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Brutus

Parlons maintenant de Marcus Junius Brutus, le personnage qui menace le « fils d’Astérix » dans la bande dessinée. Il est né, selon la majorité des historiens, en 85 avant Jésus-Christ. Parmi ses ancêtres, on trouve deux tyrannicides renommés, Lucius Junius Brutus, le fondateur de la République romaine, et Servilius Ahala, le meurtrier de Spurius Mœlius qui a aspiré à la dictature. César divise sa famille: la mère de Brutus, Servilia, est son amante, son oncle Caton (aujourd’hui surnommé Caton d’Utique) est l’un des adversaires les plus dangereux du conquérant de la Gaule.

Brutus fait des études à Athènes. En 58, il travaille comme assistant de Caton qui a été chargé d’incorporer Chypre, gouverné par l’oncle de Cléopâtre, à l’Empire romain. Pendant ce temps-là, Brutus agrandit sa fortune en tant que prêteur. Cinq ans plus tard, il obtient un poste de questeur en Cilicie, une province en Asie. Au sénat, il supporte les optimates (le parti de Caton) contre César et Pompée. Pendant la guerre civile, il lutte avec Pompée qui est devenu le leader des optimates. Après la défaite de Pharsale, Brutus demande grâce à César qui montre sa clémence proverbiale en le pardonnant. Le césarien nouveau devient même l’un des confidents les plus proches du dictateur.

Entre 48 et 46, Brutus administre les Gaules comme préfet. Le fait que « Le fils d’Astérix » se joue en 46 qu’on prouvera plus tard empêche l’existence simultanée d’un préfet Épinedecactus. Quoi qu’il en soit, Brutus devient préteur deux ans plus tard et César lui promet le consulat pour l’année 42. Mais son protégé fait des projets différents. Craignant que le dictateur veuille restaurer la royauté, il se joint à une conspiration menée par son beau-frère Cassius. Aux ides de mars 44, il assassine César avec les autres conspirateurs. Les héritiers du grand général, Marc-Antoine et Octavien, pourchassent Brutus et Cassius. Ils les battent décisivement à Philippes. Après sa défaite, Marcus Junius Brutus se suicide. Il n’est âgé que de 43 ans.

Est-il le fils de César ou non? Épinedecactus le nomme ainsi à la page 21 de la BD. Mais en fait Brutus n’est ni le fils ni le fils adoptif de Jules César. La paternité biologique est réfutée aisément: son prétendu père n’a que 15 ans lorsque Brutus naît et la relation amoureuse entre Servilia et César ne commence pas avant les années 60. Une adoption n’a pas eu lieu non plus. Le testament du dictateur ne s’occupe pas de Brutus qui hériterait d’une grande partie de sa fortune s’il était vraiment son fils adoptif.

C’est ce testament de César qui pose le problème le plus grave pour l’intrigue dans « Le fils d’Astérix ». Il ne tient pas compte de Césarion. Par conséquent, son enlèvement n’aide pas Brutus à devenir l’unique héritier de César. Mais il vise ce but-là si l’on peut croire les explications de Cléopâtre à la page 47. La seule solution pour réconcilier la fiction avec la réalité historique consiste en la falsification des dernières volontés césariennes. Si Fulvia, la troisième épouse de Marc-Antoine, n’a pas trouvé mais écrit le testament de César, tout ce qui se passe dans la BD devient possible. Mais aurait-elle falsifié un testament qui était si favorable à Octavien et dans lequel son mari n’héritait de rien? Sûrement pas.

Reste son physique qu’Uderzo présente d’une manière fortement différente des sources antiques. Le visage du Brutus historique n’a rien de brutal, contrairement à celui de son pendant dessiné. En plus, César décrit lui-même son ami comme maigre et faible. Le vrai Brutus se distinguait donc profondément de cet homme grand et musclé tel que représenté dans la BD. Mais la version astérixienne de ce personnage joue son rôle de scélérat beaucoup mieux que celle que les historiens connaissent. Ici, le côté fictif a triomphé de la réalité historique.

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