le Bouddha, dont le nom d'origine était Siddharta GAUTAMA. Il naquit prince du clan des Shakya qui régnait sur l'un des petits royaumes du nord de l'Inde vers l'an -500. Il quitta le palais pour la vie religieuse et atteint l'illumination ; il enseigna le reste de sa vie le Dharma, la "Loi universelle", on l'appela Shakyamuni, le "sage des Shakya". La communauté religieuse bouddhiste se développa ensuite dans de nombreux pays d'Asie.
Il n'y a pas d'écrit antique sur sa vie personnelle avant son Éveil, on s'en tient donc à la tradition orale, qui donne un récit pour mieux comprendre les motivations du prince Siddharta GAUTAMA à suivre la vie religieuse. Illustrant son parcours spirituel jusqu'à l'Illumination. Puis lorsqu'il décida d'enseigner, les textes canoniques nous racontent en détail ses discours et ses révélations par ses disciples.
La vie de Bouddha
modifierLa reine eu un rêve étrange avant sa naissance : un éléphanteau blanc lui toucha le ventre. Elle prit ce présage pour une bénédiction divine sur le bébé. Alors qu'elle voyageait pour aller chez ses parents afin d'accoucher, elle fit une halte dans la forêt et sentant le moment venir, elle donna naissance à un garçon.
Lors de la fête qui célébrait la venu au monde du futur héritier du roi, un grand sage et astrologue se présenta et prédit une grande destinée pour cet enfant :
"Il sera un puissant monarque qui apportera la gloire à son peuple. Mais si, sortant de sa maison, il s'en va religieux sans asile, il sera Tathâgata (celui qui a atteint la Libération), Arhat (sage accompli), Bouddha (celui qui a atteint l'Éveil parfait), instructeur que nul ne guide dans le monde."
Son père, content de ce bon présage, préféra néanmoins pour son fils qu'il devienne roi et non moine errant. Alors il fit en sorte de le protéger le plus possible du monde extérieur et des difficultés de l'existence pour qu'il reste au palais.
La reine mourut peu après de maladie, le jeune prince fut élevé par la sœur de la reine, sa tante. Le roi veilla à se qu'il passe une jeunesse dans l'opulence car il craignait qu'il ne renonce au trône pour devenir religieux, ainsi que l'avait prédit le devin.
Siddhârta devenu un jeune homme s'était marié et attendait un enfant, cependant il voulait sortir du palais, désireux de découvrir son pays que décrivaient certaines chanteuses venu de loin.
Alors le roi chargea ses serviteurs d'escorter le char du prince et d'organiser une fête et un cortège pour que tout se passe bien.
Tout le monde était joyeux, mais parmi les acclamations de la foule, il vit un vieillard à la tête blanche, au dos voûté, qui, appuyé sur un bâton, marchait avec peine. Intrigué il demanda à son fidèle serviteur :
"Qui est cet homme ?
- Cet homme, seigneur, est accablé par la vieillesse, ses organes sont affaiblis, il est privé de force et d'énergie, incapable d'agir il lui reste très peu de vitalité.
- Échapperai-je moi-même à ce sort ?
- Hélas non seigneur, c'est une condition qui arrive à tous les hommes qui ont trop vécu."
Alors il fit faire demi-tour à l'attelage et revint au palais. Comme il était soumis à la loi de la vieillesse, il devint triste et n'éprouva plus aucun plaisir.
Plus tard, il sortit de nouveau pour se promener, il ordonna à son cocher d'atteler son char. Dans la ville, il vit par hasard un malade dont le corps était maigre et faible, qui, appuyé contre une porte, respirait avec peine. Il demanda à son cocher :
"Qu'arrive t-il à cet homme ?
- C'est un malade.
- Qu'appelle-t-on un malade ?
- Il a perdu la santé, sa vitalité est diminuée par les impuretés qui se trouvent en lui, il souffrira tant que son corps n'arrivera pas à guérir."
Lorsqu'il revint au palais, il était triste et pensif, il finit par ce dire :
"La santé est donc comme le jeu d'un rêve. Quel homme clairvoyant ayant vu pareille condition pourrait avoir l'idée de la joie et du plaisir ?"
Il restait méditatif sur ce qu'il avait vu, ne pouvant plus se laisser divertir par les jeux et la douce musique des courtisanes. Il décida de sortir à nouveau pour en savoir plus sur l'existence de son peuple. Il finit par voir un mort qui, porté par des hommes, était suivi par ses parents affligés et gémissants. Il demanda à son serviteur :
"Que ce passe t-il ?
- Ils pleurent l'un des leurs qui est mort, son souffle a cessé, son esprit s'en est allé, il a abandonné son corps.
- Est-ce là une condition spéciale à sa famille ou bien est-elle commune à toute l'humanité ?
- Ce n'est pas une loi spéciale à une famille ou à un individu, mais chez tous les êtres vivants. Ils finiront par mourir de vieillesse ou de maladie, il n'y a pas d'autre voie pour les êtres."
Il suivirent la procession jusqu'au fleuve, où le mort fut incinéré sur un bûcher. Une fois le corps en cendre, la famille finit la cérémonie en éparpillant les cendres dans l'eau. Siddhârta éprouvait de la compassion pour leur souffrance, près de là il remarqua un moine errant qui récitait des prières pour le défunt, ses cheveux étaient rasés, il portait des vêtements monastiques et tenait un bol à la main. Il questionna son serviteur :
"Qui est cet homme ?
- C'est un religieux errant.
- Qu'appelle-t-on un religieux errant ?
- Il s'est bien dompté lui-même, il a des manières dignes, il se conduit toujours avec patience et compassion envers les êtres. Il a quitté sa maison pour chercher en solitaire l'Illumination."
Quand il eut entendu cela, le prince s'écria trois fois "très bien !". Ayant réfléchi à cela, il devint joyeux.
Au palais, le roi interrogea son serviteur comme à chacune des sorties de son fils, mais cette fois la réponse changea :
"Le prince a vu une personne morte et s'est senti très triste, mais ensuite il rencontra un moine errant et il est redevenu content."
Le roi compris avec stupeur que son fils risquait de suivre l'exemple de ceux qui mènent une vie religieuse à cause des choses qu'il avait vu. Il ordonna donc à sa garde de ne plus laisser le prince sortir, même par la force il devait rester au palais.
Siddhârta était absorbé dans ses réflexions, il pensait à abandonner la maison pour rechercher la délivrance aux maux de l'existence humaine. Comme il lui était interdit de sortir, il méditait ainsi sur la vie :
"Les trois mondes (le monde des humains, des ancêtres et des divinités) sont brûlés par les douleurs de la vieillesse et de la maladie ; ce monde sans guide est consumé par le feu de la mort. Pareils à des abeilles entrées dans un bocal, les êtres s'agitent et ne trouvent pas la voie de la délivrance de la mort.
Instables sont les trois mondes, comme un nuage d'automne. Pareilles aux scènes d'un drame sont la naissance et la mort des êtres. Comme le torrent de la montagne, passe la vie courte et rapide des êtres.
Sur la terre et dans le monde des divinités, les êtres sont dans la voie des trois conditions mauvaises (la maladie, la vieillesse et la mort) et au pouvoir de I'existence, du désir et de l'ignorance. Par cinq voies (les 5 sens) les ignorants roulent comme tourne la roue du potier.
Par des formes agréables, par des sons mélodieux, par des odeurs et des goûts agréables, par de doux contacts, le monde est enveloppé dans les filets du temps, comme un singe lié dans le filet du chasseur."
Après une grande fête, tout le monde se trouva endormi au palais. Siddhârta n'ayant pas pris part au divertissement de la cour se trouva éveillé cette nuit, marchant à travers les salles de réception, il regardait les uns dormant, les autres inconscients, étalant leur nudité dans un abandon sans grâce. Il lui sembla contempler un cimetière de cadavres et fut saisi d'horreur en songeant à l'inconscience des gens, il pensa en voyant ce spectacle presque irréel :
"Le monde vit dans un rêve. Maintenant ou jamais, il faut que je parte pour le grand départ."
Il réveilla son fidèle serviteur et lui demande de préparer sans bruit son cheval. Tandis qu'il part exécuter son ordre, le prince pensa à son fils nouveau-né qu'il n'avait pas encore vu, il se rendit dans l'appartement de sa femme, la jeune mère dormait étendu sur son lit, une main posée sur la tête de son enfant.
"Si je veux voir mon fils, pensa Siddhârta, il me faudra écarter la main de la princesse, elle se réveillera et ce sera un empêchement à mon départ. Quand je serai devenu un Bouddha, je reviendrai et je verrai mon fils."
Devant les portes du palais, son serviteur l'attendait avec le cheval. Ils partirent dans la nuit à travers la ville déserte. Après plusieurs heures de course, ils arrivèrent au bord d'une rivière, là, il mit pied à terre, enleva ses bijoux, les remit avec le cheval à son serviteur, lui ordonnant de retourner chez lui. Ensuite, il se coupa les cheveux en signe de renoncement à son ancien mode de vie, en parcourant son chemin vers la forêt, il rencontra un mendiant et lui donna ses riches vêtements contre ses haillons. Ainsi commença la vie religieuse de Siddhârta GAUTAMA à 29 ans, dans la méditation solitaire de la forêt.
Il trouva d'autres moines errants qui cherchaient comme lui la Vérité sur l'existence, vivant en mendiant leur nourriture et dormant dans la forêt. Il s'instruit auprès de gourous (maîtres spirituels) et médita avec les ascètes (méditants qui suivent une discipline très dure pour développer leurs facultés spirituelles).
À cette époque, la tradition religieuse Hindouiste explique que les hommes se réincarnent après leur mort. Suivant les mérites et les bonnes actions d'une personne, elle renaîtra dans des conditions favorables d'être humain ou chez les divinités, au contraire si elle commet des injustices et le mal, elle renaîtra dans de mauvaises conditions d'humain ou d'animal ou alors en enfer chez les démons. Suivant son Karma (ensemble des causes dans une vie qui donneront des conséquences dans la prochaine vie) une personne renaîtra dans des circonstances heureuses ou malheureuses. Mais les êtres qui suivent une voie vertueuse en cherchant la sagesse et en réalisant l'Illumination pourront se libérer du cycle sans fin des réincarnations et demeurer immortel avec Dieu.
Siddhârta, résolu d'atteindre la Libération, décida de rester avec les ascètes pour faire tous les efforts utiles à sa quête. Dans la forêt avec 5 compagnons, ils mangeaient ce qu'ils trouvaient dans la nature. S'entraînant à contrôler les limites de leurs corps et de leurs esprits par toutes sortes de disciplines difficiles et pénibles comme des jeunes prolongés, la privation de sommeil... espérant acquérir des facultés surhumaines pour découvrir la Vérité absolue.
Un jour, alors qu'il méditait, il entendit la conversation d'un musicien et de son élève qui passaient par là, une phrase l'intrigua :
"Si la corde est trop tendue alors elle casse, si elle est trop détendue alors elle n'émet aucun son."
Il réfléchit et comprit que cela pouvait s'appliquer pour son cas, mais aussi pour toutes les choses en général, qu'il fallait pour avoir un bon résultat, ne pas faire d'excès d'un côté comme de l'autre. Il se dit :
"Cela fait 7 années que je pratique une voie austère, je n'ai réussi qu'à m'affaiblir et devenir très maigre.
J'ai peiné longtemps sans atteindre mon but, pour y parvenir il me faudrait des forces en suivant une voie entre les excès."
Siddhârta, très faible, se leva et alla au bord de la rivière pour boire et se laver. Il pensait ainsi en voyant son corps :
"Je mange trop rarement, juste assez pour survivre, que gagnerais-je si je meurs ? À quoi servent ces exercices pénibles pour contrôler son corps, si c'est pour être dans cet état proche de la mort ? Je devrais suivre une voie au milieu, et utiliser mes forces pour ma quête."
Une bergère passa avec son troupeau, il lui demanda de la nourriture et reçu du riz cuit au lait qu'il mangea. Les 5 compagnons de l'ascète voyant cela, le déconsidérèrent et le quittèrent, pensant qu'il avait abandonné sa quête et renoncé à la vie religieuse difficile des ascètes.
Alors, incompris de ses pairs, ce fut de nouveau pour Siddhârta, la solitude complète dans la forêt. Devenu moine errant, il mendiait sa nourriture et méditait sur la libération de la souffrance en suivant la voie du milieu, ferme et résolu à atteindre l'Éveil.
Après plusieurs mois, il redevint fort et vigoureux, il n'avait plus l'aspect squelettique que lui avait procurés ses années de privation. Dans ses méditations, il contemple le drame de la vie et de la destinée des hommes dont nul n'échappe à la souffrance et à la mort. Poursuivant ses médiations avec vigilance, purifiant son esprit avec ardeur, explorant là où nul homme n'est allé, il travaillait consciencieusement à l'Éveil.
Enfin, une nuit, tandis qu'il méditait au pied d'un arbre Pippala (ficus religiosa), les voiles masquant la réalité se déchirèrent devant ses yeux.
Le Bodhisattva (celui qui a les qualités pour trouver l'Éveil) concentrant son esprit, dont tous les liens étaient abandonnés et épuisés, qui était devenu parfaitement pur, immaculé, souple et facile à conduire, qui demeurait ferme en son lieu, il vit de ses propres yeux la connaissance des existences antérieures. De lui-même, il connut ses vies passées, une naissance, deux naissances, trois naissances, quatre naissances, cinq naissances, dix naissances, vingt naissances, trente naissances, quarante naissances, cinquante naissances, cent naissances, mille naissances, cent mille naissances, d'innombrables naissances, en pensant :
"Moi, jadis, je naquis en tel endroit, j'eus tel nom, tel clan, telle caste, je mangeai telle nourriture, j'eus tel genre de vie, telle durée de vie, mon séjour en ce monde eut telle longueur ou telle brièveté, j'éprouvai tels plaisirs et telles douleurs. Étant décédé, je renaquis là-bas. Étant décédé à nouveau, je renaquis là-haut. Étant encore décédé, je renaquis ici." Sous de telles apparences et de tels aspects, il connut les faits d'innombrables existences antérieures. Quand le Bodhisattva, pendant la première veille de la nuit, obtint cette première science, l'ignorance cessa et la science apparut, les ténèbres cessèrent et apparut la lumière, la vision pénétrante des existences antérieures. À cause de son énergie et de son absence de négligence.
Quand le Bodhisattva eut concentré son esprit au moyen de la concentration, qu'il en eut fait disparaître complètement les taches, qu'il l'eut rendu souple et facile à conduire, demeurant ferme en son lieu, il connut les naissances et les décès des êtres. Grâce à son œil divin parfaitement pur, il vit les naissances et les décès des êtres, beaux ou laids, de bonne ou de mauvaise destinée, illustres ou humbles, selon la conduite suivie par les êtres ; il les connut tous entièrement.
En les examinant lui-même, il sut que les êtres dont la conduite corporelle était mauvaise, dont la conduite vocale était mauvaise, dont la conduite mentale était mauvaise, dont les opinions étaient fausses, qui critiquaient et dénigraient les saints, qui accomplissaient des actes inspirés par des opinions fausses, ces êtres, lors de la destruction de leur corps, à la fin de leur vie, tombaient dans les enfers, ou renaissaient parmi les animaux et les revenants affamés. Il vit en outre que les êtres dont la conduite corporelle était bonne, dont la conduite vocale était bonne, dont la conduite mentale était bonne, dont les opinions étaient justes, qui ne critiquaient ni ne dénigraient les saints, qui accomplissaient des actes inspirés par des opinions justes, ces êtres, lors de la destruction de leur corps, à la fin de leur vie, renaissaient au ciel ou parmi les hommes.
Ainsi, grâce à son œil divin parfaitement pur, il vit que les êtres naissaient et mouraient selon la conduite qu'ils avaient suivie. C'est ce que l'on appelle la deuxième science, que le Bodhisattva obtint pendant la veille médiane de la nuit ; l'ignorance cessa et la science apparut, les ténèbres cessèrent et apparut la lumière, à la connaissance de œil divin qui voit les êtres. Pourquoi ? À cause de son énergie et de son absence de négligence.
Quand le Bodhisattva eut ainsi concentré son esprit, il obtint la connaissance de l'épuisement des impuretés, qui apparut devant lui. Il connut selon la réalité la douleur, il connut l'origine de la douleur, il connut la cessation de la douleur, il connut la Voie qui mène à la cessation de la douleur.
En obtenant les 4 saintes Vérités, il les connut selon la réalité. Il connut les impuretés, il connut l'origine des impuretés, il connut la cessation des impuretés, il connut la Voie qui mène à la cessation des impuretés, il les connut selon la réalité. Ce faisant, il connut ainsi, il vit ainsi. Son esprit fut alors délivré de l'impureté du désir, son esprit fut délivré de l'impureté de l'existence, son esprit fut délivré de l'impureté de l'ignorance. Dès qu'il fut délivré, il obtint la connaissance de sa délivrance et il pensa :
"Pour moi, les naissances sont épuisées, la conduite pure établie, la tâche accomplie, et je ne recevrai plus de naissance." C'est ce qu'on appelle la troisième science, que le Bodhisattva obtint pendant la dernière veille de la nuit ; la connaissance de l'épuisement des impuretés. Parce que le Tathâgata parfaitement et complètement Éveillé produisit cette science, il obtint la connaissance dépourvue de tout obstacle.
L'Éveil réalisé, il entra dans le Nirvâna (état d'esprit bienheureux, libre de toute souffrance) et devint un Bouddha. Touchant le sol de sa main droite, il dit :
"Inébranlable est ma délivrance, voici ma dernière naissance, il n'y aura désormais plus d'existence, la terre m'est témoin."
La prise de la terre à témoin est le symbole que sa science correspond exactement à la réalité représentée par la terre matérielle.
Alors, à l'esprit du Bouddha, se trouvant seul, cette pensée se présenta :
"J'ai découvert cette vérité profonde, difficile à percevoir, difficile à comprendre, remplissant le cœur de paix, que seul le sage peut saisir. Pour les hommes qui s'agitent dans le tourbillon de ce monde ce sera une chose difficile à comprendre que la loi de l'enchaînement des causes et des effets. Ce sera, aussi, une chose difficile à comprendre que l'extinction de toutes les confections mentales (les conceptions imaginaires que l'esprit produit continuellement), le rejet des bases de la personnalité (l'impermanence de l'être), l'extinction de la convoitise, l'absence de passion, la paix, le Nirvâna.
Si je prêche cette doctrine et que les hommes ne soient pas capables de la comprendre, il n'en résultera que de la fatigue et de la tristesse pour moi."
Et le Bienheureux réfléchissant ainsi, inclinait à demeurer en repos et à ne pas prêcher le Dharma (la loi universel de la Libération).
C'est alors qu'il se trouva inspiré par une divinité qui lui demanda d'enseigner, car eux aussi subissent dans leur paradis la loi de la maladie, de la vieillesse et de la mort, celui qui possède la Connaissance est supérieur aux divinités. Il entendit :
"Veuille, ô Maître, prêcher la doctrine. Il y a des êtres dont les yeux de l'esprit sont à peine voilés d'une légère couche de poussière, mais s'ils n'entendent pas la doctrine, ils ne seront pas éclairés. Ceux-là embrasseront la doctrine. Fait-nous entendre la Vérité que tu as découverte, ô chef des pèlerins qui t'es libéré toi-même. Prêche, ô Bouddha, il en est qui comprendront ta parole." Après ces paroles, le Bouddha regarda le monde avec sa clairvoyance spirituelle et sa vision parfaite. Il aperçut des êtres d'un esprit vif et des êtres d'un esprit obtus, des êtres d'un caractère noble et des êtres d'un caractère bas, des êtres aisés à instruire et des êtres difficiles à instruire. Quand il eu vu toutes ces choses, il s'écria : "Large soit ouverte la porte de l'Éternel ! Que celui qui a des oreilles entende. J'enseignerai la Loi salutaire."
Il pensa à ses anciens condisciples qui vivaient dans le parc des gazelles. Le bienheureux voyageant d'étape en étape, arriva à Bénarès où se trouvait les 5 ascètes, ceux-ci le voyant arriver se dirent entre eux : "Voici le moine GAUTAMA qui a renoncé à ses efforts et s'est remis à vivre dans l'abondance. Ne lui souhaitons pas la bienvenue, ne nous levons pas pour le recevoir, ne le débarrassons pas ni de son sac à aumônes, ni de son manteau, mais préparons-lui un siège, qu'il s'assoie s'il le désire."
Mais plus le Bouddha s'approchait, plus les 5 ascètes sentaient faiblir leur résolution. Ils allèrent au-devant de lui, le débarrassèrent de son sac à aumônes et de son manteau, lui apportèrent un siège. Les premiers devoirs de l'hospitalité ayant été remplis envers lui, le Bouddha aborde le sujet qui l'amène :
"Prêtez l'oreille, l'Éternel est trouvé. Je vous enseigne la doctrine. Si vous suivez la voie que je vous indique, en peu de temps vous atteindrez le plus haut but de la sagesse, celui pour lequel les jeunes gens de noble famille abandonnent leurs demeures et embrassent la vie religieuse. En cette vie vous posséderez la Vérité et la Connaissance, la voyant face à face."
À la suite de plusieurs entretiens, les 5 ascètes adhérèrent à la doctrine et devinrent ses premiers disciples. Le Bouddha enseigna le Dharma tout le reste de sa vie, se déplaçant de ville en ville, un nombre croissant de personnes suivirent ses enseignements, appartenant à toutes les classes de la société. Beaucoup d'adeptes subitement éclairés par ces discours lui rendirent hommage de la sorte :
"Tes paroles sont merveilleuses, ô Maître, c'est comme si l'on redressait ce qui a été tordu, comme si l'on conduisait dans le droit chemin le voyageur égaré, comme si l'on allumait une lampe dans les ténèbres de sorte que l'on puisse voir. Ainsi le Vénérable, par de multiples comparaisons, m'a fait connaître la vérité."
Bouddha retourna voir sa famille, sa femme et son fils Râhoula, qui devint son disciple. Il vivait dans sa communauté de disciples, tous moines errants. À 80 ans, le Bouddha sentant sa fin venir, dit à ses proches :
"Écoutez-moi, Frères, toutes les choses composées doivent se désagréger. Travaillez avec diligence à votre délivrance. Je m'éteindrai sans retour avant peu. D'ici trois mois je serais mort.
Mes années ont atteint leur terme, ma vie approche de sa fin. Je vous quitte ; je pars me reposant sur moi seul. Soyez diligents, mes Frères, soyez réfléchis. Soyez fermes dans vos résolutions. Veillez sur votre propre esprit, soyez votre propre refuge. Celui qui ne se lasse pas mais se tient fermement à cette vérité et à cette voie, traversera l'océan de la vie et mettra un terme à la souffrance.
Ainsi, soyez attentifs et vigilants ! Le temps pour moi de demeurer dans le Nirvâna est arrivé. Ce sont mes dernières paroles !"
Ainsi s'achève la vie du Bouddha historique, fondateur de la philosophie bouddhiste.